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5. M a chair est couverte de pourriture, et d’une sale poussière; ma
peau est toute sèche et toute retirée.
6. Mes jours ont été retranchés plus vîte que le fil de la toile n’est
coupé par le tisserand, et ils se sont écoulés sans me laisser aucune
espérance.
7. Souvenez-vous, Seigneur y que ma vie n’est qu’un souffle, et que
je ne vois aucun retour pour un temps plus favorable.
8. Celui qui m’a vu jusqu9à celte heure y ne me verra plus. Vous
avez arrêté sur moi votre oei\sévère y et je ne pourrai subsister devant
vous.
9. Comme une nuée se dissipe et passe sans qu’il en reste de trace ;
ainsi celui qui descend sous la terre ne remontera plus.
10. 'Son ame ne reviendra plus jamais dans sa maison, et le lieu
où il étoit ne le reconnoîtra plus.
11. C’est pourquoi je ne retiendrai pas ma langue plus long-temps j
je parlerai dans l’affliction de mon esprit, je m’entretiendrai dans
l’amertume de mon coeur.
§. IL Néant de l'homme.
ï2. Suis-je une mer, ou une baleine, pour avoir été enfermé par
vous comme dans une prison?
13. Si je dis en moi-même, Mon lit me consolera ^eut-être y et
m’entretenant avec mes pensées, je me reposerai sur ma couche;
14. Vous me tourmenterez par des songes, et vous me troublerez
par d’horribles visions.
iô. C’est pourquoi je choisirois plutôt de mourir d’une mort violente,
et il vaudroit mieux que mes os fussent réduits en poudre.
16. J’ai perdu toute espérance de pouvoir vivre davantage. Epargnez-
moi, Seigneur y car mes jours ne sont qu’un néant.
17. Qu’est-ce que l’homme pour mériter que vous le regardiez
comme quelque chose de grand? et comment daignez-vous appliquer
votre coeur sur lui ?
18. Vous le visitez le matin, et vous le mettez à l’épreuve aussitôt.
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19. Jusqu’à quand ne m’épargnerez*vous point et ne me donnerez-
vous point quelque relâche, afin que je puisse un peu respirer ?
20. J’ai péché ; que ferai-je pour vous appaiser, ô Sauveur des
hommes ? Pourquoi m’avez-vous mis dans un état contraire à vous,
et où je suis à charge à moi-même ?
2 1. Pourquoi n’ôtez-vous point mon péché, et ne me pardonnez-
vous point mon iniquité ?
22. Je vais m’endormir dans la poussière du tombeau j et quand vous
me chercherez le matin, je ne serai plus.
C H A P I T R E V I I I .
§. I. JBaldad soutient que les malheurs de J o b sont la
peine de ses péchés.
1. A l o r s Baldad de Suh, prenant la parole , dit à Job :
2. Jusqu’à quand direz-vous toutes ces choses, et votre bouche proférera
t-elle des paroles qui sont comme un vent impétueux ?
3. Dieu est-il injuste dans ses jugemens? et le Tout-puissant ren-
verse-t-il la justice ?
4. Quand vos enfans auroient péché contre lu i, et qu’il les auroit
abandonnés à leurs passions injustes ;
5. Si néanmoins vous vous empressez d’aller à Dieu, et de conjurer
par vos prières le Tout-puissant;
6. Si vous marchez devant lui avec un coeur pur et droit, il se
lèvera aussitôt pour vous secourir, et il récompensera votre justice
par la paix qu’il fera régner dans votre maison.
7. II augmentera de telle sorte tout ce quevousavez eu de grandeur
jusqu’alors, que votre premier état ne paroîtra rien au prix du second.
8. Interrogez les races passées ; consultez avec soin les histoires de
nos pères ;
9. ( Car nous ne sommes que d’hier au monde, et nous ignorons
beaucoup de choses y parce que nos jours s’écoulent sur la terre comme
l’ombre )