
0 DESCRIPTION A N A T O M I Q UE
ciiiadrupède. ; car, csposio pondant trois années dans une tannerio, la peau est restéelisse
et perméable à l'humidité, comme celle des cochons.
La couleur des cléphans varie du blanc au noir, par des nuances plus ou moins marquées.
Ceux qui habitent P Afrique semblent néanmoins d'une teinte plus foncée que ceui
d'Asie. Aretée, le Cappadocien, comparant lent noirceur à l'obscurité de la nuit,
ajoute qu'elle rappelle même les idées lugubres de la mort(t). Ceux qu'on trouve aux
Indes sont moins foncés, d'un gris noirâtre, bigarrés et quelquefois blancs. Mais ces derniers
sont extrêmement rares, et tellement estimés qn'il n'y a que des souverains du premier
rang qui puissent en faire l'acquisition. On a vu même des éléphans blancs divinisés
après leur mort ; et Suplj cite (a) l'exemple d'un roi de Siam qui fit ériger une stattie et
un mausolée à l'honneur d'un éléphant blanc, auquel on faisoit des sacriBces et rendoit
un culte annuel.
La grandeur des éléphans n'est pas plus constante que les teintes de leur peau. Les
anciens paroissoient d'opinion que ceux d'Asie, et sur-tout ceux de l'île de Ceil an ,
étoient d'une taille plus avantageuse que ceux d'Afrique; maisles observations des voya-
-^enrs modernes, recueillies par des écrivains dignes de foi, .s'accordent à donner la
même taille aux éléphans des deux continens. Au moins ceux qui se trouvent répandus
dans les forêts de la partie orientale de l'Afrique, inconnue aux anciens, ne le cèdent
pas à ceux d'Asie pour la grandeur.
iVIais on ne s'accorde guère sur les limites de cette grandeur; l'incertitude s'étend même
à plusieurs pieds. Tandis que des auteurs ne donnent que douze, quatorze ou quinzepieds
aux éléphans, il y a des voyageurs qui prétendent en avoir vu de dix-neuf pieds (5) ; cependant
ces cas doivent être, sinon uniques, du moins fort rares. Bosman (4), Adanson (5),
Stulceley(6), Levaillant(7), se bornent à la mesure de donze à treize pieds, et Wolfs cite
les pins grands cléphans comme peu communs à Ceilan : le prix en augmente à mesure de
la longueur et de l'égalité des dents, ainsi que de leur rapport au volnme de l'animal (8).
Il paroit d'ailleurs que la taille des éléphans est fort sujette à varier sur les deux continens
, indépendamment de l'âge des individus. Marcellus Bles dit en avoir vu à Ceilan
dont la taille n'excédoit pas celle d'une geuisse ordinaire (9). Cette expression pent être
exagérée, mais ne laisse pas de gagner quelque crédit, lorsqu'on compare deux mâchoires
inférieures de très-petits éléphans, déposées à Leyde dans le musée du professeur
Btugmans (to), avec celles d'un éléphant presqu'adulte : on y remarque , en faisant
attention aux progrès fort avancés de la dentition, les signes non équivoques d'un âge
qui semble incompatible avec la petitesse des formes. Mais ces exemples ne méritent
qu'une légère attention, et pourroient bien n'être que des jeux de la nature, qui, dans
toutes les espèces, se plait à former des géaus comme à produire des nains.
(1) De ElephantitH, png. 68.
it ouvert an fori Saint-George, adrtaéea au premier chirurgi
dii fort Saint-David, eii irì5.
rSIW E -lealzAìi, Epistola de 8ceUloeUplMntinoTonncenupereJfosso,
^ ' _ , „ . , - . „ ., .1.. I ir „/. ^ . _
(i) Béachryving van de Gainae GoudkuH, detl II, pag. 34.
((,6S)) iVîwoayja-g teo awua rSdéin, éegtacl.,, ppaagg.. 92.
(7) Premier voyage daru Vintérieur de l'Jfri^ue , inS'., pag. 169.
(8) Uii ¿Icpliant haut a»-(3eli de »¡x aunes, ayanlde belles défends, :
llialci-. Reise rutch ZeiUin, pag. 11 p.
ial BiifTon, IlUloire NaturelU de» fjuadrupède4, Suppleoeen.s, torn. VI, pag. 38.
5 vend quelqueroLs deux mille cinq 01
.0) Ce nalur.U.l« célibre m-avoil promis une description avec k, incsurc de ces mâchoire», mais il paro.t
cil avoir Ole cmpèchc par les occupalioiis pressantes de la piofeesion <ju'i! remplit.
D ' U N É L É P H A N T M A L E . ;
1 1 .
Des yeux et des oreilles.
LES auteurs ont assez génc^ialement critiqué la petitesse des yeux tie l'éléphant: Oppien
(i) Tavoit déjà remarqué; Daubenton (a), en puisant ses observations dans Perrault,
ajoute que le globe de l'oeil n'a pas un tiers du diamètre de cet organe considéré dans
le boeuf, lorsqu'on a égard à la grandeur relative du corps de chacun de ces animaux.
Vartoman, qui les a comparés à ceux d'un cochon pour la couleur et la grandeur, a été
suivi par Strachan (5).
Les yeux ne sont pas grands, relativement à la tête des éléphans ; mais bien fendus
et très-animés. BulTon (4) a parfaitement dépeint leur vivacité, le brillant ainsi que l'expression
de leurs mouvemens: on sait d'ailleurs que les organes des sens ne sont jamais
proportionnés à là grandeur du corps. Dans tous les grands mammifères, comme sont
quelques pachydermes et les cétacées, le globe de l'oeil ne sauroit être proportionné à
la taille colossale de ces animaux ; et ce ne sont pas les organes destinés à la vue seule,
mais la masse entière du cerveau, par conséquent la source commune de tous les sens,
dont le volume n'accroît jamais au-delà de certaines limites.
Aristote (5) s'est trompé en disant que l'homme seul avoit des cils à la paupière inférieure
; car l'éléphant en a de très-visibles aux deux paupières ; cependant ceux de la
supérieure sont plus longs et plus épais. Perrault (6) avoit déjà relevé cette erreur, en
citant le singe, l'éléphant, l'autruche et le vautour comme preuves du contraire ; c'est
donc par quelque inadvertance, ou par quelque faute d'impression, que Daubenton {7)
a interverti le sens de Perrault, dont il rapporte les mesures précises.
Les oreilles sont triangulaires et fort grandes, ainsi que Perrault (8), Buffbn (g) et
d'autres l'ont remarqué. L'auteur s'en est convaincu par l'inspection de plusieurs éléphans.
Aretée, le Cappadocien (10), dans son style hyperbolique, les compare à des
ailes qui descendent jusqu'au bas de la poitrine. Elles masquent, dit-il, le cou et les
bras, de même qu'un vaisseau paroit caché derrière l'étendue de ses voiles. Petrone
(11) en a été offensé de même ; mais le seul Oppien ( n ) » plus complaisant à cet
égard que les autres, les a trouvé petites : on a lieu d'en être surpris, lorsqu'on fait attention
à l'observation de Perrault, dans la description de l'éléphant du Congo ; car
leur ayant trouvé trois pieds de long sur deux pieds de large, il s'ensuit qu'elles
sont comparativement deux fois plus grandes que celles des ânes. Sparrmarm {i3} les
(1) Cyneg., vere. 5io.
(2) B..nbn,tom. XI, pag. gy.
(3) Slukelcy, £sear iowardt, etc., pag. gS.
(-i)ïom. XI, pag. 5o.
(.5) fiUt. anim.,lib.II,cap.B.
{6) Mémoires pour servir « l'histoire naturelle dee animaux, pag. 5i2 et 5i3.
(') Buffoii, tom. XI, pag. io5.
(8)Mémoire>,etc.,f^S. 5o8.
(9)Toin.XI, png.Sv.
(\o) De ElepfutntiaA, hh.II, cap. \o, pag. 68.
(Il) P. IVtiti, Comment, in sei-imdum Aretoei Cappaioois librum, de Morbii àiulumis,pag. 218.
(l'j) De Fenalione, lib. I l , vers. Sig.
(i3) Reiaenachdem vurgebirgt des Guten-Hoffhung , pag. ïS-i.