a. CALYMÈNE DE TRISTAN.
( PI. I, fig. 2, A-K. )
CALYMENE T R I S T A N I (.),
C lypeoJbm icato, genis in jla tis, oculis e x se rtis, ru gis tribus in fro n te , late-
ra libu s, o b liq u is, rotundis; corpore scabro.
Son chaperon ou lèvre supérieure est en forme de voûte ou de gouttière
renversée. Ses joues sont très-grosses et laissent entre elles et le front
un sillon profond; elles portent à leur extrémité les yeux qui semblent
avoir été très-saillans. Le front est marqué de trois gros plis obliques arrondis
à leur crête. J ’ai compté quatorze articulations au dos. La queue
est très-grande et ses parties latérales paraissent susceptibles d’une
grande extension. L ’aplatissement, en forme de lames, des côtes de l’abdomen,
et la bifurcation de celles de la queue sont très-sensibles. La
surface du test a tout-à-fait la texture de ce cuir qu’on nomme du
chagrin, fig. 2 , R.
Ces différences spécifiques, déjà nombreuses et bien tranchées, sont
rendues encore plus sensibles par les figures exactes et soignées que je
présente ici.
Ce Calymène n’a d’abord été connu que par des parties de son abdomen
qui avaient à peine conservé quelques fragmens du bouclier. Ce
sont celles qui sont représentées fig. 2, C , D, E ; elles viennent du
cabinet de M. de D r é e . J ’ai ensuite trouvé dans celui de M. d e F r a n c e
des chaperonspresqueentiersavec des portions d’abdomen, engagés dans
la roche (fig. 2, F , G). Ces parties m’ont amené à reconnaître que j’avais
dans ma collection l’animal entier (fig. 2, A , B) ; et, par la comparaison
de la queue de cet individu avec des queues venant du même lieu
et engagées dans la même roche que les têtes et les abdomens précédens,
je suis parvenu à reconnaître, sans aucun doute, que ces queues (fig. 2,
H, I ) étaient celles du Calymène de Tristan. J ’ai réussi à compléter
ainsi un animal dont la détermination était très-importante pour la
question géologique que je me proposais de résoudre.
(1) Tristan, Journal (les naines, vol. x xm , n° 1 33, p. 21.
Ce Calymène paraît avoir été susceptible d’arriver à des dimensions
très-grandes et de prendre des formes assez variées. Quelques portions
de sa tête, de son abdomen et de sa queue, que j’ai vues, indiquent un
animal qui devait avoir eu douze centimètres de long au moins. Le chaperon,
qui termine sa tête et qui se présente comme une espèce de
mufle , semble avoir pu prendre, par la dilatation et la contraction, ou
peut-être aussi par la pression des roches qui l’ont enveloppé, des formes
très-variées; on en voit de tout-à-fait obtus ou camards, comme ceux
de la fig. 2 , C , D, E ; d’autres dilatés et relevés comme ceux des figures
F , G. Enfin le défaut de symétrie qu’on remarque dans plusieurs de
ses empreintes ou de ses dépouilles, concourt à indiquer que son test
était d’une nature cornée et coriace, capable d’extension, de contraction
et de flexibilité à la manière de la peau coriace des phyllidies, de quelques
holothuries, etc., et qu’il était bien éloigné d’avoir la dureté des tests
calcaires des coquilles, ou même de celui de l’espèce précédente qu’on
trouve plutôt brisée que déformée.
Les parties'de Calymène représentées par les figures 2 , D , E , F , G,
se sont trouvées à la Huüàudière, près de Nantes, dans des roches de
schiste argileux grisâtre ou jaunâtret C’est M. de T r is t a n qui les a décrites
le premier.
Le Calymène entier, représenté fig. 2 , A , B , vient de Brëuville
près de Briquehgc, dans le Cotentin. On en trouve aussi à Siouville ,
dans un phyllade pailleté presque luisant et un peu carburé, et dans
beaucoup d’autres lieux des environs de Valogne et de Cherbourg.
On ne peut rapporter à cette espèce, avec une entière certitude, aucun
des Trilobites décrits ou figurés. J ’ai trouvé, dans des notes de
M. D e sm a r e s t , qui m’ont été communiquées par son fils, une figure
médiocre, mais qui semble indiquer que ce naturaliste avait connu cette
seconde espèce. Il paraît que les queues de ce Trilobite ont été souvent
trouvées dans d’autres lieux. Je soupçonne que les portions de Trilobite
que W a lc h désigne aussi comme des queues, et qui sont représentées
par K n o r r , Suppl., tom. IV, tab. IX , fig. 1 à 8, pourraient être rapportées
en totalité où en partie au Calymène de Tristan; mais ces figures
sont trop vagues pour qu’on puisse rien avancer de certain à cet égard.
Enfin je soupçonne aussi que les empreintes deTrilobite qu’on voit sur les
ardoises d’Angers n’appartiennentpas toutes au genre Ogygie, mais que