NOTICE
Sur le Papyrus hiératique et les Peintures
du cercueil de Pétaménoph ;
P a r M. CHAMPOLLION £ e j e u n e .
Dans íes temps antérieurs à la conquête des
Perses, cest-à-dire, à l’époque où la nation égyp-
tien ne , soumise à des rois autocfithones, se
gouvernait par ses propres lois, et remplissait
avec ferveur les rites prescrits par les livres
sacrés, on plaçait constamment auprès du corps
embaumé de chaque défunt une copie plus
ou moins soignée du grand ouvrage intitulé
DJOM-aN-ROOU-NA-HORT-heM-HROU-RÈ, c’est-à-
dire, le Livre des portes concernant la manifestation
a la lumière, recueil très-étendu de formules
relatives à l’embaumement, au transport
des morts dans les hypogées, et contenant une
foule de prières adressées à toutes les divinités
qui pouvaient décider du sort de l’ame, soit
dans i’Amenti, où elle était jugée, soit dans les
régions mystiques qu’elle était censée devoir
habiter avant de recommencer le cours de ses
transmigrations. Les momies les plus anciennes
portent avec elles, soit sous les enveloppes qui
les couvrent, soit dans l’un des cercueils en bois
peint qui les renferment, un exemplaire complet
de cette grande composition religieuse, ou
tout au moins une portion très-considérable * la
première e t la seconde, ou la seconde et la troisième
des grandes subdivisions de ce formulaire.
Mais à mesure que les corps embaumés appartiennent
à une époque plus rapprochée de nous,
on observe que les manuscrits funéraires deviennent
plus rares, moins étendus et infiniment
négligés sous le rapport calligraphique.
On reconnaît aisément que cette influence qui
amena la décadence complète de l’art égyptien
agit en même temps et d’une manière tout aussi
fâcheuse, et sur l’attachement du peuple aux
croyances de ses ancêtres , et sur I accomplissement
des coutumes religieuses qui pour l’Egypte
étaient l’une des principales conditions
de son existence politique et sociale. Cette contrée,
soumise à la domination étrangère, vit ses
arts se corrompre à mesure qu’on abandonna
peu à peu les pratiques en vigueur, aux anciennes
époques, et le ‘luxe des sépultures diminua en