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D E S C R I P T I O N A N A T O M I Q UE
C H A P I T R E VIII.
§. I.
Des vertèbres du cou.
BLAIR a présenté, dans la description ostéologique de l'éléphant, des observations
très-détaillées sur toutes les parties du squelette. Il s'est fort étendu sur les vertèbres cervicales
, leurs cavités, les apophyses et les trous destinés au passage des nerfs et des artères.
Il y a ajouté des mesures que l'auteur n'a pu vérifier à cause de la jeunesse du
sujet, et qui peuvent même varier dans les adultes.
Il a été question de l'étonnante brièveté du cou des éléphans à l'article de la forme
extérieure du corps. On trouve, en examinant le squelette, que la structure des vertèbres
diffère essentiellement de celle des lierbiwores en général, et sur-tout des carnassiers
: elle se rapproche, en quelque façon, de l'homme, mais plus particulièrement de
quelques mammifères amphibies. Dans l'éléphant, comme dans ces derniers, le mouvement
du cou est borné à de légères flexions, ainsi qu'à une torsion presqu'imperceptible.
Les vertèbres cervicales du morse, qui, par la forme de ses longues défenses et
par le contour des mâchoires inférieures, a quelque ressemblance avec l'éléphant, ainsi
que celles du lamantin de Cayenne, ont beaucoup de rapport avec les parties analogues
du quadrupède que nous décrivons. Tous ont les vertèbres dégagées et mobiles; mais
différentes des mammifères cétacés, dont les vertèbres n'ont aucun mouvement ; elles
sont, au contraire, soudées en tout ou en partie les unes aux autres.
La mobilité du cou de l'éléphant paroit diminuer avec l'âge ; j'en possède la preuva
dans les vertèbres d'un très-vieux sujet toutes ankylosées, à l'exception de l'atlas. L'apophyse
odontoïde de l'axis est plus petite que dans d'autres animaux; ce que Perrault ( i)
avoit déjà remarqué ; aussi trouve-t-il de la ressemblance entre les vertèbres cervicales
de notre quadrupède et celles de l'homme.
L'apophyse épineuse de l'axis est fort épaisse et bifourchue au sommet, tandis que
celles des cinq vertèbres suivantes sont plus minces et s'alongent à mesnre qu'elles approchent
du thorax. C'est dans les sommités de ces apophyses que sont insérées les fibres
de la partie inférieure du gros ligament cervical, ainsi que rindicjuent les premières
figures des planches XllI et XVII.
L'âge tendre du sujet disséqué par M. Camper, n'ayant pas permis de bien représenter
les parties principales de l'atlas, il a remédié à ce défaut par des figures copiées
{%) Alinwirmiiaur r,pilg.Si5.
D ' U N É L É P H A N T M A L E . 6
d'après nature sur l'atlas d'un éléphant adulte de Ceilan, qu'on peut consulter à 1
planche X X , ainsi que l'explication fort détaillée qui l'accompagne.
S. II.
Des vertèbres du thorax.
N o u s comptons vingt vertèbres au thorax avec un nombre égal de côtes. Il y en a
huit vraies toutes attachées au sternum. Les fausses côtes diminuent très-rapidement en
longueur à mesure qu'elles approchent des lombes. Perrault(i) et Daubenton(a) donnent
aussi vingt vertèbres au thorax; mais ils n'ont compté que sept vraies côtes. Blair(3)
fait mention de huit vraies côtes, mais il borne le nombre des vertèbres à dix-neuf; desorte
que la nature paroit sujette à varier quelquefois sur cet article pour l'éléphant
comme pour l'homme ; car il n'est pas vraisemblable qu'une vertèbre entière avec deux
côtes aiem pu se perdre par la coction du squelette.
Les apophyses épineuses sont extrêmement longues dans les éléphans et rendent le
garrot fort élevé, quoiqu'il ne se distingue pas aussi facilement que dans les solipèdes,
à cause de la prolongation très-uniforme de ces apopliyses sur toute la longueur de
l'épine. Perrault ( j) a remarqué cette particularité sans remonter à la cause physique.
C'est pour mieux soulever la tête des herbivores, solipèdes et ruminans, mais particulièrement
de ceux qui portent des cornes, que le garrot s'élève entre les omoplates ;
mais il falloit pour la tête beaucoup plus lourde de l'éléphant des apophyses épineuses
prolongées sur toute l'étendue de la colonne dorsale.
Les éléphans sont, comme les chevaux, sujets à avoir les apophyses épineuses, ainsi
que les corps des vertèbres soudées par ankylose. J'en po.ssède des exemples dans plusieurs
pai-ties du squelette du très-vieux sujet de Ceilan, dont il a été question plusieurs
fois dans cet ouvrage.
Le tlioras est fort rétréci à sa partie antérieure entre les extrémités humerales ; les
côtes y forment un angle droit avec l'axe horisontal du corps : elles deviennent plus
obliques ensuite ; mais ce sont les douze dernières qui se courbent de plus en plus, et
augmentent singulièrement la capacité du thorax, desorte qu'il devient plus ample que
dans aucun des autres grands quadnipèdes.
Perrault a remarqué des sinuosités en-dessus comme au-dessous des côtes de l'éléphant
qu'il a disséqué. L'auteur n'en a pas trouvé aux côtes du jeune sujet dont je donne la
description, ni aux côtes du vieux éléphant de Ceilan.
Le sternum est composé de quatre points ou éléinens osseux et d'un cartilage xiphoïde.
Il étoit presque entièrement cartilagineux ; ce qui n'a pas lieu de surprendre, puisque
Perrault les a trouvés de même dans un individu beaucoup plus âgé ; aussi ccs trois os
ne paroissent-ils pas se souder dans la suite, au moins le premier ne faisoit-il pas masse
commune avec le second dans le squelette du vieux sujet cité nouvellement. Blaii- (5) a
(i) Mèmoirti pour servir à l'hùtoire naturelle des animaux, pag. 5i6.
(•j) Huffoii, lom. XI, pag. iSî.
(3) Illrrn. of the royal Society abridged, etc., vol. V, pag. Fiôg.
(t) Mâiioires pour teivirà l'hUtoirc naturelle des animatix, pag. 545.
(5).l/<m. of the royal Society abrUïgeil, etc., \o\.\, pag. SSg.