
HISTOIRE NATURELLE
D E S V EU V E S .
L À V E U V E A Q U A T R E BRINS.
PL. X X X I V E T X X X V .
L a V e u v e a q u a t r e b r i n s , Buffon. Eniberiza regia9 Linnæus.
Shaft-tailed, bunting, Latham.
C e t t e charmante Veuve intéresse autant par sa gaieté et sa vivacité,
que par sa belle robe. A ces attributs elle joint une forme élégante et un
joli ramage} mais pour jouir de tous les agrémens dont l’a douée la
nature , il faut la placer dans une grande volière où elle soit à portée
de développer la souplesse et les grâces de ses mouvemens. Commç
rien ne la réjouit tant que le bain, il est convenable de lui présenter
souvent de l’eau fraîche et limpide $ elle s’y plaît tellement que ce n’est
point dans le silence qu’elle se baigne comme les autres oiseaux , mais
en répétant plusieurs fois de suite sa petite chansonnette. C’est ainsi que
se montre toujours le mâle, tant qu’il est revêtu de ses longues plumes
et de ses belles couleurs 5 mais lorsqu’il prend son plumage d’h iver, il
perd son chant et sa gaieté. Autant il est pétulant et babillard dans la
belle saison, autant il est tranquille et silencieux dans la mauvaise. Cet
oiseau, qui réunit tout ce qui peut plaire, vit en France neuf et dix
ans lorsqu’il est acclimaté. C’est à quoi l’on parvient sans peine, si on le
tient pendant la première année de son séjour dans un endroit où il
soit à l’abri des atteintes du froid \ mais on ne décide pas aisément les
femelles à répondre aux agaceries des mâles , et sur-tout à couver , si
elles ne jouissent d’une température élevée à 28 ou 5o degrés, et si elles
n’habitent un local vaste et planté d’arbustes toujours verts. Je ne puis trop
répéter qu’on ne doit pas se rebuter, si on ne-réussit pas d’abord à tirer de
nouvelles générations des Veuves et de presque tous les oiseaux décrits
dans cet ouvrage : on n’y parvient qu’en étudiant leurs goûts et leurs
inclinations , en leur procurant en abondance les alimens qu’ils préfèrent
, et tout ce qui est propre à la situation , à la construction de leur