
-viij AVANT-PROPOS.
texte, si des circonstances impérieuses n'eussent détourné son activité sur
des sujets moins agréables.
Les planches ne furent terminées qu'en lySp, et l'auteur, qui jouissoit
alors du repos nécessaire, alloit enfin achever la description si souvent retardée,
lorsqu'une maladie violente l'entraîna dans la tombe, malgré toutes
les ressources de l'art. Il n'eut que le tems de coucher par écrit une explication
des planches très-ample et fort détaillée, avec l'énumération des
chapitres qui auroient composé le texte.
Les premières impressions de sa perte étant calmées, Je cherchai à remplir,
en quelque façon, la grande tâche qu'il s'étoit imposée ; mais , trop
foible pour y suffire, je me suis borné au tableau comparatif de l'extérieur,
à l'indication du sol natal des éléphans et à la différence qui distingue les
espèces vivantes et perdues. On trouvera de plus une exposition succincte
de la structure des parties internes, de celle des organes de la nutrition et
de la génération; enfin, une description générale du squelette et quelques
détails sur la dentition. L'explication des planches appartient donc purement
à l'auteur. J'ai tâché de n'y rien changer dans la traduction, et comme
elle est fort étendue, il m'étoit permis d'abréger mon discours.
Les matériaux qui m'ont servi pour le composer sont tirés en partie du
rapport inséré dans le journal hollandois que je viens de citer, ainsi que
du contenu de trois lettres que l'auteur adressa, sur le même sujet, à l'Académie
royale des sciences de Paris (i); quelques annotations particulières
et l'explication des planches complétèrent le reste. J'ai tiré grand service
d'un choix d'extraits que mon père avoit recueillis dans les anciens et les
modernes, dont plusieurs même étoîent disposés par ordre des chapitres
auxquels ils devoient se rapporter. Ma position, éloignée d'un grand foyer
de sciences, m'ayant empêché de consulter plusieurs descriptions et des
voyages relatifs à l'histoire des éléphans, publiés après la mort de l'auteur,
je demande l'indulgence du public sur les négligences qu'on pourroit d'ailleurs
me reprocher.
Le plan de l'auteur a toujours été de faire paroître son grand ouvrage en
latin, aussi avois-je suivi cet idiome pour le mémoire destiné à servir de
frontispice ; mais le libraire qui se charge de l'impression, préférant de le
publier dans la langue vivante la plus universellement répandue en Europe
, je me suis occupé de la traduction du texte et de l'explication des
planches; aimant mieux sacrifier le style à la précision du sens, et plus jaloux
de voir les idées de l'auteur fidèlement rendues que travesties ou altérées
par la beauté des phrases et l'élégance de la diction.
(i) Ces trois lelires, accompagnées de quelques dessins, renrcrmoiont le rosullat des obscrralions communiquées
au public dans le journal hollandois. Elles furent envoyées j>endant Télé de xni'i a M. l'orlul, qui li-s
a présentés à celle illustre société; mais il n'en a pas clé fuit mcniioii dans les mémoires. M, Ttuon eut la
complaisance demelearemellre en 1786 pour lea iairc lepasatr à l'auteur.
A V A N T - P R O P O S . i.x
Si l'on demande la cause du long intervalle qui s'est écoulé depuis la
mort de l'auteur jusqu'à la publication de cet ouvrage, il faudra la chercher
dans les suites désastreuses delà guerre, qui, pendant douze années,
a fait le malheur de l'humanité, et dans l'épuisement des finances qui devoit
nécessairement en résulter.
Je me flatte qu'on trouvera dans la description anatomique, dont je suis
l'éditeur, un grand nombre d'observations neuves et très-curieuses, plusieurs
erreurs des anciens et des modernes réfutées, ainsi que des points
éclaircis qu'on avoit négligé d'approiondir j car on sait que depuis les ouvrages
de Duvernoi, de Perrault, de Blair et d'autres (1), il ne s'est rien
publié d'intéressant sur l'anatomie de l'éléphant. Il restoit cependant bien
de choses à rectifier sur la structure de la trompe, sur les organes de la génération,
sur le réservoir de la bile et i~ur le nombre des dents, dont
M. Camper s'est principalement occupé. Ce n'est pas que les savans modernes
n'aient eu, et récemment encore, des occasions d'examiner des éléphans;
mais, soit qu'ils aient négligé de communiquer leurs recherches au
public, soit qu'ils en aient été détournés par les circonstances, l'histoire
naturelle n'en a point profité (2).
Après les recherches des grands hommes que je viens de nommer, Cuvier
seul, depuis près d'un siècle, a donné une nouvelle impulsion aux
connoissances qui nous manquoient sur la classification des éléphans. Le
mémoire qu'il a présenté sur la diversité des espèces vivantes et perdues (3),
contient des observations brillantes qui avoient échappé à l'attention des
naturalistes; il en confirme d'autres que l'auteur avoit le premier fait connoître(
4). Elles m'ont été d'un grand avantage, ainsi que les annotations
sur le squelette éparses dans ses admirables leçons d'anatomie comparée;
mais j'ai été informé trop tard du contenu d'une notice sur le mammouth,
insérée dans le Journal de Physique, et communiquée par L. Valentin
(5). Elle vient à l'appui de mes preuves établies sur le cours du nerf
sphéno-palatin pour rapporter la mâchoire fossile du grand mammifère de
l'Ohio à une véritable espèce d'éléphans, ainsi que mes conjectures sur la
taille de ces antiques quadrupèdes (6). La grandeur énorme du crâne s'y
(i) Je regrette do n'avoir pu me procurer 1'
Oposcoli di Jisico argomenlo. Ce savant a doi
mort dans celte ville vcre Tannée i^So.
(3) Le célèbre Hunier de Londres doit avoir disséqué deux éléphans en 1775, une année après l'auleurjet
le professeur Soemmering en a disséqué un autre en 1-80. Ce dernier n'a pu continuer l'examen des parties
à cause de la corruption subite du cadavre. Il savoil d'aillçurs que M. Camper devoit publier sa description,
ce qui l'a empèclié de rien donner sur ce sujet.
(3) Ce mémoire a été lu 4 l'Institut national le pluviôse an IV.
(.) Colles qui n'gardent la siructure des molaires et qui ser\-ent à distinguer les espèces d'Afrique d'avec celles
de l'Asie, ainsi qu'à reconnoitre le sol natal des éléphans, premièrement connus sous le nom de mammouth.
(5) Journal de physique, de chimie et d'hist, naturelle, par J.C. Delametherie, ventôse an X, pag. 200.
(6) J'uvois évalué leur grandeur à dix ou onze pieds, d'après la mesure de deux tibia el de deux humerus;
n'ayant point de femur ui d'os de l'avanl-bras ju ne pouvois y mettre une grande jirécision.
;e de Serrao , inipriuié à Naples dans un recueil inlilulé
ns ces mélanges la description anatomique d'un éléphant
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