7. Toutes les nations s’émurent aux cris qu’ils jetèrent, et elles se
disposèrent à combattre contre la nation des justes.
8. Ce jour fut un jour de ténèbres, de périls, d’affliction, de serrement
de coeur, et d’une grande épouvante sur la terre.
9. La nation des justes fut saisie de trouble, appréhendant les maux
qu’on lui avoit préparés, et se disposant à la mort.
10. Ils crièrent à Dieu ; ét au bruit de leurs cris et de leurs plaintes,
une petite fontaine devint un grand fleuve, et répandit une grande
abondance d’eaux.
11. La lumière pafüt, et le soleil se leva ; les humbles furent élevés
de la bassesse, et ils dévorèrent ceux qui étoient dans l’éclat.
12. Mardochée ayant eu cette vision en songe, et s’étant levé de
son lit, pensoit en lui-même à ce que Dieu vouloit faire. II grava cette
vision dans son coeur , ayant grande envie de savoir ce que ce songe
lui pouyoit marquer.
C H A P I T R E X I I .
§. I. Conspiration découverte par Mardochée.
. .M * rdochée demeuroit alors à la cour du roi Assuérus, avec
Bagatha et Thara, eunuques du roi, qui étoient les gardes de la porte
du palais.
2. Et ayant approfondi leurs pensées, et reconnu par une exacte recherche
tous leurs desseins, il découvrit qu’ils avoient entrepris sur la
vie du roi Artaxercès, et il en donna avis au roi.
3. Le roi commanda qu’on leur donnât la question à tous deux ; et
ayant confessé leur crime, il les fit mener au supplice.
4. Le roi fit écrire en des mémoires ce qui s’étoit passé alors ; et
Mardochée le mit aussi par écrit pour en conserver le souvenir.
5. Le roi lui commanda de demeurer dans son palais, et il lui fit des
présens pour l’avis qu’il lui avoit donné.
6. Mais Aman, fils d’Amadath Bugée, avoit été élevé par le roi en
grande gloire ; et il voulut perdre Mardochée et son peuple, à cause
de ces deux eunuques du ro i, qui avoient été tués,
C H A P I T R E XI I I .
§. I. Lettre d'Aman qui ordonne defaire mourir tous les Lu fs.
Copie de la Lettre qu’Aman envoya aux gouverneurs des provinces , pour
faire mourir tous les Juifs.
1 • L E grand roi Artaxercès, qui règne depuis les Indes jusqu’en Ethiopie,
aux princes des cent vingt-sept provinces, et aux seigneurs soumis
à son empire, salut.
2. Quoique je commandasse à tant de nations, et que j’eusse soumis
tout l’univers à mon empire, je n’ai pas voulu abuser de la grandeur
de ma puissance, mais j’ai gouverné mes sujets avec clémence et avec
douceur, afin que passant leur vie doucement et sans aucune crainte,
ils jouissent de la paix qui est si souhaitée de tous les hommes.'
3. Et ayant demandé à ceux de mon conseil de quelle manière je
pourrois accomplir ce dessein, l’un d’entre eux, élevé par sa sagesse
et par sa fidélité au dessus des autres, et le second après le roi, appelé
Aman,
4. Nous a donné avis qu’il y a un peuple dispersé dans toute la terre,
qui se conduit par de nouvelles lois, et qui, s’opposant aux coutumes
des autres nations, méprise les commandemens des rois, et trouble
par la contrariété de ses sentimens, la paix et l’union de tous les peuples
du monde.
5. Ce qu’ayant appris, et voyant qu’une seule nation se révolte contre
toutes les autres, suit des lois- injustes ,■ combat nos ordonnances, et
trouble la paix et la concorde des provinces qui nous sont soumises,
6. Nous avons ordonné que tous ceux qu’Aman, qui commande à
toutes les provinces, qui est le second après le roi, et que nous honorons
comme notre père, aura fait voir être de ce peuple, soient tués
par leurs ennemis, avec leurs femmes et leurs enfans, le quatorzième
jour d’Adar, le douzième mois de cette année, sans que personne en
ait aucune compassion ;
7. Afin que ces scélérats descendant tous aux enfers en un même
jour, rendent à notre empire la paix qu’ils avoient troublée.