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grande quantité de sang que le côté opposé, on en pourroit conclure que l'éléphant s'est
jeté sur la droite avant de m o u r i r , et qu'il est resté quelque tems dans cette position.
Les différentes opinions des anciens sur la forme du c oe u r , ainsi que sur la présence
d'un os contenu dans l'intérieur de ce viscère, rendoient l'examen de cette partie extrêmement
intéressant. Du tems de Galien, on se disputoit pour savoir si le coeur de l ' é -
lépliant avoit une ou deux pointes ? S'il y avoit deux ou trois ventricules ? Ce grand
anatomiste nous a p p r e n d combien il fut empressé à vérifier ces doutes à la mort d'un
très-grand éléphant. Il prétend avoir trouvé l'os du coeur sans difficulté, au seul attouchement
, et que ses amis s'en étoient convaincus de même ; mais que sa structure ne différoit
d'ailleurs en rien du coeur des autres quadrupèdes. " Cet os, dit-il, d'une grandeur
" très-considérable se consei-ve encore chez nous, et il faut s'étonner que les médecins
« n e l'aient pas connu ( i ) . »
Stuieley (a) semble douter qu'il y ait un os à l'origine de l ' a o r t e , comme dans le cerf,
mais il ne s'en est pas assuré positivement.
Moulins (3) a nié qu'il se trouve dans la cloison du c oe u r , mais il auroit dû le chercher
dans la base de l'aorte. Blair (4) a seulement observé le polype dans le coeur du
sujet qu'il a disséqué; mais ü a négligé de rechercher l'os en question. Perrault (5) affirme
qu'il ne se trouvoit pas dans le c oe u r , quoique l'éléphant eut déjà atteint l'âge de treize
Le doute encore subsistant sur l'article que Galien avoit si positivement affirmé, engagea
M. Camper à examiner soigneusement les parties qui pouvoient en contenir, et
ses recherches ont prouvé qu'il n ' y avoit même aucun vestige de cartilage au bas des v a l -
vules semi-lunaii-es de l'aorte. Mais comme on auroit pu objecter que l'extrême jeunesse
de notre individu étoit la cause que cet os n'étoit pas encore formé chez lui ; l'autem- disséqua
les coeurs de jeunes veaux âgés seulement de six semaines. II s 'y trouva effectivement
des cartilages parfaitement analogues à ceux des boeufs adultes, ce qui prouve
suffisamment que l'éléphant bien consti tué n ' a pas d'os dans le coeur. Car les cartilages
auroient dû se présenter dans le sujet que je décris, et sur-tout des os déjà formés se seroient
trouvés dans l'éléphant plus âgé de Perrault.
Il e s t , en v é r i t é , surprenant que Galien ait p u se tromper à cet é g a r d , à moins que,
p a r un vice de conformation, il n ' y ait eu une véritable ossification dans le sujet qu'il
soumit à ses recherches ; car il est démontré que les modernes n'en ont jamais rencontré.
Le seul Aldrovande (6), qui a t i r é ses observations d'autres a u t e u r s , adopta la décision
de Pline sans la mettre en doute.
D u v e m o i ( 7 ) , en niant la présence du p é r i c a r d e , semble s'être trompé pour avoir
défiguré cette p a r t i e , en séparant le diaphragme avec imprudence ; car cette poche
membraneuse n'étoit pas seulement assez épaisse dans notre individu ; mais elle contenoit
du la sérosité en abondance. Aussi l'auteur cité doit avoir lui-même douté de sa
méprise, puisqu'il rapporte une observation contraire de Moulins. Les dimensions du
coeur qu'il a fait s u i v r e , paroissent prises avec beaucoup d'exactitude. Au r e s t e , les
petites glandes qu'il a observées à la membrane interne des ventricules, ne se sont pas
trouvées dans le sujet disséqué p a r M. Camper.
(1) De Ana lome culm., lib. VII, cap. 10.
(2) Essay towards, etc., pag. 99.
(3) Harlenfelss, Elepltanlugraphia curUna , part. I , cap. 8.
{i)Mem. of the royal Society abridged, etc., \o]. V,-pufi. 3o i.
(5) Mémoires pour servir á I'hintoire naturelle dee animaux, pag. 531.
(6) üe QuatîrujKd., lib. / , pag- 43 ' •
{•!)ActaPetrcp., torn. I I , pag. 388, ami. 1737.
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Le péricarde de l'éléphant examiné p a r Perrault ( 1 ) adhéroit au diaphragme ; il étoit
percé de petits trous qui ne se trouvoient pas dans le nôtre ; mais ses observations sur la
forme des poumons sont conformes à celles de notre sujet.
Le coeur n'avoit qu'une seule artère coronaire, mais elle se divisoit en deux branches
fort près de l'aorte. Le canal thorachique prenoit son origine aux environs des vaisseaux
céliaques et mesenteriques. C'est ici que plusieurs ramifications naissent d'une glande
assez considérable. Il s'élève ensuite le long de l ' a o r t e , et se fléchit vers le côté gauche
pour se déboucher dans la veine de la patte antérieure, ainsi que cela s'observe dans
tous les quadrupèdes qui n'ont point de clavicule.
Duvernoi prétend n'avoir trouvé qu'un très-ample vaisseau lymphatique au lieu du
canal en question. Son épaisseur, égale à celle de la veine jugulaire de l'homme , admettoit
facilement le petit doigt ; mais il assure qu'il n ' y avoit aucune valvule dans toute
l'étendue de ce canal, qui aboutissoit d'ailleurs à la rencontre de la veine jugulaire avec
l'axillaire du côté gauche. Il semble n'avoir pas trouvé les vaisseaux lactés ni les glandes
du mesentère, et paroît même douter de leur existence (2).
(1) Mémoire) pour servir à Vhistoire naturelle des
(2) AataPetrop., tom. I I , pag. 3^9 et S5o, ann. 17S7.