
D’après les renseignements fournis par Guldenstaedt, et d'après des observations faites
sur un individu bien préparé et sur plusieurs pelleteries fournies par le commerce
des fourreurs, M. Temminck dit que la longueur totale, chez le Chaus, atteint et de-
passe quelquefois 3 pieds ou un mètre, mais qu’elle est ordinairement de n pieds 8 pouces
à a pieds q pouces , c’est-à-dire, de o"',86 à o”-,89. Or, mon père a trouvé les dimensions
de son individu égales à o”-,87, ou 2 pieds 8 poucesi D’après M. Temminck, la queue
compte, sur cette longueur totale de o",&6 à o-,8g, pour o-,22, c'est-à-dire, pour un
quart; d’où il suit que la distance du bout du museau à l’anus est de o-,b4 a o -,by.
Telles’sont en effet les dimensions de l’individu de mon père (r).
Quant aux oreilles, la difficulté peut être levée plus facilement encore, et par les propres
paroles de Guldenstaedt. Leur face convexe, chez nos deux individus d’Egypte, est jau-
ùatre en bas et en dehors, brunâtre en bas et au milieu, noire vers la pointe, et roussatre
dans le reste de son étendue. On peut donc la représenter également, quand on ne décrit
pas avec toute la précision nécessaire, ou comme brune, ce que Guldenstaedt dit dans deux
passages, ou comme rousse, ce qù’il dit dans un autre. Quant aux détails que cet auteur
donne sur la coloration et la disposition des poils de la face concave, ils sont parfaitement
conformes à ce que nous trouvons sur nos individus. Ajoutons que les poils noirs du bout j
de l’oreille sont un peu allongés au delà du bord de celle-ci, en sorte que l’on retrouve
également la disposition qui a fait considérer, par plusieurs auteurs , le Chaus comme
un Lynx. » , ,
Ainsi sauf, deux points sur lesquels l’auteur se contredit lui-meme, et a 1 égard desquels
ses propres paroles fournissent les éléments d’une rectification, sa description concorde
parfaitement avec les caraetères de nos deux individus d’Égypte. Ceux-ci sont donc
de véritables Chaus, comme l’a admis mon père pour celui que lui-meme a rapporte,
et comme il l’eût incontestablement admis pour l’autre, s’il l’eût connu. L’individu de mon
père ne diffère en effet de celui-ci que par les bandes transverses de la face externe des
membres par Une autre bande au bas et en avant du cou, et aussi par quelques taches
confuses sur les flancs et sur le ventre; bandes et taches qui sont presque toutes tres-peu
apparentes, obsoletoe, comme eût dit Guldenstaedt, et dont les vestiges se retrouvent d ailleurs
chez l’autre individu dès qu’on le place sous un jour favorable. Telle est la seule et
insignifiante différence de ces deux individus ; encore dépend-elle simplement d une ditte-
rence d'âge, comme il est facile de le montrer. s ^ .
L’individu décrit par M. Frédéric Cuvier avait vécu cinq ans à la menagêne, et était certainement
vieux lorsqu’il est mort. L’individu de mon père était moins âge. On trouve en
effet, sur le crâne de celui-ci (2), les caractères d’un individu adulte , mais non encore
très-avancé en âge. Il est donc tout naturel que les taches et les bandes soient moins effacees
Eu le mesurant de nouveau, je trouve la distance du museau à l’anus égale à environ sept décimètres. Il y a donc
m M * L . maiscette différenee, de 3 centimètres, est tout à fait Insignifiante, d’autant plus que 1 an,mal a
peu ï“p We. M-to H PS M «**• IÜ a “ “ d0Ute S i de *“ H h t f P l j , justifie nette assertion : mon père donne, en effet, à son individu pour longueur .o ta leo ,8 ,, tand.s .,ue ce
sujet, tel q u -iles tn u jo a r tftu iH a^ l e ^ B O ^ ^ centhnètres, d,après les mesures de ré
S ‘ “ f „ e ü s o n ^ M v id n de mon père et ceux de M. Temminck. H aurai, eu, en effet, du bon. du museau
zoologiste, que ■ f l M Ie'marqner q „ e l’individu de M. Frédéne Cuvter . n i «te mesure sur
1 » . uu’ou p L ô .o n u 'a v a i tp a sm e S«m ,m a i» ,e eq u ies .fo r td ifféreut, apprécié à vue d’oeil, e „m é les dunenstons
L a peau préparée es. mam.euau. aux galeries, et l’on peut s'assurer que la distance du bout du museau à anus m es.
pas supérieure chez lui à ce qu’elle est chez les autres mdmdus observés.
(a) Voyez la figure de ce crâne, planche III.
chez le Chaus de mon père (i), et que le pelage soit plus uniforme chez Findividu
de M. Frédéric Cuvier. La preuve irrécusable que cette explication est juste, et que
celui-ci a passé à un certain âge par le système de coloration que présente la dépouille
de l’autre, c’est que ce système se trouve précisément représenté dans la figure de
M. Frédéric Cuvier, faite vers l’époque où l’animal venait d’arriver à la ménagerie
(2). £
L’animal que mon père a rapporté d’Égypte,-est donc spécifiquement identique, et
avec le Chaus, pareillement égyptien, de M. Frédéric Cuviër, et avec lé Chaus de Guldenstaedt.
L’identité spécifique, à l’é&ard du premier et du second, est donc encore confirmée
par l’identité de patrie; et èlle l’est à l’égard du premier et du troisième parles circonstances
de l’habitat. Mort père a trouvé sòn Chaus dans une île du Nil, par conséquent
dans des lieux bas, humides, et souvent inondés. M. Ruppell, qui, depuis, a retrouvé
le Chaus en Égypte, l’a trouvé sur les bords du lac Menzaleh, et il le considère comme
en partie piscivore. Or Guldenstaedt avait déjà fait connaître que dans les vallées du
Caucase, le Chaus habite surtout les lieux en partie inondés et couverts de roseaux ; en
un mot, les marécages, où, la nuit, il pêche les poissons et les grenouilles, et poursuit
les oiseaux aquatiques. De là le nom dt Lynx des marais, sous lequel le Chaus a même
été désigné par M. G. Cuvier dans son ouvrage sur les Ossements fossiles (3) et dans la
seconde édition du Règne animal. -
2. C h a t b o t t é , Felis caligata, Temm.
Le nom que j’adopte pour cette espèce, est celui qu’a proposé pour elle M. Temminck,
et qu’un grand nombre d’auteurs ont déjà admis. Malgré la sanction qu’il a reçue de l’usage,
j’avoue que j’ai hésité à le conserver ici. Ce nom repose en effet sur une erreur : le
Chat botté de M. Temminck n’est point, comme il l’a cru et comme on l’a généralement
cru jusqu’à présent, le Lynx botté de Bruce?
De plus, il est à remarquer que M. Temminck a réuni, sous le nom de F. caligata, à
l’espèce asiatique à laquelle je conserve ce nom, une espèce africaine très-distincte, le F.
cafra de M. Desmarest. Cette confusion était un motif de plus, et un motif fort grave,
pour abandonner le nom de F. caligata. Mais deux raisons que l’on appréciera, m’ont déterminé
à ne pas recourir à un mot nouveau. D’une part, il est à remarquer que, bien
que M. Temminck ait confondu le F. cafra avec le F. caligata, sa description, dans laquelle
se trouvent à peine quelques éléments empruntés au F. cafra, peut passer, à très-
peu d’exceptions près, pour une bonne description du véritable F. caligata. D’une autre-
part, M. George Cuvier a déjà, dans la seconde édition du Règne animal, conservé le
nom de F. caligata, quoiqu’il en distingue bien le F. cafra. Il est vrai que M. Cuvier n’a
point reconnu la confusion qu’avait faite M. Temminck; qu’il n’a pas révoqué en doute
l’identité du F. caligata et du Lynx botté de Bruce, et qu’il a cru, en rétablissant le F.
cafra, ne faire que replacer à son rang une espèce simplement omise par M. Temminck.
(1) J’a i rappelé plus haut qu’il en est généralement ainsi chez tous ceux des Tigres, des L y n x , des Chats, et même aussi
des Hyènes, qui ont à l’état adulte le pelage uniforme ou presque uniforme. Vo yez , p. 43.
(2) La figure a été faite en 1826, et l’animal n’est mort qu’en i 83o.
(3) Tom. IV, p. 440. — Le nom de Lynx des marais est d’ailleurs fort inexact. L e Chaus a , comme les Chats et non
comme les L y n x , les pupilles de forme variable, et quatre molaires de chaque côté à la mâchoire supérieure. Le
Chaus est donc un vrai Felis et non un Lynx.