
paroissoit probable que, dans ce dernier, l’influence de la température
pourroit être plus exactement appréciée. Enfin, feu M. Bré-
guet, membre de l’Académie, à qui la marine est si redevable pour
l’admirable perfection de ses chronomètres, me remit aussi un quatrième
pendule construit à ses frais et sous sa direction ; la tige se
composoit de deux lames minces, en bois de sapin verni .maintenues
parallèlement par des brides en laiton ; la lentille étoit aussi en
laiton massif, et le couteau d’un alliage particulier et fort dur.
A ces quatre pendules étoient joints quatre chronomètres de
Berthoud, et un cinquième de Bréguet; un compteur astronomique
marquant les heures,les minutes et les secondes, et dont la
lentille, mobile le long de la tige du balancier, servoit à régler,
selon le besoin, la vitesse de ses oscillations; quelques thermomètres
à mercure, tous soigneusement comparés, et à diverses
températures, avec un thermomètre étalon, de l’Observatoire royal ;
enfin, des baromètres à niveau constant de Fortin.
Dans un observatoire fixe, nos pendules eussent pu reposer
sur des supports solides et invariablement fixés à la muraille ; ne
pouvant espérer, dans nos relâches, une installation aussi commode ,
il fallut y suppléer par un support mobile, et l’on donna la préférence
à un trépied composé de fortes barres de fe r , réunies sous
forme de pyramide triangulaire tronquée et solidement assujetties.
Les arêtes de cette pyramide se terminoient intérieurement en
trois pointes obtuses qui reposoient sur des disques en fer fondu.
Le pendule se plaçoit au milieu de ce trépied. L ’arc d’amplitude
étoit fixe à une traverse située à sa base inférieure, et tout l’appareil
étoit recouvert d’une cage vitrée, de forme pyramidale, parfaitement
close, mais dont une des faces pouvoit s’ouvrir au besoin.
Pendant le voyage, quand le sol sur lequel devoit reposer l’appareil,
n’avoitpas une stabilité convenable, nous faisions établir en
terre, et à la profondeur au moins de cinq pieds, un fort massif en
maçonnerie, terminé par une plate-forme en larges pierres de taille,
embarquées à cet effet; enfin, si le terrain, trop mobile encore, ne
fournissoit pas un p o i n t d’appui suffisant, on plantoit préalablement
au fond de la fosse plusieurs rangées de pilotis sur lesquels on bâ-
tissoit ensuite le massif dont je viens de parler. C ’est ainsi que j en
ai usé sur le sol sablonneux de l’île Rawak et des îles Malouines.
Et dans ce cas là même , pour empêclicr que l’observateur, en marchant,
ne pût influencer l’appareil, on construisoit un plancher en
bois qui, ne touchant le sol qu’à ses extrémités et à un rayon de
six à sept pieds de l’instrument, concouroit à donner aux expériences
la scrupuleuse exactitude qu il falloit atteindie.
S. I I I .
Méthode d ’Observation employée.
L a nature des stations situées sur des cotes desertcs, choisies
d’avance pour être le théâtre de nos observations , fit décider que
nous n’emporterions pas d’horloge astronomique: dès-Jors 1 emploi
des coïncidences dans les expériences du pendule nous étoit
interdit; nous y suppléâmes par le moyen suivant. J ai dit quau
nombre des instrumens destinés à l’expcdition étoit un compteur
astronomique dont le balancier s’alongeoit ou sc raccourcissoit
à volonté : on pouvoit donc établir un synchronisme parfait
entre les oscillations de son balancier et celles du pendule. Une
observation préliminaire faisoit connoître la hauteur à laquelle
la lentille devoit être placée; mais une fois ce point trouvé pour
chacun des pendules, i) étoit facile d’y revenir à l’aide de repères,
sans s’astreindre à de nouveaux tâtonnemens.
En admettant ce synchronisme dans les oscillations, chaque
seconde du compteur répondoit à une oscillation du pendule, une
minute à 6 o , une heure à 3600, et ainsi de suite.
On entrevoit déjà que notre méthode d’observation étoit aussi