D’autres auteurs (i), tout en paraissant pressentir que l’examen attentif
des corps fossiles pourrait conduire à des résultats précieux
pour 1 histoire de la terre, se bornèrent à décrire avec plus ou moins
de soin, à figurer avec plus ou moins d’exactitude, selon les moyens
qui étaient à leur disposition et les époques auxquelles ils vivaient, ces
restes nombreux des premiers habitans du monde, ces médailles, pour
nous servir encore de cette figure, que de plus habiles antiquaires
devaient classer un jour.
La géologie, qui n’est devenue une véritable science que du moment
où, éloignant les hypothèses et recueillant des faits, elle a eu pour but
principal la distinction des couches terrestres et la détermination de
leur antériorité relative; la géologie devait naturellement s’associer la
zoologie, et surtout la zoologie qui compare les débris renfermés dans
ces couches aux parties correspondantes des êtres vivans dont l’étude
est son objet spécial, et qui en apprécie les rapports, en assignant aux
ressemblances ou aux différences qu’elle reconnaît des valeurs plus
ou moins considérables, selon la loi si heureusement proposée et si
judicieusement appliquée par l’un de nos savans les plus illustres, celle
de la subordination des caractères, en histoire naturelle.
Cette association de deux sciences qui paraissaient si éloignées dans
leur objet, a eu lieu en effet, et il en est résulté une sorte de révolution
dans la première d’entre elles, la géologie. Celle-ci, d’abord appliquée
à l’étude des terrains primitifs ou de cristallisation, dédaignait presque
entièrement de s’occuper des terrains secondaires et tertiaires, ou de
sédiment et des terrains adventices ou d’alluvion : elle s’attachait presque
exclusivement à la description minutieuse des roches qui composent
les sommités des montagnes les plus élevées, sans pouvoir en déterminer
la superposition; tandis qu’elle négligeait l’examen de ces vastes dépôts
remplis de fossiles qui composent les montagnes du second ordre, et qui
sont la base des pays de plaines.
Mais ces dépôts ont enfin fixé l’attention des observateurs, et l’on a
reconnu que chacun de leurs lits ou de leurs bancs, était pour ainsi dire
une page écrite de l’histoire des dernières révolutions du globe.
Depuis lors la zoologie a puissamment secondé la géologie, et déjà
l’étude des ossemens des quadrupèdes a produit d’étonnans résultats :
on a appris que tous leurs débris véritablement fossiles appartiennent à
des espèces qui n’existent plus maintenant, et que celles de ces espèces
qui diffèrent davantage de nos animaux vivans par leur structure sont
les plus profondément enfouies, bien cependant que les assises dans lesquelles
on les rencontre soient de formation très-récente.
Déjà l’examen réfléchi des coquillages pétrifiés a fait distinguer plusieurs
classes de dépôts bien différens entre eux , tels que les divers terrains
d’eau douce, le calcaire à cérithes ou calcaire grossier,le terrain
crayeux, le calcaire compacte, etc., et déterminer leurs rapports de
position les uns à l’égard des autres.
Déjà l’observation des débris de plusieurs grands reptiles est venue
confirmer les distinctions qu’on avait cru devoir admettre entre diverses
formations terrestres. ‘ „
Déjà la découverte de plusieurs animaux, voisins des crustacés par
leur organisation générale ( les Trilobites) , a fait rentrer dans la série
des terrains secondaires, plusieurs roches de cristallisation très-répandues
dans la nature ( i ) , et qui jusqu’alors avaient été confondues
a vec le granité même.
Mais ces grands résultats de l’alliance de la zoologie à la géologie ne sont
pas les seuls que nouspourrionsciteriei,etil nous suffira de dire que tous
ontété la conséquence de la détermination précise des fossiles que renferment
les diverses couches que l’on a comparées entre elles. Ce ne sont
pas sans doute aussi les derniers que l’on doive espérer ; mais, pour en
obtenir de nouveaux, il devient nécessaire de multiplier ces déterminations,
en décrivant aussi exactement qu’il est possible de le faire,
les corps organisés fossiles qui n’ont pas encore été signalés, ou ceux qui
ne l’ont été que d’une manière imparfaite. Il devient utile d’augmenter
et de chercher à compléter le Systèm e de la nature ante'diluvienne ,
dont les premières bases ont été posées par quelques-uns de nos plus célèbres
naturalistes.
C’est ainsi, par exemple , que les animaux quadrupèdes dont on a