delà partie supérieure de la carapace suffit pour prouver qu’elle n’était
pas tres-etroite a sa base 5 d ailleurs il semble que le rapprochement et
la superposition déjà indiqués des pieds, et la brièveté de la queue,
donnent des caractères subordonnés l’un à l’autre ; car si la queue eût été
longue, lespieds auraientdûétre écartés les uns des autres afin de conserver
au corps l’équilibre nécessaire pour la marche et la natation : or, les
pieds du fossile d Aldrovande ayant du se trouver attachés au corps dans
un espace tres-etroit, comme ceux des Ranines vivantes, on peut en conclure
que la queue de ce fossile devait être aussi proportionnelle à celle
des Ranines. En outre, on peut croire que cette queue, au lieu de se
tenir habituellement infléchie, comme celle des Crustacés braehyures,
était constamment droite comme celle des macroures , puisque les pieds
de la seconde paire ( fig. i , 4 ) et même ceux de la paire suivante, sont
entre eux et à leur base rapprochés de façon que si la queue se repliait
en dessous, elle ne trouverait pas de place pour se loger entre eux, comme
cela existe dans les Crustacés braehyures.
L ’espace qui reste de chaque côté des pieds-mâchoires externes (fig. i,
c, d ) montre clairement que les bras de notre Crustacé étaient non-seulement
aussi longs, mais aussi larges que ceux des Ranines vivantes.
Enfin la lame sternale (fig. i, «_.) et les pièces plus petites qui s’y joignent
latéralement, et en arrière dans sa partie rétrécie, sont à très-peu
près conformées comme les pièces correspondantes dans les Ranines.
M. R anzani propose pour nom spécifique de cette espèce, celui de
Ranina A ld ro và n d i, que nous adoptons et que nous substituons
à celui de Rem ipes sulcatus que nous lui avions d’abord assigné.
Le test de cette espèce fossile n’offrant pas d’épines en avant de la carapace,
comme celui des deux seules Ranines vivantes connues, les R a nina
dentata et dorsipes, on ne peut la confondre avec elles. M. Ranzani
en donne la définition suivante : Ranina A ldro vàn di ; R . testa
ovato-oblonga , punctis prominentibus in arcus dispositis ornata'j
ped ip a lp is exterioribus, ac lamina sternali pu ncta ta , punctis pro minentibus
, sparsis.
A cette occasion, nous ferons remarquer que la figure que M. R ant
zani donne de son crustacé, diffère un peu de ce qui existe sur les pièces
que nous avons examinées, dans la disposition des lignes transverses, saillantes
et granuleuses du dessus delà carapace.Dans le fossile du Muséum
de Bologne, ces lignes représentent de petits arcs dont la convexité est
tournée vers la partie postérieure du test, et ces arcs s’entrecoupent les
uns les autres, comme le font les contours des écailles d’un poisson. Dans
les nôtres, la plupart des lignes saillantes traversent d’un bord à l’autre
et sont irrégulièrement sinueuses.
Il ne serait pas impossible que ces différences dussent faire distinguer
deux espèces voisines l’une de l’autre, dans le genre Ranine.
Ici se termine la série des Crustacés décapodes braehyures dont nous
avons pu constater l’existence et détailler les principaux caractères. 11 en
est encore beaucoup, sans doute, qui ne nous sont pas connus ou qui
sont indéterminables, bien cependant qu’on puisse les rapporter à
l’ordre de Crustacés où ils doivent prendre place. Parmi ces derniers,
nous citerons seulement, i° les grands Crabes enfouis dans les feuillets
du calcaire marneux de Monte-Bolca, dont la carapace n’est jamais bien
conservée. Ils ont la taille du Cancer M ænas, et la coupe de leur corps
les en rapproche beaucoup, ainsi que la forme et la disposition de leurs
membres. La collection du Muséum d’histoire naturelle en possède un
dont les pattes sont surtout bien conservées. 2° Un P or tune en très-
mauvais état, de la collection deM. de Drée , et indiqué comme venant
des environs de Bordeaux. 3° Un Inackus, delà marne jaunâtre de Montmartre,
où se trouve la Leucosie de Prévost. 4° Un Crabe, trouvé dans
des argiles verdâtres et sablonneuses des environs de Béziers, et qui fait
partie de la collection du Muséum d’histoire naturelle de Paris. 5° Un
Crabe venant sans doute des Indes orientales, si l’on en juge par son
mode de conservation, et qui est un peu plus petit que le CancerMcenas,
avec la carapace ponctuée et garnie sur chaque bord antéro-latéral de huit
ou neuf dentelures. 6° et 70 Deux Crabes de l’Amérique septentrionale,
dont M. Lesijeur nous a envoyé des croquis.
M. Mantell a trouvé dans la craie d’Angleterre les débris de cinq
espèces de Crustacés braehyures qui nous sont inconnues, mais dont
l’une, par la forme ellipsoïdade de son test, et par les dentelures de ses
bords latéraux-antérieurs, semble se rapporter au genre C o rjstes plutôt
qu’à tout autre.