
je viens de signaler chez le F. cafra. L’un d’eux est de couleur à peu près.uniforme, sauf
quelques rayures transversales sur les membres; l’autre à sur le corps des bandes verticales
de couleur roussâtre : ces bandes, dont chacune semble composée d’une serie
de taches.allongées, confluentes, sont assez irrégulières et peu nettes.
Sur l’un de nos individus, les oreilles sont d un gris roussâtre; mais l’autre lesa plutôt
d’un roux grisâtre que d’un gris roussâtre. Chez tous deux, les oreilles sont couvertes
seulement de poils peu nombreux et extrêmement ras. Ce caractère est en rapport avec la
brièveté des poils soyeux et la rareté des poils laineux sur presque tout le corps; traits
que M. Temminck n’a pas omis de signaler dans sa description.
5. Chat libyque, Felis libyca.
L’individu sur lequel j’établis cette espèce, et qui vient de Tanger, était étiqueté, lorsqu’il
me fut remis : Felis maniculata. L’espèce queje vais décrire, se rapproche, en effet,
du F. maniculata par la couleur de quelques parties; mais elle s’en distingue immédiatement
par son pelage très-long, très-fourni et très-abondant en poils laineux.
Comme le dit M. Temminck, et comme j’ai eu soin de le rappeler, le F. maniculata a
les poils soyeux, courts et serrés , et les poils laineux, rares. Le pelage est, chez le F. libyca,
très-fourni, épais, moelleux, et remarquable par l’abondance et la longueur des
poils laineux.
La couleur générale du dessus de la tête, du corps et de la queue , est le fauve grisâtre:
près de la ligne médiane; le fauve grisâtre est fortement nuancé de noirâtre, les poils
ayant leur pointe noire, et de plus, un autre anneau noir,• etendu, assez près de la
pointe : un anneau fauve sépare les deux anneaux noirs. Sur les parties latérales du dos,
le pelage devient d’un gris légèrement fauve; sur les flancs, il est d’un gris très-tiqueté
de blanc. Ce caractère tient à ce que, parmi les poils de cette région, les uns ont leur
pointe blanchâtre; les autres, un grand anneau blanchâtre très-près de la pointe, noire
seulement sur une très-petite étendue. La face externe des membres est de même couleur
que les flancs, mais avec quelques barres transverses brunâtres, fort irrégulières et
comme à demi effacées. Le dessous du corps, sauf la gorge qui est blanche, est d’un
roussâtre pâle, tirant en quelques parties sur le blanc : il présente en quelques parties
aussi des vestiges de taches rousses arrondies. Vers le haut et en dedans des membres antérieurs
existent deux barres transverses noirâtres, dont l’inférieure seule est très-marquée.
Les carpes et métacarpes, tarses et métatarses, sont, en avant, d’un gris fauve qui,
inférieurement, sur les doigts, passe au brunâtre. Le derrière des carpes et métacarpes,
des tarses et métatarses, le dessous des doigts, sont d’un noir parfait.
La queue,est, dans ses deux premiers tiers, d’un roiix grisâtre en dessus, et d’un gris
tiqueté de blanc sur les côtés. Inférieurement, elle est, dans son premier tiers, d’un fauve
clair pur, puis grisâtre. Des vestiges d’anneaux noirâtres existent dans le second tiers. Le
troisième tiers de la queue est annelé de noir et d’une couleur qui passe de plus en plus
au blanc pur à mesure qu’on se rapproche du bout de la queue. Les anneaux noirs deviennent
aussi de plus en plus distincts. Sous toutes les inflexions de la lumière, on distingue
nettement deux anneaux noirs, non compris l’anneau noir terminal. Sous certaines
inflexions de la lumière on aperçoit un et même deux anneaux de plus, qui, sous d’autres
inflexions, deviennent très-confus.
Le dessus de la tête est, comme je l’ai dit, d’un fauve grisâtre comme le dessus du
corps ; mais ni les oreilles ni la face ne sont de cette couleur. Les oreilles, blanches ou
blanchâtres en dedans, sont couvertes en dehors de poils ras d’un brun roux tirant sur le
marron. Les poils qui sp rapprochent le plus de l'extrémité sont plus foncés que les
autres, et opèrent la transition insensible des poils d’un brun roux à quelques poils noirs
qui garnissent 1 angle supérieur de l ’oreille, et qui le dépassent, en offrant la disposition
d un tres-peht pinceau Le nez, 1 espace compris entre lui et les yeux, une partie du dessous
de 1 orbite une ligne allant de son angle externe vers l’oreille, une autre partant parallèlement
de fangle interne, sont d’un roux peu différent de la couleur des oreilles, mais un
peu plus pale. La levre supérieure, les deux paupières, et une petite tache au-dessus de
angle externe de 1 oeil, sont d’un fauve clair et presque blanchâtre. Enfin, la lèvre inférieure,
le dessous de la mâchoire inférieure et la gorge sont blancs.
La distance dû bout du museau à l’anus est d’un peu moins de 6 décimètres La
queue, a peu près aussi longue que chez le F. cafra, mesure 3 décimètres et demi.
Tout récemment, je me suis procuré, pour le Muséum d’histoire naturelle, par la voie
du commerce, un jeune sujet venant d’Oran. Il a près d’un demi-mètre du bout du museau
a l anus, et par conséquent, n’avait point encore pris toute sa taille. Ses couleurs
sont néanmoins deja presque celles de l’adulte : seulement, le ventre est un peu plus pâle
et presente des taches un peu plus marquées sur les parties latérales ; ceux des anneaux
de la queue, qui sont situés vers les deux tiers de sa longueur, sont plus nettement mâr-
ques, et les poils noirs du bout de l’oreille, plus nombreux et un peu plus allongés forment
plus distinctement le pinceau.
Un autre individu, de même taille que ce dernier, mais venant d’Abyssinie, selon les
renseignements qui m’ont été remis, a aussi la même coloration générale, et notamment
le haut de l’oreille plus coloré de noir, sur la face externe , que chez l’adulte; mais les
taches inférieures sont beaucoup plus distinctes, non.seulement que chez l’adulte, mais
aussi que chez le jeune sujet d’Oran dont je viens de parler. Ces taches, de forme arrondie,
sont d’un gris roussâtre sur les flancs et d’un brun roux soiis le ventre.
C’est à cette espèce que doit être rapporté, selon toute probabilité, le Lynx botté de
bruce (i-^îLa description qu’il donne de cet animal, a été regardée comme très-inexacte,
parce qu on voulait retrouver dans le Lynx botté de cet auteur le F. caligata de M Tem-
minck.
« Bruce, » dit M. Cuvier (2), « fait son animal un peu plus petit, et lui donne la queue
« un peu plus longue à proportion; mais on est accoutumé avec lui à ces inexactitudes. »
Cest à tort, cette fois, que Bruce a été accusé d’inexactitude, quant à son texte du
moins.(3). Sa description, assurément, n’est point telle qu’eût pu la faire un zoologiste
consciencieux et exercé : mais elle est du moins très-reconnaissable. Ce qu’il dit (4) du
desspus des yeux, et du côté du museau, qu’il représente comme étant d’un rouge brun,
ainsi que 1 extérieur des oreilles, mais un peu plus foncés que celles-ci; la description qu’il
donne des pattes, et ses mesures, s’accordent aussijbien avec les caractères du F. libyca qu’ils
saccordent mal avec ceux du i l caligata. Je dois faire remarquer que, selon Bruce, le
Lynx botté avait le ventre d’un blanc sale tacheté de rouge. Notre individu a le ventre
(i) Voyage aux sources du Nil, Londres, 179a, tom. XIII, p. aa8.
(a) Ossements fossiles, ae édition, tom. IV, p. 441.
J ? ) Da“ s la figure, on a donné aux poils des oreilles une longueur qui n’existe chez aucun véritable Chat. Cette
figure présente aussi d’autres inexactitudes.
(4) P. a33. Buffon d it , d’qprès Bruce, que la queue est blanche à Textrémité et ceinte de quatre anneaux noirs. Il
faut entendre, p a r c e passage, qu’il existe, sur un fond blanc, des anneaux noirs, l’un desquels d’ailleurs est terini-
ü i Chat d eBruce avait eu réellement l’extrémité de la queue blanche, il serait très-distinct, non-seulement du
Chat libyque, mais de tous les autres véritables Chats. .
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