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D E S C R I P T I O N A N A T O M I Q UE
de notre autetir. II r é t r a c t a , dans un nouveau mémoire, les conjectures adressées antérieurement
à r a c a d é m i e d e Pétersbourg.
L a description de ce morceau c a p i t a l , accompagnéc de figures, se trouve dans le
tome II des nouveaux mémoires de cette illustre société ( i ) . C'est un fragment trèsconsidérable
de la mâchoire supérieure, ayant trois molaires fixées dans les alvéoles.
L'une des extrémités se termine par, deux fortes apophyses, que M. C a m p e r , d'après
l'indication de M i c h a e l i s , a pris pour les os in ter maxillaires i et comme il ne paroît aux
bords inférieurs de ces p a r t i e s , parfaitement conservées, aucune apparence d'alvéoles;
que leur étendue est trop bornée pour avoir pu loger des dents quelconquès, l'auteur
s'est i m a g i n é , qu'à l'exemple du rhinocéros d'Afrique et d'autres quadrupèdes, celui
de l'Ohio n'avoit eu que des molaires.
En consultant l'apparence extérieure de l'objet en question, on a bien de l a peme à
ne pas adopter le sentiment de Michaelis.
Le p a l a i s , rétréci vers les a p o p h y s e s , imite si parfaitement le contour de l'extrémité
antérieure d'une m â c h o i r e , tel qu'on l'observe dans un grand nombre de quadrupèdes,
qu'il faut recourir à une étude réfléchie des détails pour se garantir de l'illusion.
C'est l'invitation très-pressante de Cuvier qui me détermina ÎÎ f a i r e un nouvel examen
de cette pièce importante (2). Les doutes que ce savant anatomiste fit naître sur la position
relative du f r a g m e n t , quoique a p p u y é s d'argumens très-plausibles, eurent de la
peine à ébranler ma conviction, et le préjugé fondé sur l'autorité de mon père. Après
une forte l u t t e , je fus enfin convaincu que les o s , prétendus intermaxillaires, n'étoicnt
que les a popliyses pterygoïdes du sphénoïdal ; que les m o l a i r e s , réptitées antérieures,
d ' a p r è s l'ancienne opinion de Michaëîis, étoient évidemment les postérieures. L a partie
antérieure des mâchoires étant donc incomplète, on n'en pouvoit rien conclure contre
rin-pothèse de Coliinson, de Hunter et de Jefferson, q u i , d'un commun accord , ont
attribué ces grandes défenses à notre éléphant fossile.
J^^gg r^JiriTrlilnwMl hiiiM'illt>fi|inni^i''"'"dft îÎTB formes ; les trous situés à la partie
supérieure des o s , réputés intermaxillaires, m'avoient toujours pani en contradiction
a v e c l'ordre supposé. On voit d'autres trous à la surface interne du p a l a i s ; leurs orifices
tournés en sens contraire des apophyses, leur communication avec les trous de la partie
o p p o s é e , indiquoient le passage d'un assez grand n e r f , ainsi que son origine, trèsvoisine
de l'extrémité qualifiée d'antérieure. Mais en p r e n a n t , au contraire, ces os prétendus
intermaxillaires pour les apophyses du sphénoïdal, et rétablissant ainsi l'ordre
naturel, il est facile d ' y reconnoitre la route du nerf palatin: comparant ensuite cette
pièce fossile avec les parties analogues des plus grands quadrupèdes , je découvris ses
rapports a v e c le palais de l'éléphant.
En e f f e t , la suture mediane , qui réunit les os du palais au fond de la bouche, est
m.^rquée dans l'un et l'autre p a r des ourlets très-épais : les trous pterygo-palatins mancjuent
dans les deux espèces ; mais les nerfs p a l a t i n s , qui traversent ici l'intérieur du nez en
rameaux solitaires, composent dans l'éléphant d'Asie plusieurs filets, dont la communication
se fait avec la bouche p a r un plus grand nombre d'ouvertures : j ' en ai compté
au-delà de huit dans une téte d'éléphant de Ceiîan , et seulement quatre dans le palais
II, lab. 9.
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(1) .Voi'. AH. Acad. l'etropoUt., tomi
(2) O s i dans une Irllre <lu îS fnmair
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D ' U N É L É P H A N T M A L E . a3
fossile. Elles .=;ont très-proches du pharynx dans la dernière, et trc's-éloignées dans le
fossile. Indépendamment de cette différence, on en remarque une antre dans les dimensions
du p a l a i s , dont l'influence doit avoir singulièrement contribué à changer l a forme
extérieure du crâne. Il en sera p a r l é dans l a sirite.
Nous avons déjà remarqué que la couronne, hérissée d'une double r a n g é e de tuber-'
cules, les racines fortes et crochues des plus grandes molaires, avoient particulièrement
tourmenté les naturalistes dans l a classification des animaux auxquels ces débris a p p a r -
tiennent; mais en comparant, d'un côté, ces eminences (seulement reconnoissables
lorsque la mastication n'a pas entamé les pointes) avec les tubercules correspondans des
molaires d'un éléphant d ' A f r i q u e , avant ç[u'elles aient servi à broyer la nourriture :
considérant ensuite l a structure des parties élémentaires dans l'espèce vivante et dans la
fossile, on sera f r a p p é de l'analogie qui les rapproche.
C a r , en supposant les triangles qui composent les rhomboïdes d'une molaire de l'éléphant
d'Afrique , augmentés dans le sens des b a s e s , leurs c ô t é s , au lieu d'être irrégulièrement
ondoyans, formés p a r des courbes plus ouvertes et quelquefois rentrantes,
dès-lors les rhomboïdes se changeront en doubles feuilles de trèfle , qui caractérisent la
couronne des molaires fortement usées d e cette espèce détruite d'éléphans. Si, dès la
découverte de ces ossemens, l'on eut trouvé ensemble les défenses avec les màchelières
d'un très-vieux individu, il est à présumer que le doute auroit été levé depuis
long-tems ; mais en lisant les descriptions, en consultant les figures, en inspectant les
collections, on est surpris de rencontrer les molaires d'un si grand nombre de jeunes
individus, dont les tubercules sont à peine entamés p a r la mastication ( i ).
Il est plus difficile à déterminer le nombre des molaires que leur rapport a v e c cellos
d'autres éléphans. Cependant le fragment du crâne d'un individu de pareille espèce que
j e conserve dans ma collection, fournit des preuves certaines qu'il y en avoit au moins
trois dans chacune des mâchoires supérieures. Les dimensions en étoient fort inégales ;
c a r , tandis que les dernières ont cinq rnngccs de-pointes, on on remarque seulement
trois à celles qui précèdent. L a mâchoire inférieure, représentée par Hunter dans le \-olume
cité des Transactions philosophiques^ ne contient plus qu'une seule molaire; il est
cependant facile d ' y reconnoitre l ' a l v é o l e d'une seconde dent plus avancée. Il en résulte
que le nombre des mâchelières a dû être plus grand dans les mâchoires supérieures que
dans les inférieures.
En mesurant collectivement trois molaires d'une taille médiocre , comme sont celles
qui se trouvent dans les deux pièces fossiles citées de ma collection, il en revient pour
la série entière, c ' e ^ - à - d i r e , pour la dimension du bord alvéolaire de l a mâchoire supérieure
, une longueur de quinze pouces et d e m i , qui est deux fois plus grande que la
partie correspondante d'un éléphant de Ceilan. A cette très-grande extension des os
maxillaires, encore augmentée p a r l'étendue des apophyses pterygoïdes du sphenoidal,
répond aussi la longueur des mâchoires inférieures, qui est plus grande d'un tiers que
dans les éléphans connus (a). Mais , par contre , les alvéoles sont moins profonds ; ils
enchâssent les r a c i n e s , différemment c o u r b é e s , des molaires dans des compartimens séparés
, et non dans une fosse commune très-légérement cloisonnée.
(i)0.i n'« qu'à consulter la planche IV du loxac l.VIII Aoi Tran^iclioniphilosophiques de Londi-es, et ka
pluucl.es 1,11, m et IV des snpplémen, de Huflon, tom. V.
(a) l.a mâelioive infóviein c de Tclcphant d'Aïucrique, dwrile par Hunter dans le lame L V U I des Traru>ac-
Iwn, p'nlosop/uque,, avoit, depuis rcslrcinilù du nionto.i j.isciu'aux co.idylcs, une longueur de presque tïoii
1.U-<IÎ; laudi:, que «elle mesure »-aUciui que do.is pieds dans la uiàclioire du i>lu« g'-and ùliphant de {'enau ,„ie
)e possède. '
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