
les caractères du pelage du jeune, appartiennent au contraire ici à 1 état adulte,
et réciproquement.
III. S u r q u e l q u e s e s p è c e s d e C h a t s .
Dans le genre Chat, près du F élis catus qui en est le type, viennent se placer
quelques espèces des pays chauds, dont la distinction, malgré les nombreux
travaux dont ellfes ont’été l'objet, laisse beaucoup à désirer. Tels sont, entre
autres, le F. caligata de l’Inde, le F. chaus, le F. cafra, et quelques autres dont
l’étude ne peut être séparée de celle des précédentes, ni de celle d’une espèce
nouvelle rapportée par Jacquemont.
Les F. caligata et F. chaus des auteurs t sont-ils en effet des espèces distinctes,
comme l’admettent tous les auteurs les plus récents? Et si ces espèces
sont distinctes, leurs caractères, leur synonymie, ont-ils été donnés exactement
?
Pour montrer que de nouvelles recherches à cet égard ne sont pas inutiles,
et que la question, bien qu’on ait cru le contraire, est encore loin d’être complètement
élucidée, il me suffira de citer, pour preuves, les résultats eux-mêmes
auxquels est arrivé M. Temminck dans sa Monographie des Félis: travail que
je prends ici pour point de départ, parce qu’il est le plus complet qui ait été
publié sur les Féliens, et à cause de la juste autorité que lui donnent
le nom célèbre de son auteur, et la multitude des matériaux dont il a pu disposer.
Selon M. Temminck (i), le Chat que mon père a rapporté d’Egypte , et
décrit sous le nom de Chaus (2), n’est point le vrai Chaus de Guldenstaedt (3),
mais bien le Lynx botté de Bruce (4). L’auteur tes Monographies de mamma-
logie (5) reconnaît au contraire, pour le véritable Chaüs, le Chat que M. Frédéric
Cuvier a figuré et décrit sous ce nom dans son Histoire naturelle des
mammifères de la ménagerie (6). Le célèbre zoologiste hollandais cite même,
comme très-exacte, la figure donnée par M. Frédéric Cuvier. Or, j ’ai sous les
yeux le Chat rapporté d’Égypte par mon père, et le Chat, venant également
d'Égypte, qu’a décrit fet figuré M. Frédéric Cuvier; et je puis affirmer que ces
deux individus sont aussi semblables entre eux par tous leurs caractères de
forme, de taille et de couleur, que par leur patrie. Il faut donc, de toute néces-
(1) Monographie de mammalogie, tom. I , p. 121.
(2) Catalogue des Mammifères du Muséum , p. 119.
(3) Voyez les Novi comment, acad. scientiarum imper. Petropolitanoe, tom. X X (1776), p. 483. Le Mémoire de Guldenstaedt
a pour titre : Chaus, animal Feli affiné descriptum.
(4) Décrit par Bruce dans son Voyage aux sources du Nil, etc., tom. X III (tràd. de Castéra), p. 228.
(5) Tom. I , p. 2 5 1.
(6) En octobre 1826.
sité, reconnaître le vrai Chaus dans l’un et dans l’autre, ou dénier ce nom à
tous deux à la fois.
M. Cretzschmar, dans son précieux Atlas zu derReise im Nordlichen Africa (i),
a adopté les déterminations de M. Temminck. Il dit en effet que le véritable
Chaus de Guldenstaedt n’a été décrit ou figuré avant lui que par ce dernier
auteur, par Schreber et par M. Temminck : le Felis chaus de mon père et le
Chat botté de Bruce appartiennent, au contraire, selon lui, à une tout autre
espèce.
M. Frédéric Cuvier a aussi publié, d’abord sur le Chat botté ou a oreilles
musses (2), puis sur le Chaus, deux articles qui sont manifestement en contradiction
l’un avec l’autre. En septembre 1826, il rapporte, d’après les indications de
M. Temminck, le F. chaus te mon père au Chat botté ou a oreilles rousses;
puis, lui-même, en octobre 1826, c’est-à-dire quelques semaines après, décrit
sous le nom de F. chaus, et comme appartenant à une espèce parfaitement distincte,
un individu égyptien, identique, çomme je le montrerai plus bas, à celui
que mon père avait rapporté de l’expédition d’Égypte.
On voit jusqu’à, quel point la question se trouve présentement embarrassée'
de doutes et de contradictions, et combien il est nécessaire qu’elle soit reprise
de nouveau. Le même besoin se fait sentir, comme on le verra, à l’égard de
quelques autres Chats asiatiques ou africains dont l’histoire se trouve mêlée
à celle du F. chaus, et dont deux, fort distincts, ont été confondus sous le
nom de F. caligata des auteurs. J’essayerai de porter quelque lumière sur ces
sujets, en mettant à profit les nouveaux matériaux qui sont dus soit à Jacquemont
lui-même, soit à d’autres voyageurs récents.
1. Chat chaus, Felis chaus, G uldenst.
Le mot Chaus dont Guldenstaedt a fait le nom spécifique de ce Chat, est, dans Pline,
le nom d’un Lynx ; et il est à regretter 'qu’on l’ait transporté à une espèce aussi différente.
Mais l’usage l’ayant consacré, il y aurait aujourd’hui beaucoup plus d’inconvénients
que d’avantages à lui substituer un terme nouveau.
Guldenstaedt a énuméré les traits distinctifs du Chaus dans la phrase caractéristique
suivante (3) :
Chaus, Felis auriculis apice nigro barhatis, extàs brunneis; capite, corpore et caudoe
basi unicoloribus, fuscescenti-brunneis.
Cette caractéristique, suffisante pour Guldenstaedt qui croyait n’avoir à comparer le
(1) Texte de la planche IV.
(2) Il le décrit sous ce double nom dans l’ouvrage déjà cité.
(3) la c . cit., p. 5oo. *