n 8 J O B.
24. Je soupire avant que de manger, et les cris que je fais sont com me
le bruit d’un débordement de grandes eaux.
s 5. Parce que ce qui faisoit le sujet de ma crainte m’est arrivé, et
que les maux que j’appréhendois sont tombés sur moi.
26. N’ai-je pas toujours conservé la retenue et la patience ? n’ai-je
pas gardé le silence ? ne me suis-je pas tenu dans le repos ? Et cependant
la colère de Dieu est tombée sur moi !
C H A P I T R E I V .
§. I. Eliphas reprend J oh de ses plaintes.
1. A l o r s Eliphas deThéman, prenant la parole, dit à Job :
2. Vous trouverez peut-être mauvais si nous vous parlons ; mais qui
pourroit retenir ses paroles en une telle rencontre ?
3. Vous en.avez autrefois instruit plusieurs, et vous avez soutenu
les mains lasses e/affoiblies ;
4. Vos paroles ont affermi ceux qui étoient ébranlés, et vous avez
fortifié les genoux tremblans : 5. Cependant la plaie de Dieu vient sur vous, et vous perdez courage
! il vous frappe, et vous êtes dans le trouble !
6. Où est cette crainte de D ieu , où est cette force, cette patience
et cette perfection qui ont paru dans toutes vos voies?
7. Considérez , je vous prie, si jamais un innocent est péri, ou si
ceux qui avoient le coeur droit ont été exterminés?
8. Ne voyons-nous pas au contraire, que ceux qui travaillent tant à
faire des injustices, qui sèment les maux et qui les recueillent,
9. Sont renversés tout d’un coup par le souffle de Dieu, et sont emportés
par le tourbillon de sa colère ?
§. II. Eliphas fa it voir la foihlesse de l'homme.
10. L e rugissement du lion et la voix de la lionne ont été étouffes,
et les dents des lionceaux ont été brisées.
11. L e tigre est mort, parce qu’il n’avoit point de proie, et les petits
du lion ont été dissipés.
12. Cependant une parole m’a été dite en secret, et j’en ai entendu
à peine les foibles sons qui se déroboient à mon oreille.
13. Dans l’horreur d’une vision de nuit, lorsque le sommeil assoupit
davantage tous les sens des hommes,
14. Je fus saisi de crainte et de tremblement, et la frayeur pénétra
jusqu es dans mes os.
15. Un esprit vint se présenter devant moi, et les cheveux m’en
dressèrent à la tête.
16. Je vis quelqu’un dont je ne connoissois point le visage, un spectre
parut devant mes yeux, et j’entendis une voix Joible comme un petit
souffle, qui me dit :
17. L’homme osera-t-il se dire juste en se comparant à Dieu, et
sera-t-il plus pur que celui qui l’a créé ?
18. Ceux mêmes qui servoient Dieu n’ont pas été stables, et il a
trouvé du déréglement jusques dans ses anges.
19. Comment donc ceux qui habitent en des maisons de boue, qui
n’ont qu’un fondement de terre, ne seront-ils pas beaucoup plutôt
consumés et comme rongés des vers ?
20. Du matin au soir ils seront exterminés; et parce que tu l d’eux
n’a l’intelligence , ils périront pour jamais.
21. Ceux qui seront restés de leur race seront emportés , et ils
mourront, parce qu’ils n’ont point eu la sagesse.
C H A P I T R E V .
§. I. Ma lh eur de l'insensé.
1. A p pelez donc à votre secours, s’il y a quelqu’un qui vous réponde
, et adressez-vous à quelqu’un des saints.
2. Certes, la colère fait mourir l’insensé , et l’envie tue les petits
esprits. 3. J’ai vu l’insensé qui paroissoit affermi par de profondes racines,
et j’ai dans l’instant donné ma malédiction à tout son vain éclat.
4. Ses enfans, bien loin de trouver leur salut, seront foulés aux pieds
à la porte, et il ne se trouvera personne pour les délivrer.