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Cette espèce se plaît dans les marais, suspend son nid entre deux tiges
de roseaux , auxquels il est fortement attaché , le compose d’herbes
vertes, tressées avec art, le construit en boule, et lui adapte un tube
dont l’orifice est tourné du côté de l’eau. C’est par ce tube que la femelle
s’introduit dans l’intérieur de ce singulier berceau.
Le grand nombre et la longueur des plumes caudales du mâle, formant
un volume disproportionné à sa taille et à sa force, il doit être
embarrassé dans son vol. En effet, Thunberg 1 dit qu’il vole alors avec
lenteur, qu’il s’élève difficilement, et que dans les temps pluvieux ou
dans les grands vents , il se laisse approcher au point qu’on peut
l’atteindre de la main.
Cette Veuve se trouve au Cap de Bonne-Espérance, et y porte, selon
ce Voyageur, le nom de Langstaart. Elle fréquente particulièrement
les marais et les bords submergés de Sea cow-river.
Le beau noir qui domine dans la belle saison sur le plumage du mâle,
est égayé par le rouge vif des petites couvertures alaires, et par le blanc
pur des moyennes 5 cette dernière couleur borde en dehors les pennes
secondaires, dont plusieurs sont presque aussi longues que les primaires:
celles-ci ont aussi du blanc à leur origine, mais on ne l’apperçoit que
quand l’aile est étendue. Le bec est d’un gris blanchâtre chez des individus,
et noirâtre chez d’autres *, les pieds sont couleur de chair plus ou
moins rembrunie. Enfin les plumes de la tête et du cou semblent coupées
carrément à leur pointe, et susceptibles de se hérisser comme celles
de l’espèce suivante. L’oiseau étant figuré de grandeur naturelle, je ne
ferai point mention de ses proportions et dimensions.
A cette parure que le mâle porte pendant la saison des amours, succède
le vêtement simple et modeste qui distingue la femelle, voyez pl. 4o.
Les plumes de la tête et du cou ont alors la forme ordinaire de celles des
autres oiseaux, et sa livrée est variée de gris, de brun et de blanc sale.
Ces teintes se présentent sous la forme de taches longitudinales, très-
petites sur la tête, la nuque, les côtés et le dessus du cou 5 assez grandes
sur le dos et sur les couvertures des ailes, dont les moyennes sont terminées
de blanc, et les antérieures de rouge terne : ces mêmes taches sont
encore répandues sur le devant du cou, la poitrine et les flancs, dont le
fond est du même blanc sale qui couvre seul les sourcils, la gorge, le
milieu du ventre et les parties postérieures. Les pennes des ailes et de la
queue sont noirâtres et bordées de gris blanchâtre à l’extérieur : ces dernières
sont un peu étagées, au nombre de douze, et sur un plan horizontal,
comme je l’ai dit ci-dessus. Le bec est couleur de corne, les pieds