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56 d e s c r i p t i o n a n a t o m i q u e
quatre suivantes percoient à peine les gencives. L'observation de Daubenton touchant la
troisième molaire engagea M. Camper à s'instruire plus particulièrement de la dentition
des éléphans, lors de son séjour à Londres en 1785. Le cabinet du docteur Sheldon lui
fournit dans l'objet cité à la fin du paragraphe précédent, tous les éclaircissemens relatifs
à cet article. Le crâne représenté à la planche XVIII fait voir une iile de trois
molaires d'une grandeur trés-diiTérente mises entièrement à découvert pour en montrer
la structure. La première dent du côté droit étoit déjà tombée; les secondes seules servoient
à broyer la nourriture et quatre plaques des troisièmes se montroient déjà audessus
des bords alvéolaires : ces dernières molaires avoient encore le plus grand nombre
de leurs plaques détachées, le ciment osseux n'ayant alors réuni que les six premières.
La dentition sembloit un peu plus avancée dans les mâchoires inférieures ; on y dislinguoit
à peine, et du seul côté gauche, un reste de la première dent. Les secondes
occupoient déjà l'extrémité antérieure de la fosse alvéolaire, mais les dents postérieures
ne présentoient encore que six plaques. Il est donc confirmé par ce nouvel exemple que
les éléphans naissent avec douze dents molaires pour le moins, dont le nombre se réduit
à quatre dans l'âge adulte ou vers le terme de la vie.
En considérant la dentition de la mâchoire inférieure d'un autre sujet représenté à
la ligure a de la planche X I X , on verra une dernière preuve de ce qui vient d'être
avancé. I l y avoit ici de même trois molaires, car le vide d. n. w. qu'a laissélapremicrc
dent est encore reconnoissable dans l'objet en question. La molaire postérieure n'a aussi
que six plaques soudées en masse, tandis que les dernières sont entièrement détachées.
Le chirurgien Brookes de Londres, anatomiste de mérite, eut la complaisance de
céder cette pièce fort intéressante à feu mon père j elle se trouve aujoui'd'hui dans ma
collection.
II reste néanmoins encore un doute _à éclaircir sur le nombre des molaires de la mâchoire
supérieure que l'auteur a cru s'étendre à huit. Comparant, en effet, la taille de
l'éléphant décrit par Perrault, ou se trouvent, y compris les germes découverts par
Daubenton, encore six molaires, avec la grandeur de celui dont la tête- est conservée
dans le cabinet de M. Sheldon, qui présente, au moins du côté gauche, une suite de quatre
machelières, et faisant attention que ce premier étoit beaucoup plus âgé que l'autre, il
faut en conclure qu'il devoit avoir perdu déjà deux molaires à une époque beaucoup
antérieure. On observe par contre que deux molaires avec le reste d'une troisième dans
les mâchoires inférieures des planches XVIII et X IX ( figure 1 ) ; desorte qu'il en résulteroit
que les éléphans naissent avec quatre molaires rangées à la file dans chacune des
mâchoires supérieures, et avec trois autres dans les mâchoires inférieures.
On ne pourroit cependant sans inconséquence attribuer quatorze molaires aux éléphans
comme si c'étoit-là leur véritable nombre, puii^qu'il n'appartient qu'à l'âge le
plus tendre, et l'on compteroit, avec le même droit, neuf molaires dans chaque mâchoire
des solipèdes, au lieu qu'il ne s'en trouve réellement que six. La comparaison du
volume des machelières avec la profondeur des mandibules dans ces deux difi'érens
genres de quadrupèdes prouve assez que l'échange ne pouvoit avoir lieu do la même
façon; car dans les solipèdes, l'homme et d'autres mammifères, les dents sont renoureliées
par des germes placés en-dessous des premières et contenus dans les mêmes
alvéoles ; au lieu que l'éléphant a les mâchoires difFéremmont constituées et d'une profondeur
si peu considérable qu'il a fallu d'autres ressources pour atteindre au même but.
Ici les germes se suivent à la file dans la direction d'un arc de grand cercle; ils sont
poussés, non pas en ligne pei-pendiculaiic de haut en bas ou de bas en haut, mais
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presque horisomaloment dans une même fosse alvéolaire commune à toutes, et n'étant
sépaiés que par des cloisons fort minces. Pour concourir à cette fin, la nature a modifié
la structure des molaires desorte que les anciennes dents fussent en état de céder la
place à mesure que l'accroissement des nouvelles exigeroit un plus grand espace pour
les contenir : elles furent composées, pour cet eiTet, d'élémcns similaires dont chacun
représente une dent partielle toute complète et munie de sa substance émailleuse et osseuse,
ayant des racines ouvertes pour le passage des vaisseaux et des nerfs ( i ) . C'est
du nombre de ces dents partielles soudées collectivement en masse, que dépend la
grandeur relative d'une molaire , diil'crente suivant le rang et la place qu'elle occupe
dans les mâchoires supérieures et inférieures; toutes, excepté les quatre dernières,
jombent par couches à mesure qu'elles débordent l'extrémité antérieure des alvéoles; et
ce ne sont pas seulement les racines qui s'évanouissent à celte époque, mais le ciment
osseux qui réunit les plaques, perd sa consistance en même tems; de sorte que, privées
de l'appui et de la cohésion nécessaires, ellesscdéhtentpour êirerejettéespar la bouche.
C'est ainsi que le développement des germes opère la destruction des molaires qui ont
précédé; et ce lent accroissement suffit, durant la très-longue vie des éléphans, à réparer
la perte des organes usés dans la jeunesse.
Pallas (2) avoit décrit la dentition des éléphans sans avoir observé le nombre précis
des germes destinés à remplacer les molaires de première venue; mais il a parfaitement
connu le caractère qui les distingue. Les racines plus crochues et distantes les unes des
autres des premières dents different essentiellement de la base solide et compacte qu'affectent
les racines des dents postérieures.
Daubenton (5) a reconnu que les premières molaires de l'éléphant du Congo avoient
sept plaques à la mâchoire supérieure et les secondes neuf. Le germe de la troisième
n'en présentoit que six ou sept. Il n'étoit resté que trois plaques aux premières dents de
la mâchoire inférieure , et les secondes en avoient neuf ; mais aussi remarque-t-il, avec
raison, que le nombre d« ces plaques n'est pas constant.
Notre jeune éléphant de Ceilan avoit de même sept plaques aux molaires du premier
rang dans les deux mâchoires ; elles ne peuvent cependant passer pour entières, ayant
déjà souffert quelque déchet à leurs extrémités; mais on ne sauroit compter le nombre
des suivantés qui sortent à peine de l'alvéole.
La molaire antérieure de l'éléphant représentée à l a figure 2. de la planche X I X a
quatorze plaques, ainsi que le germe postérieur : cet individu étoit un peu plus grand
que celui que l'auteur a disséqué. On voit par conséquent que le nombre de ces plaques
varie dans les sujets de la même espèce, et qu'il n'augmente pas dans un ordre
suivant la place qu'occupent les molaires.
La mâchoire d'un vieil éléphant de Ceilan représentée à
la figure 6 de la mémo
planche, ainsi que celles d'un autre, planche X I I Î , figures 4
;t 5 , sont garnies d'imiont
menses molaires qui on occupent presque toute la longueur, et
composées au moins
de vingt-deux à vingt-quatre plaques reconnoissables.à la cour
Le nombre de ces plaques ou lames n'est pas plus constant dans les molaires fossiles
du véritable mammouth que dans celles de l'éléphant des Indes; desorte que l'opinion
du célèbre Cuvier (4) souIlVe des excoj)tions et ne sauroit établir une règle constante. Je
(l) J"ui suivi eu paitio rexoflleiUe (Icsciijitiou du citoyen Cuvier, telle qu'.
moirr sur le» espèce» d'ètèphans vimnles cl fossiles.
(•j) v'oycï la pagu lo du cilc i la note précédente.
(S) HuHou, toiii. X I , pug. i3i.
(4) Mémoire sur les espêi.x4 U'élèphaw vivantes et fosailes, pag. 16.
re à la page 1X ilo suu Mem
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