9» h i s t o i r e n a t u r e l l e
LA LOXIE FASCIÉE.
P L . L V I I I .
Loxia fasciata , Linnæus. Fasciated grosbeah , Latham.
P armi les oiseaux vivans qu’on nous apportait autrefois de Juida
et particulièrement du Sénégal, les Loxies fasciées étoient toujours en
grande quantité, ce qui prouve quelles sont très-communes et qu’elles
multiplient beaucoup dans ces contrées. De tous les petits volatiles de
l’Afrique, ceux-ci sontles plus familiers et les plus ardens en amour ; d’un
naturel aimant, le mâle et la femelle contractent une union intime où les
plaisirs et les peines sont également partagés. Ils préludent à la jouissance
comme les tourterelles, par des caresses et. des baisers ;1 un et 1 autre
s’aident dans la construction du n id , se soulagent de la fatigue de l’incubation
et soignent leurs petits avec une égale affection. Le mâle semble ne
pouvoir se séparer de sa compagne ; il la suit lorsqu’elle cherche sa pâture,
se tient presque toujours à ses côtés quand elle couve, et quelquefois il y
passe la nuit. S’il la perd de vue un instant, il l’appelle sans cesse, par
un cri particulier, pareil au tuit de notre Moineau et presqu’aussi fort,
mais dont le son est plus doux et plus agréable. Son ramage n’est qu’un
gazouillement continuel, et assez semblable à celui du Grivelin. Il suffit
de s’approcher de sa cage pour l’exciter à chanter. Ces oiseaux, qui
nichent en volière comme les Canaris, sont à peine appariés que le mâle
visite plusieurs boulins ; dès que son choix est fait, il 1 indique à sa
compagne , et par des sons répétés il l’engage à s’y rendre : si elle
cède à ses instances, il exprime sa joie par des mouvemens de tête
qui nous paroissent ridicules, mais qui plaisent sans doute à l'objet
de ses feux. Celle-ci, non moins amoureuse, ne cesse de brûler du
moment qu’elle a cédé à ses désirs ; elle ne le quitte plus, réitère à
chaque instant ses baisers, et le provoque sans cesse à de nouveaux plaisirs
jusqu’au moment de la ponte. Us se caressent mutuellement de même
que les pigeons, en se soulevant réciproquement les plumes de la tète
et du cou.
Ces Loxies nichent en captivité depuis le mois de janvier jusqu’à la
mue quelles subissent au mois d’août; elles font encore deux couvées à
l’automne, si on leur procure alors la chaleur qui leur convient. Les
mâles étant très-jaloux les uns des autres, on doit les isoler par paire à
moins qu’ils n’aient une vaste prison. Le boulin qui leur est propre, doit