116 J O B^.
étoient arrivés, et étant partis chacun de leur pays le vinrent trouver,
Eliphas de Théman, Baldad de Suh, et Sophar de Naamath. Car ils
s’étoient donné jour pour le venir voir ensemble, et le consoler.
12. Lors donc que de loin ils eurent levé les yeux pour le considérer,
ils ne le reconnurent point ; et ayant jeté un grand cr i, ils commencèrent
à pleurer. Us déchirèrent leurs vêtemens , ils jetèrent de la
poussière en l’air pour la fa ire retomber sur leur tête.
13. Ils demeurèrent avec lui assis sur la terre durant sept jours et
durant sept nuits, et nul d’eux ne lui dit aucune parole, parce qu’ils
voyoient que sa douleur étoit excessive.
C H A P I T R E I I I .
§. I. J o b témoigne sa douleur.
i A près cela, Job ouvrit la bouche, et maudit le jour de sa nais-
sance ;
а. . Et il parla de celle sorte : 3. Que le jour auquel je suis né périsse , et la nuit en laquelle il a
été d it, Un homme est conçu !
4. Que ce jour se change en ténèbres ; que Dieu ne le regarde
mm plus du ciel que s’i l n’avoit jamais étés qu’' l ne solt Polnt éclairé
de la lumière !
5. Qu’il soit couvert de ténèbres et de l’ombre de la mort, qu’une
sombre obscurité l’environne, et qu’il soit plongé dans l’amertume !
б. Qu’un tourbillon ténébreux règne dans cette n u it, qu’elle ne
soit point comptée parmi les jours de l’année, ni mise au nombre des
mois ! . . .
y. Que cette nuit soit dans une affreuse solitude, et qu’elle ne soit
jamais jugée digne de louanges !
8. Que ceux qui maudissent le jour la maudissent, ceux qui sont
prêts de susciter Léviathan !
9. Que les étoiles soient obscurcies par sa noirceur, qu’elle attende
la lumière, et qu’elle ne la voie point ; et que l’aurore, lorsqu’elle
commence de paroître, ne se lève point pour elle ;
J O B . I l 7
10. Parce qu’elle n’a point fermé le sein qui m’a porté, et qu’elle n’a
point détourné de moi les maux qui rn accablent !
11. Pourquoi ne suis-je point mort dans le sein de ma mère? Pourquoi
n’ai-je point cessé de vivre aussitôt que j’en suis sorti?
§. II. Job maudit sa naissance.
12. Pourquoi celle qui m’a reçu en naissant, m’a-t-elle tenu sur
ses genoux ? pourquoi ai-je été nourri du lait de la mamelle ?
13. Car je dormirois maintenant dans le silence, et je me reposerois
dans mon sommeil
14. Avec les rois et les consuls de la terre, qui durant leur vie se
bâtissent des tombeaux dans les solitudes,
15. Ou avec les princes qui possèdent l’or, et qui remplissent d’argent
leurs maisons.
16. Je n’aurois point paru dans le monde, non plus qu’un fruit avorté
dans le sein de la mère, ou que ceux qui ayant été conçus n’ont point
vu le jour.
17. - C’est là que le grand bruit qu’ont fait les impies s’est enfin terminé
; c’est là que les forts, après leur travail e/leur lassitude, trouvent
leur repos.
18. C’est là que ceux qui étoient autrefois enchaînés ensemble ne
souffrent plus aucun mal, et qu’ils n’entendent plus la voix de ceux
qui exigeoient d’eux des travaux insupportables.
19. Là, les grands et les petits se trouvent égaux; là, l’esclave est
affranchi de la domination de son maître.
20. Pourquoi la lumière a-t-elle été donnée à un misérable, et la vie
à ceux qui sont dans l’amertume du coeur ?
2 1. Qui attendent la mort, et la mort ne vient point ; qui la cherchent
comme s’ils creusoient dans la terre pour trouver un trésor,
22. Et qui sont ravis de joie lorsqu’ils ont enfin trouvé le tombeau.
23. Pourquoi la vie a-t-elle été donnée à un horrtme qui marche
dans une route qui lui est inconnue, et que Dieu a environnée de ténèbres
?