
L E D I O C H R O S E .
pl. x x i y.
C et oiseau a un vêtement plus brillant et autrement nuancé que celui
du précédent. Les plumes de sa tête sont d’une autre texture , et son bec
est d’un autre rouge. Du reste leur identité est parfaite; ils ont la même
taille, le même port et la face colorée de même ; enfin ils portent l’un et
l’autre le même habit d’h iver, et leurs femelles sont pareilles Quoique
je sépare ces deux oiseaux, il se pourroit que celui-ci fût un mâle dans
l’âge avancé. Je le présume ; car j’ai vu des Diochs proprement dits avec
des taches couleur de rose après leur sixième mue : au reste, ce mâle en
diffère par le rose vif qui couvre le dessus et le derrière de la tête , le
cou, la poitrine et le milieu du ventre ; le bec est d’un cramoisi foncé,
qui ne se ternit point après sa mort ; tandis que le bec de l’autre Dioch
perd totalement sa teinte rouge ou jaune. Les plumes des parties antérieures
, et particulièrement celles de la tête, ont la douceur , la finesse
et le lustre de la soie ; elles sont blanches à l’origine et ensuite d’un roux
jaunâtre ; la couleur de rose qui les termine est très-brillante, et paraît
seule lorsqu’elles sont couchées les unes sur les autres ; mais pour peu
qu’elles soient en désordre, le roux perce à travers le rose. Les pieds
sont rouges.
Parmi le grand nombre de ces oiseaux que j’ai possédés vivans , je
n’en ai vu que deux décorés de cette belle parure , ce qui prouve leur
rareté *, cependant ce moineau est bien connu des Européens résidant au
Sénégal, qui lui ont imposé le nom de Cardinal 3 sans doute d’après sa
couleur rouge. Mais il ne faut pas le confondre avec le petit Cardinal orix,
qui est beaucoup plus rare, et qui se trouve ayssi dans la même contrée.
Comme les individus de ces deux espèces , mâles et femelles, portent en
hiver à très-peu près le même plumage , il en résulte des méprises de la
part des marchands qui, dans cette saison , les vendent tous indistinctement
pour des Cardinaux. L’amateur doit donc , pour éviter d’être
trompé , ne faire l’acquisition de ces moineaux que lorsqu’ils sont sous
leur habit d’été ; alors il les distinguera facilement.
De ma collection.
* Le mâle de l’espèce précédente a été donné par Manduyt pour la femelle du Dioch rose ; c’est une méprise
échappée à ce naturaliste, parce que sans doute il ne connaissait pas la vraie femelle du Dioch proprement dit,
qui n’est décrite dans aucun ouvrage d’ornithologie.