
L E W O R A B E E ,
PL. X X V I I I .* *
L e W oeabée, Buffon. Fringilla ahyssinia, Linn. Gm. Bîack-collared
finch, Latham.
B uffon est le premier qui ait décrit cet oiseau, sur une figure que
lui a communiquée le chevalier Bruce à son retour de l’Abyssinie; mais
il ne l’a jamais vu en nature. Je crois que l’individu que j ai lait dessiner
est le seul qui existe en France. Comme on l’a conservé vivant à Paris
pendant plusieurs années, je peux en donner une description plus complète
que le Pline français, puisqu’il ne parle que du plumage d’été du
Worabée, et que cette Fringille en porte un tout autrement coloré dans
la mauvaise saison. En effet, il est alors varié de brun et de gris : ces
teintes sont distribuées par taches plus ou moins alongées sur la tête, sur
les couvertures des ailes et sur le corps ; les pennes alaires et caudales
sont brunes, ainsi que le bec et les pieds. Dans le temps des amours,
deux couleurs vives et brillantes régnent sur son vêtement ; un noir
velouté sur les côtés de la tête jusqu’au-delà des yeux ; sur la nuque, où
elle forme une sorte de collier ; sur la gorge, sur le bas de la poitrine, et
sur une grande partie du ventre. Un beau jaune jonquille est répandu
sur toutes les autres parties, à l’exception des ailes et de la queue, qui
sont brunes et bordées à l’extérieur d’une teinte plus claire. Le bec est
noir, et les pieds sont couleur de chair.
Cet oiseau, dont le ramage n’est qu’un gazouillement foible, s’acclimate
facilement en Europe, quoiqu’il soit né en Afrique, sous la Zone
Torride. On le nourrit en volière comme le Serin, de mil et de panis ;
mais dans sa patrie il préfère la graine huileuse d’une plante qui s’appelle
neck en Abyssinie.
Le Black-bellied grosbeak de Brown, Loxia afra, Linn. Gm., a une
très-grande analogie avec le Worabée, dans la taille, les couleurs et leur
distribution. Il subit aussi deux mues dans l’année, porte, dans les deux
saisons, le même vêtement que celui-ci, et il habite les mêmes contrées;
mais si l’on s’en rapporte à la figure publiée par cet auteur, Ulustr. pl. 24,
il en diffère par un bec plus gros, et en ce que la couleur noire n’est point
apparente au - dessus du cou ; du moins on ne la voit pas dans sa représentation,
et Brown n’en parle point. On remarque encore plusieurs taches
brunes qui indiquent que cet oiseau se dépouilloit de sa livrée d’hiver.
Communiqué par M. Bécoeur.