des simulacres de scarabées sacrés : mais nous avons
ignoré jusqua ce jour qu’un insecte très-différent
des précédens, une espèce de brachycère, servît
aussi de talisman; c’est à M. Cailliaud, qui a rendu
des services si importans à la géographie et aux
sciences naturelles, que nous devons la connaissance
de ce fait curieux. Je mets sous les yeux de l'Académie
l’objet lui-même , et tel qu’il a été préparé
par les femmes nègres du royaume de Bertât, vaste
contrée située au sud du Sennâr, entre le fleuve
Bleu et le fleuve Blanc.
L’insecte dont il s’agit ici, a, ainsi que les autres
braehycères, les élytres très-dures, soudées, et embrassant
les côtés de l’abdomen. II paraît , d’après
l’individu rapporté par ce voyageur, qu’afin de
pouvoir suspendre au cou le cadavre de l’animal,
on lui arrache d’abord la tête et les pieds, et qu’on
lui fait un trou sous le ventre pour le vider; on introduit
ensuite dans l’intérieur du corps l’extrémité
d’une lanière de cuir, en la faisant passer par l’ouverture
antérieure du corselet ou prothorax; onia
fait sortir par celle qu’on a pratiquée sur le dessous
de l’abdomen; afin d’y former un noeud qui, renfermé
dans la cavité abdominale, empêche le corps de
l’insecte de couler ; l’autre extrémité de la lanière
va en s’élargissant; et s’attache probablement au
collierou à tout autre suspensoir. Quoique I insecte
soit mutilé, il est néanmoins facile de jug’er, parla
DESCRIPTION DES INSECTES. 291
comparaison des parties restantes, qu’il appartient
au genre Brachycère, établi par Olivier aux dépens
de celui de Charanson \Curculio] de Linné. Cette
espèce se rapproche beaucoup de celles qu’on a
désignées sous les noms iïa p te ru s, globosus, ver-
rucosus, Qrc. ; mais elle s’en éloigne en ce que le
milieu du corset n’offre ni côtes ni sillons. Le segment
thoracique est charge de petites aspérités en
forme de grains, caractère qui me paraît être exclusivement
propre à certaines espèces du Cap de Bonne-
Espérance ou de l’Afrique méridionale. Celle-ci est
inédite, et recevra la dénomination de sacré [sacer\ :
elle est une des plus grandes du genre. Le fond de
sa couleur estd’un cendré obscur, tirant un peu sur
le brun, et parsemé de points d’un noir très-luisant,
formés par de petits grains aplatis, et qui, confluens
sur les côtés des élytres et à l’extrémité postérieure
ët dorsale du corselet, s’y convertissent en
rides. Chaque côté de ce segment thoracique présente
une dent courte ou une petite épine; à son
extrémité antérieure | sont deux éminences déprimées
: èt ponctuées, réunies par-devant et dilatées
postérieurement presque en manière de triangle.
Chaque élytre offre deux rangées dorsales de tubercules
déprimés, d’un noir luisait; peu nombreux, ou
séparés par d’assez grands intervalles. Les rebords de
la suture forment antérieurement une ride longitudinale.