
4 DESCRIPTION A N A T O M I Q UE
îjîeds un pouce, ctoit long de cinq pieds cpatie pouces. Un autre, mesuré en 1770, haut
de quatre pieds cinq pouces et demi, mesuroit quatre pieds huit pouces en longueur.
La femelle qu'on faisoic voir à Harlingue en 1770, avoit cinq pieds neuf pouces
d'élévation sur six pieds cinq pouccs de longueur. Celui que Perrault a décrit ctoit moins
allongé relativement à sa hauteur, ayant sept pieds et demi de haut sur huit pieds six
pouces de long (i). ¡Víais Aldrovande a pris les mesures égales en hauteur comme eu
longueur, d'après le sentiment de Goropius (a). Stukeley semble du même avis (3). En
supposant l'opinion de ces deux auteurs fondée sur des mesures moins exactes, il paroit
que le corps de l'éléphant adulte prend plus d'accroissement en hauteur qu'en longueur.
La taille des élcphans amenés en Europe, c«t, en général, très-petite: quoique transportés
fort jeunes, à l'âge de quatre à cinq ans, ils ne peuvent se développer dans cet état
de contrainte et de captivité comme dans celui de nature; le froid et la différence d'alinicns
contribuant d'ailleurs à les faire souilrir constamment. Le plus grand que nous
ayons vu n'àtteignoit pas à six pieds. Celui que Duvernoi a disséqué n'en avoit pas
sept (4). L'éléphant décrit par Perrault n'en mesuroit que sept et demi ; et les exemples
d'individus parvenus à huit ou neuf pieds sont très-rares.
Cet animal encore très-jeune présente des formes assez rondes -, mais le peu de graisse
qu'il semble avoir dans les premières années de la v i e , se perdant subitement, il lui
reste par la suite un air sec et maigre. L'individu modelé par M. Camper en 176g, avoit
alors une légère apparence d'embonpoint ; mais depuis il avoit contracté, dans l'espace
de dix ans, cet air de maigreur qui caractérisoit celui de Versailles en 1777. L'éléphant
disséqué par Blair n'avoit absolument aucune graisse. Il n'en existoit ni sur les intestins,
ni autour des reins, ni entre les muscles (5). Levaillant (C), qui doit avoir tué ces animaux
dans l'état sauvage, a remarqué qu'ils n'avoient de graisse que dans les os j d'où
il résulte que la plupart des figures d'éléphans pèchent par trop de rondeur dans les
contours ; et cela est d'autant plus à blâmer que plusieurs auteurs, comme Perrault et
Edwards , ont eu l'occasion d'examiner avec attention ceux qu'ils ont décrits.
La rareté du poil des éléphans est telle qu'on auroit dû les classer dans une division
avec les pachydermes, desquels ils se rapprochent d'ailleurs par plusieurs habitudes,
également communes au rhinocéros, à l'hippopotame, au tapir et aux cochons (7).
Aristote (8) dépeint l'éléphant comme le moins velu des quadrupèdes. Aretée, le Cappadocien
(9), en fait une laine crasseuse, expression très-juste, eu égard à l'aspect malpropre
de la peau et au tournoiement de ses poils. Ceux qu'on promène en captivité ont
assez communément les poils usés par le frottement contre les parois de leurs loges, desorte
qu'on ne peut les observer que peu de tems après la mue. L'auteur l'ut frappé de
cette vérité en voyant qu'une femelle qu'on faisoit voir à Harlingue, en 1770 , n'offroit
D' U N É L É P H A N T MALE.
(1) Mémoires pour servir <i l'histoire nalurflU des o
(2) De Qiiaàrupedibus, lib. I, pag. 45J.
(5) Essay towards, etc. , pag. 92.
(¡i)Acta Petropolit., lomo II, anni 1727.
(5) Phil. Trans, abridged by Baddam, vol. V, pag. 289.
(6) Premier voyage dans l'intérieur de I'jlfrique, in-H"., pug. 168.
(:) Celle de piéférer 3es lieux humides, de se vautrer dans lu fange c
d'exemple. Je sais bien ijue le célèbre Cuvier qualifie de pacliydejuiea le» 11
de deux à chaque pied} mais il nie semble cjue les oiigk-» du rliiiiocéio» on
pliant qu'ua 11e pense. L'abscnec du scrotum est cummuac dans tous, c^iiuiç
au mi-me endroit du corps.
(8) Hist.anim., lib. Il, pag. -79. C.
(3) DeMorbis diulurnis, lib. Il, cap. j 3 , pag. (iy.
. les eauic croupissantes pei
a;nmilùresà sabots qui eu
plus de rappoii »vpc ceux
ont plus
deVélés
placé«
5
aucune appaience de poil, lorsque le même individu en avoit d'assez longs et même
en abondance à son retour, après trois années d'absence. Cette observation-s'est confumco
par d'autres éléphans de la ménagerie du prince d'Orange et de celle de Versailles.
Le sujet de cette description anatomique en avoit si peu, qu'il paroissoit eu manquer
entièrement au premier aspect.
Pline ( i ) , en disant que ces animaux ne peuvent se défendre des mouches parce qu'ils
sont enlièrement privés de poils, ne paroît en avoir vu que dans le tems qui précède
la mue, puisqu'il ajoute que même la queue en est entièrement dépourvue. Perrault les
a bien observés, ainsi que ceux qui garnissent la trompe, et qui se trouvoient même en
assez grand nombre sur le notre." Il les compare, à justo titre , à des ciins ou à des
soies (2.).
La peau de notre individu présentoit, en plusieurs endroits, l'apparence de petits
ulcères, qui ont laissé des empreintes visibles sur le cuir tanné. Aretée (3), que nous venons
<16 citer, en a donné une bonne description. Blair (4) prenoit cette disposition pour
une maladie particulière à l'individu qu'il a disséqué; mais il y a tout lieu de croire
qu'elle est naturelle aux éléphans en général, et que la lèpre , aussi appelée éléphantiasis,
a tiré ce nom de sa ressemblance avec la peau parsemée d'ulcères, raccornie
ou calleuse des éléphans. Perrault a remarqué cette même indisposition de l'épiderme
dans le sujet qu'il a décrit, et s'est fort étendu sur cet article (5).
L'observation de Pline, comme si la peau des éléphans étoit reticuleé, et qu'elle
attiroit les mouches par son odeur particulière, paroît mal fondée. Il assure même que
ces animaux, en état d'ouvrir les cellules pour y attirer les insectes, peuvent, lorsqu'ils
s'y sont introduits, les écraser par une violente contraction (6). Stukeley semble avoir
suivi le sentiment de ce grand naturaliste sans l'avoir bien examiné (7) ; car l'auteur n'a
rien remarqué qui puisse confirmer cette assertion dans six éléphans qui se sont présentés
à ses recherches. Bien que leur peau soit fortement ridée en divers sens, ces rides ne
sont pas sillonnées assez profondément pour l'usage que Pline leur attribue; aussi la dureté
de la peau n'étoit pas extraordinaire. Elle n'adhéroit pas fortement au corps, et
l'épaisseur même n'étoit pas considérable au bas-ventre. Sparrmann , qui n'avoit observé
que le pied d'un éléphant, en a trouvé la peau moins épaisse que celle du rhinocéros
et de l'hippopotame (8). C'est bien au dos qu'elle est la plus épaisse. Cependant
les traditions de Cassiodore et d'Oppien sont exagérées, à moins qu'on n'adopte la conjecture
très-sensée de Perrault, que leurs descriptions ont été faites d'après des peaux
sèches et durcies par le retrait (9). Les observations de ce grand homme sur la contexture
de la peau sont excellentes à tous égards, et rédigées avec beaucoup de soin. Nous
avons seulement trouvé que la couleur noirâtre de l'épiderme ne s'est pas perdue par le
dessechement, comme dans le sujet qu'il a examiné ; au reste le cuir de ces grands animaux
ne paroit pas susceptible d'être préparé avec le même avantage que celui d'autres
(1) //«<. wit., Hb. yin, pag. -üc.. i-dit. Hardouin.
(2) Minioirei, etc., par Pcrraull, pag. 5ii.
(3) De EUphantiasi, üb. II, cap. i5.
{4)i'/:iV. Trans., abrid^ed by Saddam , vol. F',pag. 286.
(5) Memoires, etc., pai- I'evrault, pag. 5i6.
(6) ilUt. nat., Hb. VUI, pag. 4 io.
ij) Essay toward^s, etc., pag. 93.
(8) A. Spari nianiis , Heize nach dem Vorgebirge des Guten Hoffnung, public par G. Foi-ster k Uerliu ei
chap. 9, pag. 281.
{•j) Mimoires, etc., p«r Perraull, pag. Si;.
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