
à ma disposition avec son obligeance habituelle. C’est d’après tous ces éléments que
j ai pu reprendre l’étude du Chat de Cafrerie, et me convaincre que l’on ne peut continuer
à le confondre avec le véritable F. caligata. Les principaux caractères distinctifs sont
les suivants :
i° La coloration noire, non-seulement de la partie postérieure des métacarpes et des
métatarses, des carpes et des tarses, mais aussi d’une partie de la région postérieure de la
jambe. La face externe de l’avant-bras, dans sa région supérieure surtout, est également
en plus ou moins grande partie de cette même couleur. Le noir du dedans des avant-
bras s’étend souvent même jusqu’au carpe, et se confond en meme temps avec quelques-
unes des zébrures noirés du membre. Ces caractères, le plus souvent bien prononcés, et
pour le moins bien indiqués, existent même chez les jeunes sujets (1).
Les deux bandes transverses noires, qui, chez toutes les espèces de ce groupe, existent
en haut et en dedans de l’avant-bras, se retrouvent ici, mais très-modifiées dans leur
disposition. Elles sont très-distinctes en avant, et s’étendent, très-distinctes aussi, sur la
face interne du membre; mais, sur la face externe, elles se confondent avec la zone noire
très-étendue qui vient d’être indiquée. < ,
2° Tous nos individus, même celui chez lequel les zébrures du corps sont le plus effacées,
ont, sur la face externe des membres, plusieurs bandes transverses noires.
3° Sur la tête, on aperçoit plus ou moins confusément des lignes noires longitudinales ,
au nombre de quatre environ. Il* existe aussi des lignes longitudinales ou des vestiges de
telles lignes sur la partie postérieure du dos.
4° Les oreilles sont d’un brun roux plus ou moins marron passant supérieurement au
noir, à peu près par nuances insensibles. Les poils noirs dépassent légèrement le bord des
oreilles.
5° Le mode de coloration de la queue dans sa première moitié est remarquable. Cette
première moitié est, chez les adultes, roussâtre en dessous, grise sur les côtés, noirâtre
en dessus, avec des vestiges d’anneaux. Dans sa seconde moitié, la queue est Colorée par
larges anneaux alternativement noirs et blancs, dont* la disposition rappelle celle des an-<
neàux des Genettes. Nos individus ont trois anneaux noirs, sans compter la portion
noire terminale qui est assez étendue.
Chez les jeunes sujets, la coloration de la queue est différente. Le dernier quart de la
queue est en grande partie noir; les anneaux noirs se confondent supérieurement entre eux
dans cette région. Le reste de la queue, à partir de la base, est annelé de noir et de blanc-
6° Cette espèce est, comme l’a remarqué M. Cuvier, tres-élancée. M. Delalande a fait
monter sous ses yeux les animaux qu’il a rapportés, et les proportions qu’il leur a fait
donner, sont à peu près celles du Guépard. La legèrete de leurs formes est d’ailleurs très-
certainement exagérée, ainsi que je m’en suis assuré par l’examen du squelette. Les membres
sont en réalité, de très-peu plus allongés que chez le F. caligata.
gnements dus aussi à M. Édouard Verreaux que le Chat de Cafrerie, connue le Chaus,recherche ies. lieux humides, et
qu’il se croise volontiers avec le Chat domestique. Il arrive surtout assez souvent que des mâles de cette- espèce couvrant
des Chattes domestiques, e t , selon M. Verreaux, il n’est pas rare que celles-ci donnent naissance à des métis fort semblables
au Felis cafra. Ce fait, déjà connu, et que M. Temminck a surtout nettement énoncé, est l’un des motifs sur lesquels
repose l’opinion que ce célèbre zoologiste a émise sur le F. obscura de M. Desmarest. Voyez plus ba s , p. 55.
( i) Le'nom de Felis nigripes sous lequel M.Burchell [Travels in the interior o f Southern Africa, tom. II, p. 5g 3, 182/lj,
a décrit üif Chat du Cap, conviendrait, comme on le v o it, parfaitement au F. cafra. Le F. nigripes est-il une espèce
nouvelle, comme le pensait M. Burchell, et comme l’a admis le docteur Smith dans son African Zoology (ouvragé
inséré dans The south African quarterfy journal; voyez tom. II, p. 123, ( i 835j? Si la description que donne M. Burchell
est exacte, si les oreilles sont en particulier telles que les représente ce célèbre voyageur, Je F. nigripes paraîtrait en effet
spécifiquement distinct de tous les Çhafs jusqu’alors décrits.
Enfin, le Chat de Cafrerie a la queue beaucoup plus longue que les autres espèces. La
distance du bout du museau à l’anus étant d’environ 6 décimètres, la queue, dans nos in-
dividus montés, a près de 3 décimètres et demi. Dans le squelette, la distance des incisives
supérieures aux tubérosités ischiatiques est de o”-,55, et la longueur de la queue de o“- 37
Les mêmes mesures, prises sur le squelette du F. caligata, donnent o“-,6a, au lieu’ de
om ,55, et o“1,28, au lieu de om*,37.
Chez le F. caligata, en outre, je n’ai compté que dix-neuf vertèbres caudales : j’en ai
trouvé vingt-deux chez le F. cafra (i).
4- Chat gantì, Felis maniculata, Rupp.; Tem.
Cette espèce, découverte par M. Ruppell, en Nubie, a été envoyée par lui sous ce nom
que M. Temminck a adopté dans ses Monographies de mammalogie (a). La description
que M. Temminck donne de ce' Chàt, est très-claire et tfès-préciée. Une autre description
fort exacte aussi, et qu’accompagne une figure, a été donnée par M. Cretzschmar dans
son Atlas zu der Reise im nordlichen Africa.
Voici la caractéristique que donne M. Cretzschmar d’après l’individu type de l’espèce
le seul qui fut alors connu : '
V fF e lis carpare griseo - ockraceo ; . . . . ‘collo antico albo, lineis ochraceis duabus
« cmcto; planta pedum, metacarpi et metatarsi parte posteriore nigris ; caudâ gracili
« oequali, ad apicem annulis nigris duobus. »
Le Muséum d’histoire naturelle a reçu du Sennaar deux individus de cette espèce
qu’il doit aux recherches de M. Botta. Ils sont d’autant plus intéressants qu’fis diffèrent
l’un de l’autre par des modifications très-notables, d’ailleurs analogues à celles que
.(1) M. Cuvier, dans ses Ossements fossile,, s" éd., tom. B , p. 438, rapporte au F. cafra trois Chats sur lesquels il est
necessaire de dire ici quelques mots : • 1 .
■ ¡ S h S ? f 9 ’? Cha‘ I f M Vosmaër [Description d ’un Chat carnage indica, in - i", Amsterdam
i 77 3). La description de cet auteur est faite d’après un jeune .sujet, et elle n’est pas suffisamment précise. On ne neui
donc savoir d une m,uiere positive si elle se rapporte, ou non, à une espèce asiatique déjà connue; mais ce qui est certain,
c est que Vosmaer n a point décrit sous ce nom le F. cafra.
a° Un Chat, rapporté par Pérou , du cap de Bonne-Espérance, selon M. Cuvier, de Java, Ì ìo n M. Desmarest et que
celui-ci, en rattachant à 1 individu type diverses indications relatives à d’autres sujets d’espèces vraisemblablement diffé-
rentes , a nomme Felis andata dans le Dictionnaire d'histoire naturelle de Déterville (ae éd., tom. V I n n 51 et dans la
Mammalogie de VEnçrchpédie métlmdiqae, ( tom. V, p. x 3o). L e Chat de Pérou n’est certainement point un F ca fr i- mais
d est beaucoup plus difficile, en. raison de son développement imparfait, de dire ce qu’il est que ce qu’il n’est pas
Lespèce de laquelle se rapproche le plus cet individu (dont la patrie reste douteuse), est le F . manicatala. Entre
1 un de nos Chats gantés (voyes plus bas) et 1. Chat de Pérou, il existe I . pins frappante ressemblance, soit pour les teintes
et la nature du pelage, soit pour la distribution des taches. Les seules différences entre l’un et l’autre sont que la raie
oculo-aunculaire est d un brun ronx chea le premier, an lieu d’étre ronsse ; qu’il existe sous la gorge une ligne rousse
transversale, qui est seulement indiquée chea le second, e . que 1. face externe des oieilles est noirïtre en haut. Le cTaî
de Peron appartient-il à une espece distincte, représentant le F. maniealata dans une antre contrée? Cest ce que les ob-
servations ultérieures permettront seules de décider. .
3.ü n antre Chat également rapporté par Pérou; mais celui-ci venant avec ccrütndc du cap de Bonne-Espérance
M. Desmarest en a fait une espèce distincte sous le nom d e ,R ohscara, et M. Frédéric Cuvier a admis, quoique avec
doute, cette opinion dans son Histoire naturelle des mammifères de la ménagerie (septembre 1820).
Ce dernier Chat est très-certainement, comme l’a présumé M. Cuvier et comme l’a dit pins affirmativement M Temminck
une variété melamenne (peut-être hybride, ce qui est l’opinion de M. Temminck) du F. cafra. Toutes les bandes
et taches qui existent d’ordinaire chea le F ; cafra se retrouvent ic i, peintes en noir m un fond noirâtre, comme les taches
en rose se voient chea les Panthères et Jaguars mélanos. C’est un nouvel exemple de l'extrême fréquence du mélanisme
chea les Fehens, groupe dans lequel on connaît plus d’exemples de cette anomalie que chea tons les autres
mammiteres sauvages.
(a) Tom, I , p. ia8.