T R O I S IE M E G E N R E .
O G Y G I E ( i ) .
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L e s Trilobites qui composent ce genre peu nombreux en espèces, ont
un aspect si différent des autres, que c’est à eux que je dois l’idée de diviser
cette famille en plusieurs genres. On les avait remarqués depuis
bien long-temps sur les ardoises des environs d’Angers, et ils ont été
l’objet de plusieurs dissertations de G uettard.
Malgré ces différences si apparentes dans l’ensemble de l’animal, il est
cependant assez difficile d’assigner à ce genre des caractères tranchés ;
mais on sait que c’est le cas de presque toutes les familles très-naturelles.
Les Ogygies ont la forme d’une ellipse allongée, terminée en pointes
à peu près égales à ses deux extrémités.
Ils sont tous très-déprimés, et on ne peut guère attribuer cet aplatissement
à la compression.
La tête et le corselet sont réunis en un bouclier assez étendu; on voit
sur la partie antérieure du chaperon, un sillon droit longitudinal qu’on
n’aperçoit suraueun autre Trilobite, et sur les côtés, deux sillons arqués.
Les protubérances oculiformes ne montrent point la structure réticulaire,
ni l’espèce de rebord qui entoure la cornée, comme dans les autres
Trilobites ; ces protubérances semblent indiquer la place des yeux, mais
ne laissent voir rien qui puisse être comparé à ces organes. Elles sont
situées vers le milieu du bouclier. Cette partie du bouclier est saillante ,
mais elle ne présente pas les tubercules, qu’on observe dans les autres
genres.
Le bouclier se prolonge de chaque côté en une pointe très-allongée
qui est tout-à-fait séparée du corps, et qui s’étend jusqu’à plus de la
moitié de la longueur de l’animal. Ce prolongement du bouclier est
fort remarquable ; il est déjà comme indiqué dans quelques Asaphes ,
et se retrouve dans les Paradoxides.
. (1) Qui est de la plus grande ancienneté*
L ’abdomen est, ainsi que le post-abdomen, divisé en trois parties par
deux sillons longitudinaux, et en un grand nombre d’articulations transversales
: c’est le caractère commun des Trilobites. Les articulations de
l’abdomen m’ont paru être constamment au nombre de huit, tandis
qu’on en compte treize à quatorze dans les Galymènes.
On remarque à leur surface, non pas des tubercules, mais des stries
partant en divergeant d’un angle des écailles ; ces stries sont analogues à
celles qu’on voit sur les écailles des oscabrions, on y remarque aussi des
plis et des échancrures semblables à ceux que montrent les écailles
de la queue des crustacés, dans les parties qui s’emboîtent. Le post-abdomen
est à peu près disposé comme l’abdomen; on y compte environ
dix anneaux ou articulations; ses parties latérales.paraissent avoir été
beaucoup moins écailleuses, moins sensiblement articulées, et par conséquent
plus membraneuses que les parties latérales de l’abdomen. On
voit sur les deux côtés de la queue d’un des individus que j ’ai figurée
( pl. I I I , fig. i , B ), deux paquets ovoïdes, beaucoup plus épais que le
reste du corps. Ces paquets, dont la structure est indéterminable, semblent
cependant par leur forme et leur position, indiquer la place des
oeufs, place et forme analogues à celles que présentent les paquets d’oeufs
dans plusieurs entomostracés, tels que lesCyclopes et les Branchiopodes.
Les individus d’une même espèce ont entre eux de grandes différences
de taille; en ne comparant que ceux qui sont évidemment de la même
espèce, on en trouve qui ont neuf centimètres, etd’autres qui ont jusqu’à
vingt-huit centimètres de long.
L ’Ogygie ne.paraît encore avoir été observé entier par aucun naturaliste.
G uettard, qui a publié dans les Mémoires de l’Académie ( i ) une
dissertation sur les empreintes des schistes d’Angers, n’a décrit et figuré
que des parties séparées de l’abdomen de cet animal, et encore la description
et les figures qu’il en a données sont si vagues qu’on ne peut en tirer
aucun résultat. Il avait eu aussi connaissance des Calymènes, mais
il les a confondus avec les Ggygies. J ’ai trouvé dans les notes de M. D e s -
marest, que M. son fils a bien voulu me remettre, une figure de l’animal
entier. Quoique encore très-vague, elle est beaucoup moins imparfaite
qu’aucune de celles de G uettard.
(i ) Mém. de l’Académie royale des sciences de Paris, année 17 5 7 , p. 52, pl. 7-9*
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