A R G U M E N T .
Ce livre contient d’excellens exemples de piété, de foi, de patience dans les
maux , de justice, de charité envers le prochain, de chasteté et de continence
dans le mariage, de détachement des biens et des grandeurs de ce monde, et de
l’éducation qu’un père fidèle doit à ses enfans 5 et T obi e dont on décrit ici
uniquement l’histoire, et qui a donné le nom à ce livre, est proposé ici comme un
modèle parfait de toutes les vertus. Le Seigneur éprouva sa fidélité par diverses
tribulations ; il fut emmené captif à Ninive, avec sa femme et son fils, par Salma-
nasar, roi d’Assyrie , lorsque ce prince prit Samarie , et qu’ il ruina le royaume
d’ Israël et des.dix tribus} ce qui arriva la neuvième année d’Osée, roi d'Israël,et
la sixième d’Ezéchias, roi de Juda, l’an du monde 32 83. Tobie fut d’abord très-bien
traité par Sennacbérib, comme l’insinue le texte grec j mais ensuite il encourut sa
disgrâce par sa piété envers les morts, auxquels il s’appliqua toujours de donner la
sépulture, malgré ses défenses. Agé de J 6 ans, il perdit la vue5 mais Dieu la lui
rendit miraculeusement quatre ans après, (chap. 14 ? v. 2 et 3. ) Il laissa dans
son fils une postérité nombreuse, et prédit avant sa mort la ruine de Ninive. Il
mourut âgé de 102 ans.
On croit que cette histoire a été écrite par les deux Tobies, père et fils , selon
qu’ils en avoient regu l’ordre de l’ange Raphaël , ( c h . 12 , v. 2 0 ) selon que
porte l’hébreu, le syriaque et le grec : ils y parlent même toujours en première
personne. Ce livre a d’abord été écrit en cbaldéen, langue du pays où demeurèrent
les deux Tobies pendant leur captivité 5 et c’est sur ce texte que nous n’avons plus,
que saint Jérôme l’a traduit, à la prière des évêques Cbromatius et Héliodore, mais
avec le secours d’un interprète.
Les Juifs n’ont pas mis ce livre dans leur canon ; mais il n’ont pas laissé de
l’estimer beaucoup, et d’en croire l’histoire très-véritable j et l’Eglise l’a compris au
nombre de ses livres canoniques, qu’elle regarde comme inspirés et dictés par le
Saint-Esprit.
T O B I E.
C H A P I T R E I.
§. I. Fidélité de Tobie à garder la Loi.
1. T obi e , de la tribu et de la ville de Nephthali qui est dans la
haute Galilée , au dessus de Naasson , derrière le chemin qui mène
vers l’occident, ayant à sa gauthe la ville de Sépher,
Z. Fut emmené captif du temps de Salmanasar, roi des Assyriens ;
et dans sa captivité même il n’abandonna point la voie de la vérité ;
3. Ensorte qu’il distribûoit tous les jours ce qu’il pouvoit avoirà ceux
de sa nation, ses frères qui étaient captifs avec lui.
4. Et quoiqu’il fût le plus -jeune de- tous ceux de la tribu de Nephthali
, il ne fit néanmoins rien paraître dans toutes §es actions qui tînt
de l’enfance. 5. Enfin, lorsque tous alloient adorer les veaux d’or que Jéroboam,
roi d’Israël, avoit faits, il fuyoit seul la compagnie de tous les autres ;
6. Et il alloit à Jérusalem au temple du Seigneur, où il adorait le
Seigneur le Dieu d’Israël, offrant fidèlement les prémices et les dîmes
de tous ses biens ;
7. Et la troisième année, il distribûoit aux prosélytes et aux étrangers
ce q itil avoit mis à part de toute sa dîme.
8. Il observoit ces choses et d’autres semblables conformément à la
loi de Dieu, lorsqu’il n’étoit encore qu’un.enfant.
§. 11. Soin que Tobie prend de l’éducation de son fils.
9. Mais lorsqu’il fut devenu homme, il épousa une femme de sa
tribu, nommée Anne, et en eut un fils auquel il donna son nom ;
10. Et il lui apprit-dès.son enfance à craindre Dieu, et à s’abstenir
de tout péché.
11. Lors donc qu’ayant été emmené captif avec sa femme, son fils
et toute sa tribu , il fut arrivé dans la ville de Ninive,
\z. Quoique tous les autres mangeassent des viandes des Gentils,