tions j des fragmens de pierre calcaire jaunâtre à grains grossiers, et que
l’on dit venir de Yérone et de Bologne , sur lesquels on remarqué des
plaques assez larges ou des fragmens de tests bombés ou arques et traversés
de nombreuses stries crénelées dans le même sehs. Ces fossiles
sont généralement regardés comme des P a la is de poissons pétrifiés, et
il est assez difficile en effet de les rapporter à autre chose dans leur état
ordinaire de conservation. Le hasard nous a servis au mieux pour faire
connaître la vraie nature de ces prétendus palais de poissons. Nous avons
trouvé chez M. de F rance, un fragment qui ne nous a laissé aucun
doute à ce sujet; c’était la partie antérieure d’un test avec son rebord
inférieur, et des fragmens de pieds-mâchoires assez longs, mais peu larges,
qui ne pouvaient appartenir qu’à un Crustacé. V o y . pl. X , fig. 5,6, 7 •
Partant de cette donnée, nous parcourûmes ensuite la série des animaux
de cette classe, et nous ne trouvâmes que les deux seuls genres
H ippe et Rem ipède dont le corselet ait quelque analogie, dans sa forme
générale ou dans les stries transverses qui le traversent, avec le corps
pétrifié. Les Hippes ont des sillons transversaux assez marqués; mais
leur carapace n’est pas évasée en devant comme celle du fossile ; tandis
que dans les Remipèdes la partie la plus large du test est environ vers
le tiers de sa longueur, ce qui montre plus de ressemblance avec ce dernier.
Outre cela, le fossile et le Remipède ont les côtés du test rebordés,
ce qui n’existe point dans les Hippes; enfin, dans ceux-ci les pieds-
mâchoires ont une largeur considérable qu’on ne remarque point dans
les pieds-mâchoires des premiers. Les Remipèdes j il est vrai , n’ont
pas les sillons transversaux delà carapace très-distincts, tandis qu’ils
sont fortement marqués dans le fossile, qui a aussi de beaucoup plus
grandes dimensions ; mais ces différences ne nous paraissaient être
que du plus au moins, et nous pensions quelles pouvaient caractériser
seulement des espèces.
Nous nous déterminâmes, conséquemment à placer ce fossile dans le
genre des Remipèdes, seulement sous la considération que c’était à lui
qu’il convenait le plus de le rapporter, et nous déclarâmes que l’on ne
pourrait toutefois le faire définitivement que lorsqu’on aurait des
pièces plus complètes que celles que nous avions eues à notre disposition,
et surtout des restes qui présenteraient des fragmens delà queue
ou des pieds.
M. le professeur Ranza.ni a été plus heureux que nous. Il a trouvé dans
le cabinet d’histoire naturelle de l’université de Bologne, fondé par A l -
drovande , un de ces fossiles bien plus complet que ceux que nous avions
pu examiner, et le même que ce célèbre naturaliste avait décrit et figuré
dans son Muséum m étalliqu e, publié après sa mort par Bartolomeo
Ambrosini. Cette pièce présentait le dessus de la carapace presque entier,
et une grande partie du dessous. Comparée par M. Ranzani avec la
figure delà Ranine dentée de M. Latreille, publiée par Rumphius (Am -
boinsche R ariteit K am er, tab. vii, fig. t et v ), il a remarqué entre elles
des ressemblances si nombreuses qu’il n a pas hésité à les rapporter sinon
à la même espèce , du moins au même genre ; et nous nous plaisons
à reconnaître la justesse de ce rapprochement.
Nous terminerons cet article par un extrait de la note queM. RanzaNir
insérée dans son recueil deMemoires d’histoire naturelle, publie en 1820,
en y joignant une copie exacte de la figure qu’il donne de la face inférieure
de la ranine d’Aldrovande, seulement réduite d’un quart. V o yez
p l.X I , fig. 1.
«. Parmi les caractères du genre Ranine de M. Latreille, dit M. Ranzani
, on remarque la forme de la carapace généralement oblongue et
tronquéeà son bord antérieur; celle des pieds-mâchoires externes qui ont
leur division intérieure longue et étroite; celle des pieds qui suivent les
pinces ou les bras, et dont deux paires sont situées au-dessus des autres ;
et celle de la queue, qui est courte et constamment étendue comme
celle des Crustacés macroures deM. Latreille, ou des E x o ch n a la de
Fabricius. Maintenant si l’on examine comparativement la Carapace de
notre Crustacé (pl. X , fig. 5, 6 et 7, et pl. X I, fig. 1), on reconnaît qu’elle
est oblongue et tronquée transversalement en avant, comme celle des
espèces vivantes du genre R an in e, et que la division interne des pieds-
mâchoires (pl. X I , fig. 1 c ) a la même étroitesse que celle de ces animaux.
Q uoique les pieds manquent dans ce fossile, il y a cependant des
motifs de croire qu’ils étaient situés à peu près comme dans les Ranirtes,
puisque leur seconde paire est articulée avec le tronc, fort en arrière
(pl. X I , fig. 1, b ), et que l’espace qui reste pour l’articulation des derniers
est trop petit pour que ceux-ci n’aient pas été superposés les uns
sur les autres. » ,
Pour ce qui concerne la queue, un petit fragment qui reste à la suite
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