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L A V E U V E AU C O L L I E R D’OR.
PL. X X X V I I E T X X X V I I I .
L a V e u v e au c o l l i e r d ’ o r -, Buffon. Emberiza paradisea, Linn.
Tf^idah bunting 3 Latham.
D e ce qu’une femelle non accouplée a pondu en France au mois de
novembre, lorsqu’un mâle avoit perdu les attributs de son sexe, on ne
doit pas en conclure avec Mauduyt, que la nature, qui destinoit alors la
surabondance de la nourriture à la reproduction, renonçoit à l’entretien
d’ornemens inutiles. On ne peut généraliser cette exception, occasionnée
sans doute par la captivité, puisque les oeufs n’étoient pas fécondés, et
que plusieurs femelles n’ont pondu dans mes volières, qu’aux époques
où les mâles étoient revêtus de leur belle parure. Il en est de celte espèce v
comme des autres Veuves, des Paons} des Combattons 3 des Oiseaux
de Paradis y etc. qui n’ont un supplément de plumes qu’à l’instant où
ils peuvent se reproduire. D’ailleurs Mauduyt ignoroit vraisemblablement
que les Veuves au collier d’or ne muent pas toutes dans la même
saison, et qu’il y a quelquefois jusqu’à deux et trois mois de distance
entre les mues des unes et des autres} ce qui paroit dépendre, pour
les jeunes oiseaux, de l’époque de leur naissance, et pour les vieux,
de la contrée qu’ils habitent en Afrique. Les mâles ne déploient toute
l’étendue de leur ramage que lorsque les grandes pennes caudales commencent
à pousser •, ils se taisent dès qu’ils les perdent. Les deux mues
que ces oiseaux subissent chaque année, ont lieu en Europe, pour la
plupart, au printemps et à l’automne •, c’est à la première que les mâles
se revêtent de leur habit de nôces 5 souvent alors on les voit, quand
ils sont dans une grande volière, voltiger au-dessus de leurs compagnes,
et user, pour s’accoupler , des mêmes moyens que les Comba-Sous;
mais quoique celles-ci pondent quelquefois sous notre température
ordinaire des oeufs toujours inféconds, si elles ne jouissent d’un climat
factice à-peu-près analogue à celui de leur pays natal, elles se refusent
constamment à leurs avances, tandis que la chaleur de nos étés suffit
au mâle pour développer ses désirs amoureux. Souvent, à défaut de
femelles de son espèce, et même lorsque ses caresses sont repoussées, on
le voit chercher à s’accoupler avec des femelles d’espèces étrangères qui
vivent dans sa volière. Parmi celles-ci il préfère les Serines grises, dont
les plumes, la taille et les formes ont quelques rapports avec sa compagne