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plus utile et plus digne de paroitre sous vos auspices, il en retarda l'exécution
jusqu'à l'époque fatale qui termina sa carrière.
Héritier de ses manuscrits, j'offenserais sa mémoire en perdant de
vue la dette sacrée dont il n'a pu s'acquitter mais cette obligation,
MONSEIGNEUR, n'est pas la seule dont je suis redevable ; il en existe
une autre et plus pressante encore Ì C'est le souvenir des bontés particuhcres
dont Votre Altesse a bien voulu m'honorer; car ayant cédé au
père, durant sa vie, l'objet précieux qui vient de m^ occuper, vous daignâtes
en gratifier lefils après sa mort. T''ous en avez privé votre musée,
jadis l'admiration des plus célèbres naturalistes, pour qu'ilfit l'ornement
principal du cabinet qui m'est échu par succession.
Ces engagemens héréditaires et personnels étoient de puissantes
raisons pour vous offrir l'hommage de ma gratitude-, mais je sens,
MOSSEIONEUR, que c'est un bien foible tribut pour tous les bienfaits
dont il vous a plu de me combler, et que f a i d'ailleurs besoin
de votre indulgence pour les imperfections d'un ouvrage que mes taiens
bornés ont affoibli de moitié.
Un dernier motif cependant, plus fort que tous les autres, m'incitait
à vous dédier ce livre; je l'embrasse avec enthousiasme : c'est qu'il me
Journit l'avantage de témoigner publiquement que les malheurs qui ont
éloigné Votre Altesse et son illustre famille d'une patrie rachetée à la
liberté par le sang de vos ancêtres, ne pourront altérer les sentimens
d'estime et d'affection dont je suis pénétré, et que mes voeux pour la
prospérité de votre auguste maison ne cesseront qu'avec le terme do
mon existence.
J'ai l'honneur d'être avec le plus profond respect,
M ONSEIGNEUR,
DE VOTRE A L T E S S E,
Le i8 août ¡Son. Le tris-humhip et trv^~obtHs.sant
Serviteur
A. G. CAMPER.
A V A N T - P R O P O S .
ii»N donnant la description d'un éléphant disséqué par mon pèi'e, il y a
vingt-huit ans, je me crois obligé de rendre compte des particularités qui
l'ont fait naître, des cirfconstances qui ont retardé sa publication, ainsi
que des matériaux qui ont servi de base à, mon travail. Le second de ces
articles tiendra lieu d'apologie à l'auteur déf unt, comme le dernier servira
d'excuse pour les omissions dont je suis responsable.
L'éléphant dont il est question fut transporté de Ceilan dans la ménagerie
de S. A. S. M^. le prince d'Orange, qui, sachant combien l'examen
d'un quadrupède aussi rare importoit à l'histoire naturelle, donna
les ordres nécessaires pour qu'en cas de mort il lut envoyé sur-le-champ à
M. Camper. Ce procédé louable , qui annonce un prince ami des sciences,
mérite d'être consigné, pour servir d'exemple à tous ceux qu'une grande
élévation met à portée d'encourager les lettres.
La dissection eut lieu pendant l'iiiver de 1774, par un tems médiocrement
froid ; elle ne fut entravée par aucun des obstacles qui, en de pareilles
occasions, s'opposent quelquefois aux reclierclies des naturalistes, et fut
terminée en moins de trois semaines. Pendant cet intervalle tout fut examiné
et décrit, et un grand nombre de dessins laits d'après natiire. Dès lo
printems suivant l'auteur lit annoncer dans nos papiers publics (1), un exposé
succinct de ses principales découvertes; il promit en même tems de
publier le fruit de son travail; mais il falloit du tems pour rédiger l'ouvrage
et pour faire graver les planches nécessaires à la description des parties.
Le défaut d'artistes et les occupations nombreuses du seul graveur capable
d'exécuter une telle entreprise, causèrent un premier délai; mais il résulta
de ce retard un avantage réel pour l'histoire naturelle; car il se présenta
à M. Camper, depuis cette époque, plusieurs occasions d'examiner des
éléphans des deux sexes. Il en vit non-seulement en Frise, mais en France
et en Allemagne. Son dernier voyage en Angleterre (3) lui fournit un riche
complément d'observations importantes sur ces étonnans quadrupèdes ; desorte
que les douze années qui s'écoulèrent jusques en 1786 , ajoutèrent
singulièrement au mérite de l'ouvrage. C'est alors qu'il en refondit le plan
et qu'il régla l'ordre des matières. Il se seroit infailliblement occupé du
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(a) Lu 1785.