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ne peut les faire porter à dos, ce qui est la manière la
plus avantageuse, on suspend la cage dans la voiture,
ou, pour qu elle soit moins embarrassante, on la fixe sur
l’impériale. La toile qui est au-devant de la volière doit
être baissée tant qu’on est en chemin. Afin de parer
aux inconvéniens de la pluie, on couvre le dessus d une
toile cirée, qui se relève le matin avant le départ, et l’on
tient l’ouverture en face du jour, ou de la lumière s’il est
encore nuit, ainsi qu’à chaque pause faite en route, afin
que ces petits voyageurs puissent boire et manger. On
les traite de cette manière jusqu’à leur arrivée. Trois
repas leur suffisent ; le matin avant leur départ, au milieu
du jour, et le soir à la couchée.
J’ai dit précédemment que celui qui veut faire voyager
ces oiseaux, doit connoître leurs habitudes et leur naturel
: cela est d’autant plus utile qu’il peut alors distinguer
les espèces turbulentes et acariâtres, telles que le
moineau Dioch, le C'ojiibc - Son, etc. de celles dont la
douceur est le partage, comme les Bengalis, les Séné-
galis, etc. Mais les Moineaux, les Loxies ou Gros-Becs
surtout, doivent être isolés, car les plus forts prennent
plaisir à déplumer les plus foibles ; et si le défaut de place
dans le navire, ou tout autre obstacle imprévu force de
les tenir dans la même volière, on doit au moins les
séparer dès qu’ils sont arrivés à leur destination. On met
également à part ceux qui sont malades ou en mue : on
les tient tous dans un local chaud, et on leur fournit des
graines et de l’eau fraîche en abondance. En prenant
toutes ces précautions, et en se procurant, ainsi que je
ne peux trop le répéter, les graines dontles divers oiseaux
se nourrissent dans leur pays natal, ils supporteront très-
bien le voyage , ils seront plus en état de résister à
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l’influence de notre climat, ils subiront plus facilement
la première mue, et ils ne seront pas exposés à une sorte
de dyssenterie qui les attaque presque toujours lorsqu’ils
changent d’alimens, et qui cause la mort du plus grand
nombre , dans les premiers mois de leur arrivée en
Europe. Ceux qui échappent à sa malignité vivent ordinairement
huit à dix ans, selon les espèces. J’ai conservé
des Veuves pendant douze ans, et des Comba-Sous pendant
plus d’années encore. Les nourrir le plus long-temps
possible avec le millet d’Afrique , est un moyen efficace
pour atténuer les effets de ce mal, qui attaque très-sou-
vent les individus apportés directement du Sénégal. Ces
petits volatiles, accoutumés dès leur naissance à cet
aliment, ont de la peine à s’habituer à nos graines ; il n’en
est pas de même de ceux que nous tirons de Lisbonne,
où l’on en élève beaucoup et où ils sont déjà acclimatés.
Il est donc nécessaire de faire une grande provision de
ce millet, dont on les nourrira pendant les trois ou quatre
premiers mois qui suivront leur arrivée : en y mêlant une
petite quantité de celui qu’on récolte en Europe, on leur
rendra moins sensible le changement de nourriture, qui,
s’il est trop brusque, leur devient souvent pernicieux et
en fait périr beaucoup. Sans cette précaution on ne peut
conserver long-temps le Senegali à front pointillé.
L ’alpiste est la graine de ce pays que tous ces oiseaux
préfèrent ; ils aiment à le manger en grappe.
Ainsi nourris et soignés, ces petits étrangers acquièrent
un tempérament robuste ; mais pour se reproduire , il
leur faut une chaleur qui approche de celle des contrées
les moins chaudes de l’Afrique. Plusieurs Senegalis et Bengalis
se contenteroient de la température des îles Canaries
, mais elle doit être plus élevée pour les Veuves, les