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L A Y E U Y E A É P A U L E T T E S .
PL. X X X I X E T X L .
L a V euve a é p a u l e t t e s , Buffon. Emberiza longicauda, Linn.
Orange -Shouldered bunting, Latham.
D es dix-huit pennes dont la queue du mâle est composée, les six
intermédiaires sont les plus longues : toutes se soutiennent perpendiculairement
à l’horizon, tant qu’il est revêtu de son habit d’été; mais sous
celui d’h iver, le nombre des pennes caudales est réduit à douze, et
toutes sont alors courtes, sur un plan horizontal, et pareilles à celles de
la femelle. Ce n’est pas la-seule particularité qu’on remarque chez cette
Veuve; elle diffère encore de tous les oiseaux de son ordre, en ce quelle
est polygame. Ces jolis volatiles vivent dans une sorte de république,
où, selon Barrow ' j voyageur anglais, deux mâles suffisent au moins à
trente femelles, n’en ayant pas v u , dit-il, une plus grande quantité aux
environs de trente ou quarante nids rassemblés sur une seule souche de
roseaux. M. Le Vaillant, qui a observé ces Veuves dans l’intérieur des
terres du Cap de Bonne-Espérance, nous assure quelles vivent en société,
et qu’elles construisent des nids très-rapprochés les uns des autres =.
<1 Ordinairement, dit-il, cette société est composée à peu près de quatre-
»> vingts femelles ; mais soit que par une loi particulière de la nature, il
» éclose beaucoup plus de femelles que de mâles, soit par quelque autre
» raison qu’on ignore, il n’y a jamais, pour ce nombre de femelles, que
» douze ou quinze mâles qui leur servent en commun ». A ces détails
vraiment curieux et très-extraordinaires chez les petits oiseaux, le même
ornithologiste ajoute, «que celle-ci, quand elle parvient à un certain
» âge et quelle a perdu la faculté de se reproduire, se revêt toujours de
» l’uniforme que le mâle avoit arboré passagèrement dans les jours de
» ses plaisirs. Sa queue s’alonge comme celle qu’il avoit alors, et devient
» verticale d’horizontale qu’elle avoit été1 ». Il résulte de cette assertion
que, pendant les six mois où les mâles sont couverts de leur plumage
d’h iver, les individus qu’on rencontre sous la livrée d’été, doivent être
certainement de vieilles femelles parées de ce vêtement, et qu’il faut
chercher les mâles sous le costume de leurs compagnes.
1 Travels, pag. a44* „ , _
. second Voyage dans l’intérieur de l'Afrique p ar le Cap de Bonne-Esperance, Tom. m , p . Mi
et suiv.
1 Ibid.