de cet ordre ; on devra donc faire de ces crustacés une section à part,
sous le nom de T rilobites , et cette section sera composée, dès ce moment,
de cinq genres ou sous-genres, et de plus de vingt espèces assez
bien déterminées.
ARTICLE TROISIÈME.
Sur le gissement des Trilobites.
Nous voici arrivés maintenant à l’objetprincipalde notre travail. Tout
ce que nous avons dit précédemment, et qui a pu paraître un peu étranger
a la géognosie, tendait cependant uniquement à nous y amener; c’est
parce que cette route semble tout-à-fait détournée, que peu de naturalistes
l’ont prise; et c’est faute de l’avoir suivie qu’on a fait si peu de progrès
dans l’application des pétrifications à la géognosie. On ne peut plus
se contenter maintenant d’indiquer d’une manière vague , et par de sim -
pies noms de genres, les corps organisés fossiles qui se trouvent dans un
terrain. L ’insuffisance de ce moyen est démontrée; il faut, pour caractériser
les terrains, non-seulement désigner les espèces qui s’y trouvent,
mais les désigner toutes, les déterminer très-exactement, de manière à
ne pas donner le même nom à des corps qui n’ont que des ressemblances
apparentes, mais qui sont cependant des espèces distinctes, quoique
très-voisines les unes des autres. Telle est la liaison importante de la
zoologie avec la géologie. C’est par cette double considération qu’on atteindra
le but que se propose cette dernière science , qui est la connaissance
exacte des rapports d’ancienneté des couches qui forment l’écorce
du globe.
Nous allons donc examiner lesdivers groupes de terrains ou de roches
qui composent la partie connue de féeorce delà terre, les suivre à peu
près dans l’ordre de succession le plus généralement admis, et voir quels
sont ceux dans lesquels on a découvert des Trilobites , et surtout quels
genres et quelles espèces on y ai découverts.
Les roches primordiales de structure cristalline, telles que les porphyres,
les syénites, les granités même, alternent, comme on ne peut plus en
douter, avec des roches de structure compacte, telles que des schistes, des
calcaires compactes et même avec des roches d’agrégation, telles que des
psammites micacés, etc. On ne connaît pas encore l’ordre précis de formation
successive de ces différentes roches, si toutefois il y en a un qui
soit constant; mais on suppose que celles que nous avons désignées sous
les noms de schiste ardoise et de schiste argileux, et celle que l’on connaît
sous celui de calcaire de transition, calcaire généralement noirâtre
et quelquefois lamellaire , sont des plus anciennes.
On n’a rencontré que très-rarement dans les premières, surtout dans
celles qui portent plus particulièrement le nom d’ardoise, des débris de
corps organisés; les seuls peut-être qu’on y ait vus sont ceux que nous
venons de décrire sous les noms d’Ogygies de Guettard et de Desma-
rest. On y trouve aussi des empreintes d’abdomen de Trilobites, qui,
par leur petitesse, leur épaisseur et leur forme, pourraient bien appartenir
au Calymène de Tristan; ce sont les seuls corps organisés qu’on
ait encore indiqués, du moins à ma connaissance, dans les schistes de
cette ancienne formation. Il paraît donc qu’on n’y trouve aucune des
autres espèces des différens genres delà famille des Trilobites, et que
celle qui est la plus célèbre, le Calymène de Blumenbach, ne s’y est point
encore rencontrée; par conséquent il faut rectifier, par rapport au gissement
comme par rapport à la distinction des espèces, les citations que
l’on a faites, en attribuant indistinctement la dénomination vague de
Trilobites aux animaux qui se sont présentés dans les schistes.
Une roche d’agrégation très-semblable à ces schistes, mais qui en
diffère parmoins de compacité,par uijgrain plus grossier et surtoutpar
les paillettes de mica qui y sont disséminées ; roche que je désigne spus
le nom de psammite schistoïde micacé , et de p h jlla d e p a ille té , suivant
quelle est plus sablonneuse ou plus argileuse, et qui est appelée
tantôt schiste argileux de transition, tantôt schiste de la grauwacke
par les géognostes allemands, paraît alterner dans un grand nombre de
cas avec l’ardoise. Le Hartz en offre de nombreux exemples. J ’ai vu, dans
un de ces psammites micacés, une queue de Trilobite qu’on peut attribuer
à un Calymène de Tristan. Mais il paraît que ces pétrifications sont
accompagnées ici d’autres débris de corps organisés que nous chercherons
à faire connaître dans une autre occasion.
Des schistes argileux tendres, dont la couleur tire sur le jaunâtre , le
verdâtre ou le rougeâtre, parsemés de petites paillettes de mica, présentent,
à la Hunaudière près de Nantes, tant par leur structure que par