trouve aux environs de Dudley, dans le Worcestershire; et celui de
M. C orbea , qui est parfaitement conservé, est tellement identique avec
lu i, que je craindrais qu’il y eût quelque erreur, si la liaison de ce
faitavec ceux que je viens de citer, ne tendait à le confirmer, etsurtout si
je ne tenais cette pièce d’un savant aussi distingué et d’un observateur
aussi scrupuleux que M. C orrea (i).
Mais il est un autre fait très-remarquable dans l’histoire des Trilobites,
et que je dois consigner ici ; il pourra jeter un grand jour sur l’origine de
certaines roches hors de place, dont on recherche depuis long-temps la
position primitive ; je veux parler de ces blocs de roches de toute nature
qui sont épars sur le terrain sablonneux ou d’atterrissement compris
depuis les montagnes de la Saxe et de la Silésie jusqu’à la mer Baltique.
En lisant les descriptions que W alch a faites des pétrifications figurées
par R norr, on remarque avec étonnement que presque tous les
lieux d’où viennent les Trilobites qu’il décrit, sont situés dans un pays
de sable où l’on ne connaît aucune roche en place : on ne voit dans toutes
ces plaines que des masses isolées, de gros fragmens dé roches très-variées
et abondamment répandus sur le sol; on avait déjà observé, et j’avais
eu moi-même occasion de le faire dans les environs dePostdam, etc.,
que ces roches, généralement cristallines, pouvaient presque toutes être
rapportées à celles q u i, d’après les observations de MM. de B uch ,
B aumer , B rochant, etc., font partie des terrains de transition ; ce sont
en général des syénites, des diabases, des amphibolites, destrapps, des
porphyres, etc. On n’y trouve, il est. vrai, que très-peu de roches calcaires,
et d’autant moins qu’on s’approche davantage des grandes villes et des
grandes routes, parce que ces roches ont été enlevées les premières pour
faire de la chaux;mais c’est précisément en brisant ces grosses masses,
afin de les rendre propres à cet usage, qu’on y aura reconnu les Trilobites
qui ont orné les collections où R norr a puisé les échantillons dont il nous
a donné les figures.
(i) J ’ai eu le bonheur de revoir M. Correa à Paris, depuis la rédaction de ce passage, et
il m’a assuré qu’on ne pouvait avoir aucun doute sur l’origine américaine de cet échan-
iillon.
Ainsi il en est un grand nombre venant du duché de Mecklembourg :
les uns de Gnoien entre Bostock et Demmin, les autres plus avant dans
les terres, se sont trouvés en allant du nord-est au sud-ouest près de Neu-
Brandebourg, de Stargard, de Neu-Strélitz, de Neu-Buppin et de Ha-
velberg. En allant plus à l’est, mais toujours sans sortir du terrain de
sable , d’autres Trilobites ont été recueillis près de Sukow dans l’Uker-
mark , près de Francfort sur l’Oder, de Dantzick, de Memel, et même
dans les environs de Beval en Esthonie. La plupart des roches qui les
renferment sont désignées, les unes comme des calcaires noirs fétides ,
quelques autres comme des calcaires gris ou jaunâtres : les corps marins
qui les accompagnent, sont des orthocératites ; par conséquentla plupart
de ces roches montrentles caractères que l’on attribue à celles des terrains
de transition : il faut cependant en excepter le calcaire qui renferme les
Trilobites de B ev al, que M. S chlotheim considère comme un calcaire
coquillier plus nouveau (i). Or, on sait qu’il n’y a pas un seul rocher en
place près d’aucun des lieux que nous venons de nommer, tout est ici
sable, terrain de transport ou d’atterrissement : il faut nécessairement,
si ces indications d’origine sont vraies, ce dont on ne peut douter au
moins pour leplus grand nombre, il faut, dis-je, que les Trilobites aient
été retirés des masses calcaires qui se trouvent isolées sur ces terrains,
comme les autres roches que j’ai citées plus haut.
Si les figures de R norr et des autres naturalistes qui ont fait connaître
ces Trilobites eussent été plus précises, on aurait pu déterminer avec
exactitude les espèces de ces fossiles, et arriver, par ce moyen, d’une manière
presque indubitable, à la connaissance du terrain, et peut-être du
pays d’où ces masses ont été arrachées pour être amenées dans les plaines
de la Basse-Allemagne, par des,catises encore inexplicables.
Malgré l’incorrection des figures de R norr, on peut présumer, i ° que
ces Trilobites sont différens du Calymène de Blumenbach; 2° qu’ils ont
mêmequelque analogie, soit avecle Calymène de Tristan, soit avec les
(i) M. Wahlenberg dit également dans un Mémoire inséré dans le vu* vol. des Act. soc.
reg. scientiarum. Up s.^ et dont jem’ai eu connaissance qu’en 1819, que les pétrifications qui se
trouvent dans les roches répandues dans l’Allemagne septentrionale, viennent des fragmens de
roches qui y ont été amenées par les anciennes révolutions du globe, de Gothland, de l’île
d'QEIand, etc., p. 8.