H I S T O I R E N A T U R E L L E IO &
L e M i n i s t r e , Tcinagra cyanea, Linnæus. Indigo bunting, Latham.
C et émule de notre Linotte par son chant, mais d’un plumage plus
éclatant et plus riche, se trouve communément dans l’état de New-York.
Le mâle a /pendant la belle saison, la tête, le cou et la gorge d’un bleu
d’outre-mer à reflets violets, et changeant en verdâtre sur le corps, à
l’extérieur des ailes et de la queue, dont le côté interne est d’un gris
foncé ; le bec et les pieds sont noirs. Il ressemble en hiver à sa femelle
qui est d’un brun uniforme, plus clair sur la gorge et tirant au vert sur
les ailes et sur le bord des pennes primaires. Longueur totale quatre
pouces neuf lignes.
Il faut séparer ces oiseaux par paire dans la saison des amours ; mais en
tout autre temps, ils aiment à vivre en société. L ’alpiste et les graines
tendres sont les alimens qu’ils préfèrent ; mais les insectes leur sont néces-
saires pour élever leurs petits.
L e Pa p e, Emberiza ciris, Linnæus. Painted bunting, Latham.
Q u o i q u e le Pape ait un chant très-foibïe, l’extrême beauté de
ses couleurs le fait rechercher avec empressement. Aussi, est-ce de tous
les petits oiseaux de l’Amérique septentrionale, celui qu’on apporte le
plus souvent en Europe, où avec delà patience et des soins on est venu
à bout de le faire multiplier. Les orangers et les citronniers sont lés arbres
sur lesquels il se plaît à nicher et le millet ou l’alpiste, la graine dont il se
nourrit. Il ne peut, ainsi que le précédent, élever ses petits, s’il n’a à sa
disposition des larves, des chenilles et d’autres petits insectes.
Le mâle ne se revêt de son plumage parfait qu’à l’âge de trois ans ; alors
un beau bleu à reflets violets domine sur la tète , le cou, sur les côtés
de la gorge et du haut de la poitrine ; le rouge vif qui règne sur le croupion
et en dessous du corps, entoure les yeux et se rembrunit sur les grandes
couvertures des ailes. Le dos, les plumes scapulaires, le bord extérieur
des pennes alaires et caudales sont d’un vert jaune ; le bec et les pieds
bruns. Longueur totale cinq pouces un quart. Comme cet oiseau change
de vêtement deux fois dans l’année, et que ses couleurs pendant ses
premières années, ne parviennent à leur perfection que par degré, il
en résulte des variétés telles qu’on rencontre peu de mâles entièrement
semblables. Dans sa jeunesse il ne diffère guère de la femelle, qui porte
en tout temps un habit terne ; elle a la tête, le cou et le corps d’un v e r t
olive, plus foncé sur la poitrine ; les ailes et la queue d’un vert brun.
A L’ARTICLE DU JACARINI.
M. C.,T hemminck prétend i que je me suis trompé en citant, dans la
synonymie du Jacarini de cet ouvrage, le l'anager Jacarini de Latham,
Synop. vol. 3 , pag. 23, n° 34- « Si j’avois, dit-il, consulté le texte de cet
auteur, je n’aurois certainement point commis une pareille erreur, le
véritable Jacarini ayant la taille du Bouvreuil et la queue fourchue ». Ce
naturaliste prouve , par cette assertion, qu’il ne connoît nullement le
Jacarini, et qu’il n’a pas entendu le texte de Latham dont il s’appuie ; car
il se seroit apperçu que cet oiseau y est présenté avec la taille, non pas du
Bouvreuil, mais du Chardonneret (Size o f a goldfinch ), ainsi que dans
l’Index du même auteur ( Carduelis magnitudine). Cette taille, qui lui
convient très-bien, est celle que signalent tous les Ornithologistes cités par
le méthodiste anglais, tels que Linnée, Brisson, Edwards, Willughby,
et la PI. enlum. de Buffon, n" 224, fig. 3, où cet oiseau est nommé mal-à-
propos Moineau de Cayenne. Il faut encore ajouter Marcgrave, qui le
premier l’a décrit sous la dénomination que tous les auteurs lui ont conservée.
Quant à sa queue, Latham ne dit pas qu’elle soit décidément fourchue
, mais plutôt de cette forme que de toute autre ; ce qu’il n’auroit pas
fait s’il eût vu la figure publiée par Buffon, puisqu’il se seroit assuré qu’elle
est arrondie à son extrémité. Cette erreur de Latham, copiée par Gme-
lin , et que je n’ai pas relevée, parce que j’étois totalement d’accord sur
le reste de la description, provient vraisemblablement d’Edwards. En
effet, il a représenté le Jacarini avec les premières plumes de la queue
retournées en dehors, ce qui lui donne, dit- i l, une queue un peu fourchue.
L ’ayant dessiné de mémoire, après l’avoir vu vivant dans une cage,
il a pu aisément se tromper, d’autant plus que les pennes caudales d’un
oiseau renfermé dans une volière étroite, sont sujettes à se déformer de
la manière qu’il indique. Cet ornithologiste connoissoit si peu le Jacarini,
qu’il est forcé de citer Marcgrave afin de signaler la couleur blanche
des couvertures inférieures de l’aile. Enfin, s’il faut encore un fait pour
convaincre M. Themminck que cet oiseau n’a point la taille du Bouvreuil
ni la queue fourchue, il le trouvera dans les Apuntamientospara
* Catalogue systématique de son Cabinet, pag. a3q.