A G N O S T E ( i ) .
Ce singulier reste d’un corps évidemment organisé et très-probablement
animal, s’éloigne, par sa structure, de tout ce que nous connaissons
soit vivant, soit fossile. Nous en parlons à la suite ou même dans
la famille des Trilobites, parce qu’il a le corps divisé en trois lobes longitudinaux,
caractère particulier à cette famille.
Comme il n’y a qu’une espèce, nous ne pouvons suivre la marche ordinaire
des descriptions, et donner ici les caractères du genre ; nous ne
saurions où les prendre : nous devons nous contenter de décrire ce corps
auquel nous donnerons le nom d’Agnoste pisiforme.
AGNOSTE PISIFORME.
(PI. IV, fig. 4, A, B.)
A G N O STU S P IS IFO RM 1S 0 ) g | ÿ
Il est à peu près de la grosseur d’un pois, et représente une ellipse
tronquée. Je regarde cette troncature comme la partie antérieure
de l’animal, sans pouvoir affirmer que je ne me méprends pas ; et
je dois prévenir que les dénominations que je vais appliquer aux autres
parties, ne sont que conventionnelles ; j e n’ai pas voulu dire par-là que ces
parties aient les usages ou les analogies que leur nom semble indiquer.
Le corps de l’animal ressemble à celui d’une casside, ou de quelque
espèce de chermès. Je le diviserai en limbe et en lobe moyen.
Le lobe moyen est demi-cylindrique, divisé transversalement en
deux parties.
La partie antérieure, ou corselet, est la plus petite dans les individus,
variétés ou espèces A. Elle porte sur son dos, et tout près de la section
transversale, un petit tubercule arrondi plus ou moins sensible.
Cette partie a ses angles antérieurs comme tronqués pour recevoir
deux tubercules ou hémisphères oculiformes.
(1) C’est-à-dire inconnu.
(2) Enlomoslracitespisiformis, W ahl, , n° i 4> tab. I, fig. 5.
La partie postérieure du lobe moyen, ou abdomen, est lisse, plus
grande dans les exemplaires A , et plus petite dans les exemplaires B.
Le limbe entoure par un large bord le lobe moyen, il dépasse de
beaucoup la partie abdominale, mais s’arrête à la partie antérieure du
corselet et ne la borde pas. Ce limbe qui semble avoir été corné à la manière
des élytres des cassides, présente un petit rebord en gouttière.
Le corps est très-luisant, et paraît avoir eu beaucoup de consistance;
le limbe est très-finement chagriné, et moins épais.
Les individus ou variétés B , montrent quelques différences que la
figure exprime.
La partie antérieure du corps ou corselet, est beaucoup plus grande
comparativement à la partie postérieure ou abdominale.
On ne voit que très-rarement et très-difficilement le tubercule scutel-
liforme.
Le limbe est proportionnellement plus grand, et il porte à sa partie
postérieure un sillon ou fente longitudinale qui tantôt le divise entièrement,
et tantôt s’arrête au bord en gouttière.
On ne voit rien autre chose sur ce singulier corps, et on ne sait à quelle
classe des règnes organiques le rapporter. Les notions que l’on possède
sont trop peu nombreuses pour chercher à opérer ce rapprochement
avec succès, et ce serait se livrer à de vaines conjectures que de le tenter.
On trouve ce petit corps en quantité innombrable, et formant presque
la masse de la pierre, dans un calcaire noirâtre ou brunâtre solide
et sublamellaire, fétide. Les échantillons que j’ai examinés, et qui faisaient
partie d’une collection de Cronstedt qui est maintenant dans la possession
deM. B rochant, viennent, suivant leur étiquette, d’Heltris en Suède.
M. W ahlenberg nous apprend qu’on le trouve dans les bancs calcaires
de tous les terrains d’ampelite alumineux qui renferment de ces bancs.
11 dit que ces petits Trilobites varient en dimension depuis la grosseur
d’un grain de moutarde jusqu’à celle d’un pois; mais il fait observer
comme une chose très-remarquable que les individus d’un même
banc de pierre sont tous de la même taille, et qu’ils sont si nombreux
qu ils donnent à cette pierre calcaire l’apparence d’une oolithe.