brions : les uns, négatifs, sont l’absence des antennes et celle des pattes ;
l’autre, positif, est la division de l’abdomen et de la queue en trois lobes
longitudinaux.
Nous allons examiner successivement la valeur de ces deux ordres de
caractères.
Il est très-probable que ces animaux étaient dépourvus d’antennes et;
de pattes; car, à l’exception de L inné, aucun naturaliste ne dit eh avoir
aperçu dans les nombreux échantillons qu’on a eu occasion d’examiner ;
mais, outre que la figuredonnée par L inné est la seule qui indique des
antennes, on sait par B rünnich, que l’échantillon sur lequel cette figure
a été faite, était très-imparfait, en sorte que ce naturaliste élève les
doutes les plus forts sur l’exactitude de ce dessin. Ces doutes ont été
partagés par beaucoup d’autres naturalistes, et je crois même avoir indiqué
d’où pouvait venir eette erreur : or si ces animaux eussent eu de longues
antennes et de longues pattes solides comme les aselles, les idotées,
les ligies, etc., il est probable qu’on en aurait vu quelques traces; si
donc ils ont été pourvus de ces parties, elles devaient être fort petites et
rentrées sous les rebords de la tête et du corps, comme elles le sont dans
les cymothoa, les sphéromes, les bopyres femelles, etc. Je crois même
pouvoir aller plus loin, et dire que toutes les présomptions raisonnables
se réunissent pour nous faire admettre qu’ilsn’avaient point de pattes proprement
dites; car, quelque petits qu’eussentété ces membres, ils devaient
servir ou à la marche, comme dans les crustacés, ou à donner aux Tri-
lobites le moyen de se fixer à d’autres corps, comme dans les cymothoa, etc.
Mais, dans ces deux cas, ces membres eussent été cornés, et au moins aussi
solides et aussi susceptibles d’être conservés fossiles que les autres parties
du corps de ces animaux. On devrait donc en trouver quelques
vestiges dans les pierres, souvent tendres, qui renferment des Trilobites,
et qui font voir, enméme temps, une multitude de débris de leurs articulations,
sans qu’on puisse jamais rencontrer rien qui ait appartenu à
une patte, proprement dite. Enfin on peut dire ic i, mais en se fondant
sur d’autres principes, qu’ils ne devaient pas en avoir ; cette conséquence
résulte des notions aussi curieuses que nouvelles que 1 on a acquises
depuis peu sur la structure des parties solides des insectes, et qui sont
dues aux travaux de M. A udouin : le mémoire qu’il a lu à la Société
philomatique , sur ce sujet, en février 182 1 (1), et dont je donne ici un
très-court extrait, rassemble, en faveur de cette opinion , toutes les
preuves et tous les développtinens nécessaires.
(1) Recherches sur les rapports naturels qui existent entre les Trilobites et les animaux
articulés.
M. Audouin s’étant adonné d’une manière spéciale à l’étiide du Systèmé corné dés animaux
articulés, a été conduit par Ce travail à rechercher dans les Trilobites les mêmes élé-
mens qu’il avait rencontrés ailleurs, et il est arrivé à conclure que ces fossiles appartiennent,
sans aucun doute, â Ta grande division des animaux articulés ; il le prouvé de diverses manières
:
Il fixe d’abord la valeur que l’on peut accorder aux nombreuses divisions transversales
ainsi qu’aux deux divisions longitudinales qui se montrent sur le dos; il lait voir que ces dernières,
étant dues au développement relatif de certaines parties, ne peuvent constituer un caractère important
que dans une série d’individus ; mais non dans la classé tout entière. Il passe ensuite à la détermination
de chaque partie.
Le lobe moyen répond à ce qu’il nomme tergum ; mais il est formé par autant de tergums qu’il y
a de segmens transversaux.
Les lobes latéraux représentent les flancs et offrent comme eux, dans leur composition, deux
pièces principales y Vépisternum et Vépimère. Quant au sternum, l’auteur n’a pu l’étudier parce que,
j-usqu’à présent, aucun Trilobite ne lui a montré la partie inférieure du ventre ; il ne met cependant
pas en doute l’existence de c‘ette pièce.
M. A udoüïN pouvait se bornei* à cette' détermination, et lés preuves qu’il avait apportées
étaient suffisantes pour démontrer l’analogie des Trilobites avec k s animaux articulés. Toutefois
il envisage son sujet sdus un autre point de vue, qui n’est pas d’un moindre intérêt.
Il signale l’état particulier de chacune des pièces qu’il vient d’énumérer ; apprécie les caractères
qu’elles présentent dans leur soudure, leur direction, leur étendue, ïéur position, étc.,
et fait voir que toutes les modifications qu’elles éprouvent, loin de leur être propres, appartiennent,
quoiqu’à un degré souvent moins marqué T aux animaux articulés vivans à la surface
actuelle du globe, et sont dues, en dernière analyse,, au plus ou moins de développement,
qu’ont pris certaines d’entre eïletf. C’est ainsi, par exémple, que ta division triloBaire qui
caractérise d’une manière si évidente les Trilobites, résulte simplement du peü d’étendue
transversale du tergum, qui a permis alors aux flancs de se rapprocher de la ligne moyenne,
et de paraître sur le dos. Tout animal articulé en effet, chez lequel le tergum existe sans occuper
en entier la partie supérieure, devient par cela même trilobé. C’est' le cas des Trifo-
bifes ; c’est aussi'celui dès ligies-, des cymothoa , de l'abdomen d’un grand nombre d’ insectes;
du protorax des lépidoptères, etc., etc. Toutes les espèces du genre araignée offrent
l’extrême de cette particularité; car il n’existe plus chez elles de tergum ou de Io6e moyen,
et les flancs continuant de marcher l’un vers l’autre,- se réunissent entre eux sur la ligne
médiane.
Après s’être livré à plusieurs considérations de même nature, l’auteur aborde la question de l’existence
ou dé la non-existence dès pattes.
Il est de fait que jusqu’ici il ne s’en est offert aucune trace, et on a conclu de ce caractère
négatif, sinon que ces animaux en étaient certainement privés, du moins que c'ela semblait
très-probable. L ’auteur se fondant sur une connaissance exacte et approfondie des rapports