
naturelle ; mais il les épouvante par son chant aigu , par sa longue
queue , et par sa manière de voler , de s’accoupler et d exprimer son
amour.
Parmi ces Veuves on doit préférer les individus qu’on apporte de
Lisbonne ; car étant déjà acclimatés , ils résistent plus facilement à nos
hivers, pourvu que la gelée ne pénètre pas dans leur local ; mais ceux
qui viennent directement du Sénégal et des autres contrées de 1 Afrique,
exigent, pendant la première année de leur séjour , i 5 à 18 degrés de
chaleur, et il faut les nourrir, dans les premiers mois, avec le millet du
Sénégal. Sans cet aliment , ils sont exposés à une sorte de dyssenterie,
que leur cause souvent un changement trop prompt de nourriture ,
et qui les fait périr en peu de jours. Quand ils ont échappé à cette
maladie, ils vivent ordinairement neuf et même douze ans, sans demander
d’autres soins que d’être tenus pendant l’hiver dans un appartement
d’une température modérée. Il est indispensable , si on veut faire couver
ces oiseaux, de les placer dans la serre chaude dont j’ai parlé dans
l’Introduction. Le coton et le duvet de diverses plantes sont les matériaux
qui entrent dans la construction du nid.
Le mâle a les quatre grandes plumes de la queue autrement posées et conformées
que celles des autres Veuves ; leur situation est verticale ; les deux
plus longues ont une direction inclinée comme celles du Coq; les deux
autres, beaucoup moins longues et plus larges, ont à leur extrémité un filét
délié de plus de deux pouces d’étendue : plusieurs barbes des plus grandes
plumes sont aussi terminées par cette espèce de brin de soie. Un demi-collier
orangé, et jaune doré dans des individus, ceint le cou par derrière;
la tète, la gorge, le devant du cou , le dos, le croupion, les ailes et la
queue, sont d’un beau noir à reflets peu apparens ; les grandes pennes
caudales paroissent ondées et comme moirées ; la poitrine est de la couleur
du collier ; le ventre blanc ; les couvertures inférieures de la
queue et le b e c , sont noirs ; les yeux d’un marron v if, et les pieds couleur
de chair. La grosseur n’est pas tout-à-fait la même pour les oiseaux
de cette espèce ; les individus qui vivent au Sénégal ont la taille moins
forte que ceux qui habitent des contrées plus méridionales.
Lorsque le mâle est près de se revêtir de son habit d hiver, sa mue
commence par la chute de sa fausse queue , ensuite ses belles couleurs
disparoissent graduellement , et sont remplacées par un orangé terne,
varié de noirâtre sur le cou , le dos, la poitrine et les couvertures des
ailes ; par du brun foncé sur les pennes alaires et caudales ; par des raies
longitudinales rousses et noires sur la tête ; par du blanc sale sur le
ventre et les parties postérieures ; et enfin par du brun sombre sur
le bec.
La femelle, pl. 3 8 , porte un plumage assez analogue à celui-ci, mais
ses teintes sont moins vives et moins chargées ; elle a le dessus de la tête
coupé en longueur par trois bandes ; celle du milieu est d’un blanc rous-
sâtre, et les deux autres sont noirâtres ; on voit aussi sur ses côtés trois
raies des mêmes couleurs ; les couvertures des ailes, les pennes et celles
de la queue sont d’un brun sombre et bordées de roussâtre en dehors ; la
teinte rousse couvre aussi la gorge, la poitrine et les flancs ; mais elle est
très-claire sur le devant du cou et plus foncée sur ces dernières parties ;
le reste du dessous du corps est blanc ; le bec et les pieds sont bruns.
Les jeunes mâles lui ressemblent dans leur premier âge et diffèrent
très-peu de la femelle du Comba-sou, que les Oiseliers et même les voyageurs
vendent souvent pour une Veuve. Mais on ne sera point la dupe de
cette supercherie, quand on saura que les jeunes et les femelles Veuves
ont une taille plus svelte, et que leur queue est plus longue. La femelle
du Comba-sou a aussi de grands rapports dans son plumage avec celle
de la Veuve à quatre brins, mais ses teintes sont plus ternes et moins
décidées.