
ce derflier genre sous le nom de T ig r e , Tigris; nom depuis longtemps consacré
par l’usage pour toutes les espèces, l’une exceptée (i).
Les genres que j’ai cru devoir rejeter, sont les genres Léo et Puma des auteurs,
lesquels me paraissent ne pouvoir être séparés des Tigres par aucun
caractère véritablement générique.
I. G enre GUÉPARD , Cynailurus.
Des quatre genres que j’ai admis, celui des Guépards est le mieux caractérisé. Les
Guépards se lient intimement avec les Tigres ; mais ils se placent à côté de ce groupe
sans pouvoir en faire partie. Selon les vrais principes naturels, on doit considérer comme
différences génériques toutes les différences organiques, corrélatives, en premier lieu,
avec des différences de naturel et d’habitudes; en second lieu, avec d’autres modifications
organiques. Or, d’une part, la non-rétractilité des ongles, caractère qui distingue
nettement les Guépards des autres Felis de Linné, est en concordance parfaite, e,n relation
manifestement harmonique avec le naturel beaucoup plus doux de ces animaux. Le même
caractère entraîne une autre modification remarquable des habitudes des Guépards,
comparées à celles des Chats et des autres Féliens : ils ne sont pas grimpeurs comme
ceux-ci (ii). D’un autre côté, avec la non-rétractilité des ongles coïncident d’autres caractères
organiques, tels que des modifications légères, il est vrai, dans le système dentaire (3),
une forme très-différente de tête, enfin la gracilité très-remarquable des formes, et spécialement
la longueur des membres et de la queue. Parmi ces caractères, il en est un,
l’allongement des membres, dont la corrélation avec la non-rétractilité des ongles est évidente,
et offre une application, facile à saisir, de la loi du balancement des organes et des
éléments organiques.
Ainsi, en résumé, les Guépards, sous le point de vue organique, se distinguent par
leurs ongles non-rétractiles, leurs formes très-grêles, leurs membres et leur queue très-
allongés, et par de notables modifications, soit dans la forme de leurs molaires, soit surtout,
et d’une manière très-marquée, dans la conformation générale de leur crâne. Quant
à leur naturel, ils sont très-peu féroces, très-faciles à apprivoiser, coureurs, non grimpeurs,
et par conséquent non moins distincts des autres Féliens sous ce rapport, qu’ils
le sont par leurs caractères organiques.
Il y a donc lieu d’adopter ce genre, indiqué dès 1823 (mais non dénommé), par M. Frédéric
Cuvier. Entre les deux noms proposés pour lui par MM. Wagler et Duvernoy, Cynailurus
et Guepardus, le premier, conformément aux principes de la nomenclature, doit
être préféré, non qu’il soit meilleur que le second, mais parce qu’il lui est antérieur (4).
^r(x) Il suffira de rappeler ici les noms de Tigre d’Amérique donnés spécialement au Jaguar, de Tigre proprement dit à la
Panthère, de Tigre noir au prétendu Mêlas, de Chat-Tigre à ptusieursespcces.de moyenne ou de petite taille, etc.
(2) C’est à ce fa it, et par conséquent aussi, et directement , à la non-rétractilité, si caractéristique, des ongles que se
rapportait le nom de Geopardus (c’est-à-dire, Panthère de terre), sous lequel j ’avais désigné dans mes cours le genre Cynai-
lunis de M. Wagler, ou Guepardus de M. Duvernoy. Ce nom, s’il eût pü être adopté, eut offert l’avantage, quoique très-
régulièrement formé, de concorder avec le mot Guépard qui sera toujours conservé en français, et qui a même passé dans
plusieurs autres .langues.
(3) Voyez G. Cuvier. Ossements fossiles, 2e édition, tom. IV , p. 445.
(4) Voyez les remarques qui ont été présentées plus haut (p . 2 2 ) sur la nomenclature.
II. G enre CHAT, Felis.
M. Frédéric Cuvier a de même indiqué ce genre sans le dénommer, et il en a fait connaître
avec soin le principal caractère. Tandis que les Guépards, qui ont les yeux des Tigres,
ont les doigts très-différemment conformés, les Clïats ont les doigts des Tigres,
mais diffèrent par leurs yeux. Ils sont aux Tigres ce que les Renards sont aux Chiens et
aux Loups. Leur pupille, circulaire dans l’obscurité, comme celle 'd^s Tigres, mais plus
largement ouverte que chez ceux-ci, s’allonge verticalement sous l’influence de lalumière,
së présentant, selon l’intensité de celle-ci, sous la forme d’une ellipse à diamètres plus ou
moins inégaux, ou même sous celle d’une fente presque linéaire.
Ce caractère, sur lequel M. Frédéric Cuvier a fixé son attention, et qui fait des Chats des
animaux essentiellement crépusculaires ou nocturnes, n’est point le seul qui les distingue
des Tigres. En même temps que la taille de ceux-ci surpasse presque toujours dé beaucoup
celle des Chats, la conformation du crâne, en particulier, le développement des crêtes
crâniennes et le très-grand écartement des arcades zygomatiques, la saillie considérable et la
disposition si remarquable et si caractéristique delà tubérosité occipitale ex terne ¿ attestent,
chez les premiers, un immense développement des appareils musculaires qui meuvent
la tête sur le tronc et la mâchoire inférieure sur le crâne. Les Chats ont les pommettes
moins écartées, les crêtes seulement indiquées en arrière; leur tubérosité occipitale
externe est médiocre, et ne présente rien de plus que chez la plupart des Carnivores. Les
Chats, déjà affaiblis, d’une manière absolue, par leur petite taille, le sont donc encore
relativement par toutes les modifications du système musculaire que dénotent ces modifications
du système osseux. En revanche, ils présentent un plus grand développement non-
seulement des organes des sens, mais aussi de l’encéphale; en sorte que, chez eux, un développement
plus grand de l’intelligence semble devoir compenser, et compense en effet,
l’infériorité de la taille et des armes. Ce fait, auquel on n’a donné jusqu’à présent que
peu ou point d’attention, rentre dans cette généralité que j’ai souvent établie dans mes
cours, et quèr j’ai exprimée en ces termes dans un autre travail : Lorsqu’un même groupe
renferme à la fois des espèces de taille différente , les petites font là nuit, par ruse plus
que par force, ce que les grandes font le jour, par force plus que par ruse.
Les Chats diffèrent encore des Tigres par plusieurs autres caractères, tels que la disposition
de leurs palatins quine présentent point, après les arrière-molaires, le prolongement
très-étendu, très-remarquable et très-constant qui existe dans les Tigres; par la
brièveté comparative de la région moyenne de leur crâne; par leurs incisives rangées en
ligne droite, et dont les externes elles-mêmes se développent peu; enfin, par leurs canines
plus ou moins aplatiés intérieurement, et jamais, à la mâchoire supérieure surtout, épaisses
et coniques, comme le sont celles des Tigres, etc.
Les auteurs qui admettent l’unité générique des Felis de Linné, avaient depuis longtemps
établi parmi eux plusieurs petites sections, parmi lesquelles l’une, sous le nom de
Chats, avait été formée du Chat sauvage d’Europe et des espèces voisines. Ce nom de
simple section peut sans nul inconvénient être érigé en nom de genre, et le mot Felis, selon
la nomenclature que je propose, est, en latin, dans la langue scientifique comme dans
la langue générale, l’équivalent de notre mot Chat.
III. G enre LYNX, Lynx.
Les auteurs qui ont d’abord sépàré les Lynx en un petit groupe distinct, l’ont fait