164 J O B .
a3. Je sais que vous me livrerez à la mort, où est marquée la
maison de tous ceux qui vivent.
24. Mais vous n’étendez pas néanmoins votre main pour les consumer
entièrement; car, lorsqu’ils sont abattus, vous les sauvez.
2Ô. Je pleurois autrefois sur celui qui étoit affligé ; et mon ame
étoit compatissante envers le pauvre.
26. J’attendois les biens, et les maux sont venus enfouie j j’espérois
la lumière, et les ténèbres m’ont enveloppé.
27. Un feu brûle dans mes entrailles sans me donner aucun repos;
les jours de l’affliction m’ont prévenu.
2,8. Je marchais tout triste, mais sans me laisser aller à l’emportement
; je me levois tout d'un coup, et poussois des cris au milieu
du peuple.
29. Jai été le frère des dragons, et le compagnon des autruches. 30. Ma peau est devenue toute noire sur ma chair, et mes os se
sont desséchés dans l’ardeur qui me consume.
31. Ma harpe s’est changée en de tristes plaintes, et mes instrumens
de musique en des voix lugubres.
C H A P I T R E X X X I .
§. I. Jo b se jus tifie en exposant le d é ta il de sa conduite
et le m al q u i l n a pas f a i t . 1 2 3 4 5
1. J ’ai fait un accord avec mes yeux, pour ne penser pas seulement
à une vierge.
2. Car autrement, quelle union Dieu auroit-il pu avoir avec moi, et
quelle part le Tout-puissant me donneroit-il à son céleste héritage?
3. Dieu ne perdra-t-il pas le méchant, et ne rejettera-t-il pas celui
qui commet l’injustice?
4. Ne considère-t-il pas mes voies et ne compte-t-il pas toutes mes
démarches ?
5. Si j’ai marché dans la vanité et le mensonge, et si mes pieds se
sont hâtés pour dresser des pièges aux autres,
6. Que Dieu pèse mes actions dans une balance juste, et qu’il
connoisse la simplicité de mon coeur.
7. Si mes pas se sont détournés de la voie, si mon coeur a suivi
Vattrait de mes yeux, et si quelque souillure s’est attachée à mes
mains ;
8. Que je sème, et qu’un autre mange ce que j ’aurai semé , et que
ma race soit retranchée de la terre jusqu’à la racine.
9. Si l’agrément d’une femme a séduit mon coeur, et si j’ai dressé
des embûches à la porte de mon ami ;
10. Que ma femme soit déshonorée par un autre, et qu’elle soit
exposée à une prostitution honteuse.
11. Car l’adultère est un crime énorme, et une très-grande iniquité :
12. C’est un feu qui dévore jusqu’à une perte entière, et qui extermine
jusqu’aux moindres rejetons.
§. II. Job continue d'exposer le mal quil na pas commis.
13. Si j’ai dédaigné d’entrer en jugement avec mon serviteur et
avec ma servante, lorsqu’ils disputoient contre moi,
14. (C a r que ferai-je quand Dieu s’élèvera pour me juger? et
lorsqu’il me redemandera compte de ma vie , que lui répondrai-je?
15. Celui qui m’a créé dans le sein de ma mère, n’a-t-il pas aussi
créé celui qui me sert P et n’est-ce pas le même Dieu qui nous a formés
tous deux?) *
16. Si j’ai refusé aux pauvres ce qu’ils vouloient, et si j’ai fait attendre
en vain les yeux de la veuve ;
17. Si j’ai mangé seul mon pain, et si l’orphelin n’en a pas mangé
aussi:
18. (Car la compassion est crûe avec moi dès mon enfance, et elle
est sortie avec moi du sein de ma mère ; )
19. Si j’ai négligé de secourir celui qui, n’ayant point d’habits,
mouroit de fr o id , et le pauvre qui étoit sans vêtement ;
20. Si les membres de son corps ne m’ont pas béni lorsqu’ils ont
été échauffes par les toisons de mes brebis ;