s i . Si j’ai levé la main sur le pupille, lors même que je me voyais le
plus fort dans l’assemblée des juges ;
S2. Que mon épaule tombe étant désunie de sa jointure, et que
mon bras se brise avec tous ses os :
s 3. Car j’ai toujours craint Dieu comme des flots suspendus au-
dessus de moi, et je n’en ai pu supporter le poids.
s 4. Si j’ai cru que l’or étoit ma force; si j’ai dit à l’or le plus pur,
Vous êtes ma confiance ;•• •' •
s5. Si j’ai mis ma joie dans mes grandes richesses , et dans les
grands biens que j’ai amassés par mon travail ;
s 6. Si j’ai regardé le soleil dans son grand éclat, et la lune lors*-
qu’elle étoit la plus claire ;
27. Si mon coeur alors a ressenti une secrette jo ie, et si j’ai porté
ma main à ma bouche pour la baiser,
28. Ce qui est le comble de l’iniquité, et un renoncement du Dieu
très-haut ;
29. Si je me suis réjoui de la ruine de celui qui me haïssoit, et si
j’ai été ravi de ce qu’il étoit tombé dans quelque mal :
30. Car je n’ai point abandonné ma langue au péché pour faire des
imprécations contre celui qui ne m’aimoit pas.
§. III. J o b continue d'exposer les désordres dont i l n e s t
pas coupable.
31. Si les gens de ma maison n’ont pas dit de moi , Qui nous
donnera de sa chair, afin que nous en soyons rassasiés ?
32. L ’étranger n’est point demeuré dehors , ma porte a toujours
été ouverte au voyageur.
33. Si j’ai tenu mon péché secret, comme les hommes fo n t d’ordinaire
y et si j’ai caché dans mon sein mon iniquité ;
3q. Si la grande multitude m’a épouvanté, ou si j’ai été effrayé par
le mépris de mes proches; si je ne suis pas au contraire demeuré
dans le silence, sans sortir la porte de ma maison.
35. Qui me donnera une personne qui m’entende , afin que le
\.ç y
Tout-puissant écoute ce que je desire lui représenter, et que celui
qui juge écrive tout lui-même dans un livre ?
36. Afin que je porte ce livre sur mon épaule, et que je le mette
autour de ma tête comme une couronne.
37. A chaque pas que je ferai, j’en prononcerai les paroles, et je le
présenterai à quiconque m’écoulera y comme à mon prince et à mon
juge.
38. Si la terre que je possède crie contre moi, et si ses sillons
pleurent avec elle ;
’3p. Si j’en ai mangé les fruits sans donner d’argent, et si. j ’ai affligé
le coeur de ceux qui l’ont cultivée ;
40. Qu’elle produise pour moi des ronces au lieu de froment, et
des épines au lieu d’orge.
C H A P I T R E X X X I I .
§. I. Discours d’Eliu.
1. A P R È s cela les trois amis de Job cessèrent de lui répondre, voyant
qu’il continuoit à se croire juste.
2. Et alors E liu , fils de Barachel de Buz, de la famille de Ram,
entra dans une grande colère, et se fâcha contre Job de ce qu’il
assuroit qu’il étoit juste devant Dieu.
3. Il s’irrita aussi contre ses amis, de ce qu’ils n’avoient rien trouvé
de raisonnable pour répondre à Job, mais qu’ils s’étoient contentés
de le condamner.
4. Eliu attendit donc tant que Job parla, parce qu’il étoit moins
âgé que ceux qui lui avoient répondu.
5. Mais, voyant qu’ils n’avoient pu tous trois rien répondre à Job y
il fut transporté de colère.
6. Et voici la manière dont Eliu, fils de Barachel, originaire de
Buz, leur parla : Je suis le plus jeune, et vous êtes plus vieux que
moi. C’est pourquoi j e suis demeuré la tête baissée, sans oser seulement
dire mon avis.
7. Car je m’attendois qu’un âge si avancé vous donneroit des pa