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qui ont arrangé toutes les parties de mon corps; ,et voudriez-vous
après cela m’abymer en un moment ?
9. Souvenez-vous, je vous prie, que vous m’avez fait comme un ouvrage
d’argile, et que dans peu de temps vous me réduirez en poudre.
10. Ne m’avez-vous pas fait d’abord comme un lait qui se caille,
comme un lait qui s’épaissit et qui se durcit ?
11. Vous m’avez revêtu de peau et de chair, vous m’avez affermi
d’os et de nerfs;
12. Vous m’avez donné la vie et comblé de bienfaits; et la continuation
de votre secours à conservé mon ame.
13. Quoique vous teniez toutes ces choses cachées en vous-même,
je sais néanmoins que vous vous souvenez de tout.
§. II. Sévérité de Dieu.
14. Si j’ai péché, et si vous m’avez épargné sur l’heure, pourquoi
ne permettez-vous pas que je sois au moins à présent purifié de mon
iniquité ?
iô. Si j’ai été méchant, malheur à moi ! et si je suis juste, je ne
lèverai point la tête, étant accablé d’affliction et de misère.
16. Vous vous saisirez de moi à cause de mon orgueil, comme une
lionne se saisit de sa proie, et vous me tourmenterez de nouveau
d’une terrible manière.
17. Vous produisez contre moi des témoins qui m*accusentvous
multipliez sur moi les effets de votre colère, et je suis assiégé de maux
comme d’une armée.
18. Pourquoi m’avez-vous tiré des entrailles de ma mère? Plût à
Dieu que j’y fiasse mort, et que personne ne m’eût jamais vu !
19. J’aurois été comme Payant point été, n’ayant fait que passer
du sein de ma mère dans le tombeau.
20. Le peu de jours qui me restent ne finira-t-il pas bientôt? Donnez
moi donc un peu de relâche, afin que je puisse respirer dans ma
douleur :
21. Avant que j’aille, sans espérance d’aucun retour, en cette terre
ténébreuse, couverte de l’obscurité de la mort ;
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22. Cette terre de misère et de ténèbres, où habite l’ombre de la
mort, où tout est sans ordre et dans une éternelle horreur.
C H A P I T R E XI .
§. I . Sophar accuse J o b de présomption et d'orgueil.
1. S o phar de Naamath parla ensuite de cette sorte :
2. Celui qui se répand en tant de paroles, n’écoutera-t-il pas à son
tour? et suffira-t-il d’être un grand parleur pour paroître juste?
3. Faut-il que tous les hommes se taisent pour vous entendre seul?
et après vous être moqué des autres, n’y aura-t-il personne qui vous
confonde ?
4. Car vous avez dit à Dieu : Ma conduite est pure, et je suis sans
tache devant vos yeux.
5. Qu’il seroit à souhaiter que Dieu parlât lui-même avec vous et
qu’il ouvrît sa bouche,
6. Pour vous découvrir les secrets de sa sagesse et la multitude des
préceptes de sa loi, et pour vous faire comprendre qu’il exige beaucoup
moins de vous que ne mérite votre iniquité !
7. Prétendez-vous sonder ce qui est caché en Dieu, et connoître
parfaitement le Tout-puissant?
8. Il est plus élevé que le ciel ; comment y atteindrez-vous ? II est
plus profond que l’enfer; comment pénétrerez-vous jusqu’à lui ?
9. La longueur de la terre et la largeur de la mer nous étonnent j
mais il s’étend au-delà de l’une et l’autre.
1 o. S’il renverse tout, s’il confond toutes choses ensemble, qui pourra
s’opposer à lui?
11. Car il connoît la vanité des hommes ; il découvre leur iniquité ;
elle est toujours présente devant ses yeux.
§. IL Suite du discours de Sophar.
12. L ’homme vain s’élève en des sentimens d’orgueil, et il se croit
né libre comme le petit de l’âne sauvage.
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