aussi de table, pour supplier la reine Esther de lui sauver la vie, parce
qu’il avoit bien vu que le roi étoit résolu de le perdre.
8. Assuérus étant revenu du jardin planté d’arbres, et étant rentré
dans le lieu du festin, trouva qu’Àman s’étoit jeté sur le lit où étoit
Esther, et il dit : Comment, il veut faire violence à la reine, même en
ma présence et dans ma maison ! A peine cette parole étoit sortie de
la bouche du roi, qu’on lui couvrit le visage.
9. Alors Harbona , l’un des eunuques qui servoient d’ordinaire le
ro i, lui dit : Il y a une potence de cinquante coudées de haut dans la
maison d’Aman, qu’il avoit fait préparer pour Mardochée , qui a
donné un avis salutaire au roi. Le roi dit : Qu’il y soit pendu tout
à cette heure.
10. Aman fut donc pendu à la potence qu’il avoit préparée à Mardochée
; et la colère du roi s’appaisa.
C H A P I T R E V I I I .
§. I. Esther prie pour les J u i f s.
1. L E roi Assuérus donna ce jour-là à la reine Esther la maison d’Aman,
ennemi des Juifs, et Mardochée vint se présenter devant le roi ; car
Esther lui avoit avoué qu’il étoit son oncle.
2.. E t le roi commandant qu’on reprît son anneau qu’Aman avoit
eu , le donna à Mardochée. Esther fit aussi Mardochée intendant de
sa maison. 3. Esther n’étant pas encore contente, alla se jeter aux pieds du roi,
et le conjura avec larmes d’arrêter les mauvais effets de l’entreprise
pleine de malice qu’Aman, fils d’A g a g , avoit formée pour perdre les
Juifs.
4. Or, le roi étendit vers elle son sceptre d’or, selon qu’il avoit accoutumé
lorsqu’il vouloit donner une marque de clémence à ceux qui
le supplioient) et la reine se levant, se tint devant lu i,
5. Et elle lui dit : S’il plaît au roi , et si j’ai trouvé grâce devant
ses yeux, et si ma prière ne lui paroît pas contraire à ses intentions ,
je le conjure de vouloir ordonner que la première lettre d’Aman ,
ennemi des Juifs, et qui ne cherchoit qu’à les perdre, par laquelle il
avoit commandé qu’on les exterminât dans toutes les provinces du
royaume , soit cassée par une nouvelle lettre du roi.
6. Car comment pourrois-je souffrir cette mort sanglante et ce carnage
de tout mon peuple ?
7. Le roi Assuérus répondit à la reine Esther et à Mardochée juif:
J’ai donné à Esther la maison d’Aman, et j’ai commandé qu’il fût attaché
à une croix, parce qu’il avoit osé entreprendre de perdre les
Juifs.
8. Ecrivez donc aux Juifs, au nom du roi , comme vous le jugerez
à propos, et scellez les lettres de mon anneau. Car c’étoit la
coutume, que nul n’osoit s’opposer aux lettres qui étoient envoyées
au nom du r o i , et cachetées de son anneau.
§. 11. L e roi révoque les ordres donnés contre les Ju ifs.
9. On fit donc venir aussitôt les secrétaires et les écrivains du roi ;
et comme c’étoit alors le troisième mois appelé Siban, le vingt-
troisième de ce même mois les lettres du roi furent écrites en la manière
que Mardochée voulut, et adressées aux Juifs , aux grands seigneurs
, aux gouverneurs et aux juges qui commandoient aux cent
vingt-sept provinces du royaume, depuis les Indes jusqu’en Ethiopie;
et elles furent conçues en diverses langues, selon la diversité des provinces,
des peuples et des Juifs, afin qu’elles pussent être lues et entendues
de tout le monde.
10. Ces lettres que l’on envoyoit au nom du roi, furent cachetées
de son anneau, et envoyées par les couriers ; afin que courant en toute
diligence par toutes les provinces, ils prévinssent les anciennes lettres
par ces nouvelles.
11. Le roi leur commanda en même temps d’aller trouver les Juifs
en chaque ville, et de leur ordonner de s’assembler tous, et de se tenir
prêts pour défendre leur vie ; pour tuer et exterminer leurs ennemis
avec leurs femmes, leurs enfans et toutes leurs maisons, et de piller
leurs dépouilles.
12. Et. on marqua à toutes les provinces un même jour pour la