Ainsi le Seigneur lui augmenta encore sa beauté, afin de la faire pa*
roître aux yeux de tous dans une beaute incomparable. 5. Elle donna à sa servante à porter un petit vaisseau ou il y avoit
du vin, un vase d’huile, de la farine, des figues seches, du pain et
du fromage , et elle s’en alla.
6. Etant arrivée avec sa servante à la porte de la ville, elle trouva
Ozias et les anciens de la ville qui l’attendoient.
7. Ils furent dans le dernier étonnement en la voyant, et ils ne pou-
voient assez admirer son extraordinaire beauté.
8. Ils ne lui firent néanmoins aucune demande, mais ils la laissèrent
passer, en lui disant : Que le Dieu de nos pères vous donne sa grâce,
et qu’il affermisse par sa force toutes les résolutions de votre coeur 9
afin que Jérusalem se glorifie en vous, et que votre nom soit au nombre
des saints et des justes.
9. Et ceux qui étoient présens répondirent tous d’une voix : Que
cela soit ainsi, que cela soit de la sorte.
10. Mais Judith priant Dieu passa les portes, elle et sa servante.
§. II. Judith est prise et conduite à Hohferne.
11. Comme elle descendoit de la montagne vers le point du jour, les
gardes avancées des Assyriens la rencontrèrent, et la prirent, en lui
disant : D’où venez-vous ? et où allez-vous ?
12. Elle leur répondit : Je suis fille des Hébreux ; je me suis enfuie
d’avec eux , ayant reconnu que vous devez prendre et piller leur ville,
parce qu’ils vous ont méprisés , et qu’ils n’ont pas voulu se rendre à
vous volontairement, afin que vous leur fissiez miséricorde.
13. C’est pourquoi j’ai dit en moi-même : Je m’en irai trouver le
prince Holoferne pour lui découvrir leurs secrets, et pour lui donner
un moyen de les prendre sans perdre un seul homme de son armée.
14. Ces soldats ayant entendu ces paroles, considéroient son visage,
et leurs yeux étoient tout surpris, tant ils admiroient sa rare beauté.
15. Et ils lui dirent : Vous avez sauvé votre vie par cette résolution
que vous avez prise de venir trouver notre prince ;
16. Et vous devez vous assurer que lorsque vous paroîtrez devant
lu i, il vous traitera parfaitement bie^, et que vous lui serez très-
agréable. Ils la menèrent donc à la tente d’Holoferne , et lui firent
savoir qu’elle étoit là.
17. Elle entra ensuite; e t , ayant pâru devant Holoferne , il fut
aussitôt pris par les yeux.
18. Ses officiers lui dirent : Qui pourroit mépriser le peuple des
Hébreux, qui ont des femmes si belles ? qu’elles méritent bien que
nous combattions contre eux pour elles !
19. Et Judith voyant Holoferne assis sous son pavillon qui étoit de
pourpre en broderie d’or, relevé d’émeraudes et de pierres précieuses,
20. Ayant arrêté les yeux sur son visage, elle se prosterna en terre,
et l’adora ; et les gens d’Holoferne la relevèrent par le commandement
de leur maître.
C H A P I T R E XI .
§. I. Comment Holoferne reçoit Judith. Discours de Judith.
1. A l o r s Holoferne lui dit : Ayez bon courage; bannissez la crainte
de votre coeur, parce que je n’ai jamais fait de mal à qui que ce soit
qui ait voulu servir le roi Nabuchodonosor.
2. Que si votre peuple ne m’ayoit point méprisé, je n’aurois point
tourné mes armes contre lui. .
3. Mais, dites-moi, d’où vient que vous les avez quittés, et que
vous vous êtes résolue de venir yers nous ?
• 4. Judith lui répondit : Recevez les paroles de votre servante, parce
que, si vous ajoutez foi à ce que votre servante vous dira, Dieu achèvera
d’accomplir à votre égard ce qu’il a résolu.
5. Vive Nabuchodonosor, roi de la terre, et sa puissance qui est en
vous pour châtier toutes les âmes qui se sont égarées 1 Car non-seulement
les hommes lui sont asservis par vous , mais vous lui assujettissez
même les bêtes des champs.
6. La sagesse de votre esprit s’est rendue célèbre dans toutes les nations.
Tout le monde publie que vous êtes le seul dont la puissance et
la capacité éclate dans tout son royaume, et votre discipline militaire
est louée dans tous les pays.
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