
L ’ A R A G U I RA.
PL. X XV III. *
.Fringilla araguira.
L e nom que j’ai conservé à cette espèce, d’après les naturels de l’Amérique
méridionale, signifie Oiseau de Dieu, du Ciel, de la Lumière ou
du Feu'g dénominations qu’elle mérite à tous égards. En effet, une jolie
aigrette, des couleurs éclatantes et une taille élégante sont les attributs
dont la nature l’a favorisée. Ce bel ensemble m’a décidé à la ranger dans
cet ouvrage, car elle est privée d’un organe agréable. Comme notre Fri-
quet, elle ne jette en tout temps qu’un simple cri d’appel. On la rencontre
quelquefois dans laGuiane ; mais elle habite particulièrement le Paraguay,
et ne pénètre point dans le sud au-delà du 3o" degré de latitude. Cet oiseau,
d’un naturel gai et un peu sauvage, ne fréquente pas les villes ni les habitations
rurales ; il se tient dans les campagnes et sur la lisière des bois, par
paire en été, en petites bandes ou en famille pendant la mauvaise saison.
La femelle construit son nid au centre des grands buissons, le compose
d’herbes sèches en dehors, et en tapisse l’intérieur de crins contournés
avec art. Sa ponte est de trois ou quatre oeufs blancs. Malgré son caractère
farouche, l’Araguira ne perd point sa gaîté avec sa liberté. Il vit volontiers
en volière, si on lui donne en abondance du maïs concassé, et les diverses
graines dont se nourrissent les espèces précédentes.
La huppe du mâle est d’un rouge vif, longue, soyeuse et à barbes décomposées;
il la porte ordinairement couchée; alors elle est peu apparente,
étant cachée par les plumes noires qui forment, sur les bords, une sorte
de saillie, et qui l’accompagnent quand elle est verticale : mais si quelque
passion l’agite, il la relève et l’épanouit de manière qu’elle paroît plus large
en haut qu’à son origine. Les joues, la nuque, le dos et les couvertures des
ailes sont d’un brun rougeâtre ; les pennes et celles de la queue sont bordées
d’une nuance plus claire ; le croupion, la gorge et les parties postérieures
d’un rouge de feu. Le bec et les pieds sont bruns ; l’iris est d’un
roux foible.
La femelle a les plumes de la tète d’un brun rougeâtre, et de la forme
ordinaire. Du reste elle ressemble au mâle, mais, son plumage a moins
d’éclat. Cette description convient tellement au Friquet huppé de Buffon
qu’il me paroît appartenir à la même espèce ; mais la femelle que cet
auteur indique, ne seroit pas la véritable.
* Apuntamientos para la Hist. nat, de los Paxaros del Paraguay.