
GÉCARCINUQUE DÈ JACQUEMONT. .
* (Gecarcinucus Jacquemontii, nob.)
( Planche i . )
La tribu des Gécarciniens, ou craies de terre, est un des groupes les plus
singuliers du règne animal; car elle se; compose de crustacés qui, organisés
à la manière des animaux aquatiques et pourvus des organes à 1 aide desquels
la respiration s’effectue d’ordinaire sous l’eau, vivent cependant à terre, et
peuvent même être asphyxiés par une submersion prolongée. Ces êtres anormaux
habitent les régions les plus chaudes du globe et se rencontrent dans les.
deux mondes; mais ils sont en petit nombre, et diffèrent si peu entre eux que
les entomologistes n’en ont formé que quatre genres. La découverte dune
espèce nouvelle dont les caractères ne s’accordent avec ceux d aucune des divisions
génériques déjà établies est, par conséquent, un fait important pour la
carcinologie.
Le gécarcinien trouvé par Jacquemont habite les marécages de la haute
vallée d’Hindraoni ; il est très-commun à Reurli, et y est connu sous le nom de
Kekra. De même que les crabes de terre si communs aux Antilles, il se creuse
dans le sol des terriers peu profonds, et il n’est employé comme aliment que
par les Hindous des plus basses castes.
Ce crustacé est, à certains égards, intermédiaire aux Gécarcins, aux Cardi-
somes et aux Ucas'; il se rapproche des premiers par la forme générale du corps
et la disposition du front; il ressemble beaucoup aux Cârdisomes par le mode
d’insertion de la tigelle terminale des pattes-mâchoires externes; et, de même
que les Ucas, il diffère de tous les autres Gécarciniens par la manière dont la
portion operculaire de ces derniers organes ferme la bouche sans laisser d espace
vide au milieu du cadre buccal.
La Carapace (pl. i,fig. i ) est ovalaire et plus large proportionnellement a sa
longueur que chez les autres Gécarcîniens; les régions branchiales sont très-
renflées et séparées de la région stomacale par un sillon profond; la région
cordiale est refoulée en arrière par la région génitale qui antérieurement se
confond avec la stomacale , et à l’extrémité du sillon transversal qui sépare
les deux premières» on remarque un renflement correspondant à linsertion de
faisceaux musculaires étendus, entre le bord supérieur de la voûte des flancs
et la face interne du test. Enfin la hauteur de la carapace est peu considérable,
et ses bords latéraux sont obtus et à peine distincts, Le front (fîg. 2) est étroit,
très-inclinéet terminé par un bord mince et droit, à peu près commé chez les
Cârdisomes, mais n’occupe, avec les orbites, qu’environ le tiers de la largeur
totale de la carapace, tandis que chez ces derniers le bord fronto-orbitaire
constitue presque les deux tiers de cette largeur. Les orbites sont courtes, obliques,
subquadrilatères et peu profondes; leur bord est obtus et n’offre ni dent,
ni épine à l’angle externe, au-dessous duquel on remarque une échancrure
large et profonde qui se dirige vers les régions ptérygostomiennes, à peu près
de la même manière que dans le genre Uca. Lès fosses antennaires sont assez
grandes et séparées entre elles, par une cloison étroite. Les antennes externes
occupent l’espace libre, compris entre l’angle latéral du front et le bord inférieur
de forbite, à peu près de la même manière que chez les Ucas ; mais leur
article basilaire est beaucoup plus petit. L épistume est plus grand que chez
les autres Gécarciniens, et la portion médiane de son bord inférieur s’avance de
façon à constituer une sorte de dent large et aplatie. Le cadre buccal est conformé
à peu près de la même manière que chez les Ucas, et, de'même que chez
ces derniers, se prolonge antérieurement beaucoup au delà des pattes-mâchoires
externes qui laissent à découvert la portion terminale dès pattes-mâchoires
antérieures et l’extrémité des canaux efférentsde l’appareil respiratoire, disposition
qui n’existe ni chez les Cârdisomes, ni chez les Gécarcins ou le,s Gécar-
coïdes. Les pattes-mâchoires externes (fig. 8) ne ressemblent à celles d’aucune
autre Géeajcinien, mais rappellent ce qui existe chez quelques Thelphusiens;
la portion operculaire de ces appendices se termine en dedans par un bord
droit et poilu qui rencontre sou congénère; de façon à ne pas laisser au milieu
de l’appareil buccal un espace vide en forme de losange comme chez les Gécarcins,
les Cârdisomes et les Gécarcoïdes; le troisième article de ces organes est
beaucoup plus petit que le second et plus large que long, tandis que chez les
Ucas, il est. très-allongé et au moins aussi grand que le précédent; enfin la tigelle,
formée par les trois derniers articles, est petite et insérée vers le milieu du
bord antérieur de la portion operculaire , tandis que chez les Ucas et les Cardi-
somes, elle en occupe l’angle externe. 1 .es pattes-mâchoires de la première paire
(fig. 6) sont remarquables par l’allongement et la courbure de la lame terminale
de la branche interne. Les mandibules obt une tigelle palpiforme grande et
garnie d’un prolongement en forme de lobe (fig. 4 e*' 5); quant aux autres appendices
buccaux, ils ne m’ont paru offrir rien de particulier. Les régions ptêry-
gostomiennes sont très-larges, lisses et inermes. Le plastron Sternal est à peu près