nommé auprès d’elle; mais la sagesse a une secrette origine d’où elle
se tire.
19. On ne la comparera point avec la topaze de l’Ethiopie, ni avec
les teintures les plus éclatantes.
20. D’où vient donc la sagesse? et où l’intelligence se trouve-t-elle?
21. Elle est cachée aux jeu x de tous ceux qui vivent; elle est
inconnue aux oiseaux même du ciel.
22. La perdition et la mort ont dit : Nous avons ouï parler d’elle.
23. C’est Dieu qui comprend quelle est sa voie; c’est lui qui connoît
le lieu où elle habite.
24. Car il voit le monde d’une extrémité à l’autre, et il considère
tout ce qui se passe sous le ciel.
2Ô. C’est lui qui a donné du poids aux vents; c’est lui qui a pesé et
mesuré l’eau,
26. Lorsqu’il prescrivoit une loi aux pluies, lorsqu’il marquoit un
chemin aux foudres et aux tempêtes.
27. C’est alors qu’il l’a vue, qu’il l’a découverte, qu’il l’a préparée,
et qu’il en a sondé la profondeur.
2$, Et il a dit à l’homme : La parfaite sagesse est de craindre le
Seigneur, et la vraie intelligence est de se retirer du mal.
C H A P I T R E X X I X .
§. I. Premièrefélicité de Job.
1. J o b prenant encore la parole continua son discours, et dit :
2. Qui m’accordera d’être encore comme j’ai été autrefois, comme
j’étois dans ces jours heureux où Dieu prenoit lui-même soin de me
garder?
3. Lorsque sa lampe luisoit sur ma tête, et que dans les ténèbres je
marchois à la lueur de la lumière ;
4. Comme j’étois aux jours de ma jeunesse, lorsque Dieu habitoit
en secret dans ma maison ;
5. Lorsque le Tout-puissant étoit avec moi et toute ma famille
autour de moi ;
6.
6. Lorsque je lavois mes pieds dans le beurre, et que la pierre ré-
pandoit pour moi des ruisseaux d’huile ;
7. Lorsque j’allois prendre ma place à la porte de la ville, et que l’ort.
me préparoit un siège élevédans la place publique;
8. Les jeunes gens me voyant se retiroient par respect} et les
vieillards se levant se tenoient debout.
9. Les princes céssoient de parler, ils mettoient le doigt sur leur
bouche.
10. Les grands tout d'un coup s’imposoient silence, et leur langue
demeuroit comme attachée à leur palais.
11. L ’oreille qui m’écoutoit me publioit bien heureux, et l’oeil qui
mevoyoit merendoit témoignage, en publiant
12. Que j’avois délivré le pauvre qui crioif, et l’orphelin qui n’avoit
personne pour le secourir.
13. Celui qui étoit près de périr me combloit de bénédictions, et
je remplissois de consolation le coeur de la veuve.
14. Je me suis revêtu de la justice ; et l ’équité que f a i gardée dans
mesjugemens m’a servi comme d’un vêtement ro ja l et d’un diadème.
15. J’ai été l’oeil de l’aveugle et le pied du boiteux.
16. J’étois le père des pauvres, et je m’instruisois avec un extrême
soin des affaires que je ne savois pas.
§. II. S u ite de la f é l i c i t é de Jo b .
1 7 . Jebrisois les mâchoires de l’injuste, et je lui arrachois sa proie
d?entre les dents.
18. Je disois : Je mourrai dans le petit nid que je me suis fait, et je
multiplierai mes jours comme le palmier.
t 9. Je suis comme un arbre dont la racine s’étend le long des eaux,
et la rosée se reposera sur mes branches.
20. Ma gloire se renouvellera de jour en jour, et mon arc se fortifiera
dans ma main.
21. Ceux qui m’écoutoient attendoient que j’eusse parlé, et ils
recevoient mon avis avec un silence plein de respect.
5. X
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S !