
ï D E S C R I P T I O N A N A T O M I Q UE
grand livre de la n a t u r e , de cette intolligence supri-rrre i p ' o n ne cesse d'admirer dans
toutes ses productions.
Le vaste corps de Félépliant, porté snr des ostrcmitcs proportionnées ù sa pesanteur,
ainsi qu'à son volume, soutient une tête munie d'immenses leviers, capables de renverser
des obstacles qui nous paroissent inébranlables. Ce som ces dénis énormes, longues souvent
de huit pieds, ot qni pèsent de, qnimaux ! Etant iixée.à l'extrémité des mâchoires
supérieures, elles chargent tellement le crâne qu'il anroit été impossible à l'animal de
soulever sa t é t e , si elle eût été artienlée snr des vertèbre, cervicales d'une grandeur
ordinau-e. En vam la nature auroit-clle cherché dans ce cas des pnissanees capables de
régir cette lourde masse et de vaincre la résistance des corps frappés par ces leviers il
nne si prodigieuse distance de leur point d'appui ! Il a fallu d'ailleurs, pour broyer des
alimens plus grossiers, des molaires d'une structure particulière, des espèces de meules
d u n e grande dureté et d'un poids considérable ; enfin, de. muscle, charnus et robustes
pour le mouvement des mâchoires. _ Qu'est-il arrivé? Les vertèbres dn con out été
tellement racconreies qu'à l'extérieur il n'en paroit aucun indice ; ainsi la téte chargée
dn poids excessif de ces dems monstrueuses se trouve presque immobile à l'extrémité de
la colonne dor.sale, à peu près comme la téte des poi.ssons a été fixée snr leur thorax
La tête de l'éléphant soulevée de terre ot portée à la plus grande élévation de l'épine
avert besom d'un organe partienlicr qni f u t en état de suppléer au défam dtaie pouvoir
.aisir le. objet, à fleur de t e r r e , ou d'étancher la soif son. le, dimats b r û l a » de la zone
torride. Cet organe, que le Phne de la France ( i ) a si heureusemem comparé à un triple
JUS, c'est la trompe qui en remplit le. fonction, merveilleuse, : elle sert non-seulement
de marn pour prendre les alimens de t e r r e , mai, jouit d'une force étonnante, eu mémo
tems que d'une flexibilité sans égale.
Tel se présente, en pen de mots, ce colosse de matière animée, q n i , pour dilTérer
.1 essentiellement de la forme commune dn pins grand nombre des quadrupède,, ne
laisse pas que d ' é m aussi b e a u , aussijiarlàiLdan, .on genre qno ton. les antres animaux
auxqaiîls nous somme, accoutumé, de donner la préférence. La nature n'ayant consulté
dans ses productions que i'ntile, il faut chercher la beauté de, formes dan, le plus grand
avantage des membre, relatif à leur desunation rc-eiprotjue (2).
La proportion des extrémités n'est pas cooetante à différentes époques de la vie des
élépliaris. l i e n résulte que les écrivains, les peintres et les statuaires, tant anciens que
modernes, n'ont pas été d'accord sur cet article. Aristote (3), Elien (4), Oppicn (5)
ont avancé que l'avant-train étoit pin. élevé que eelni de derrière. Wolfs (6) a observe'
la même chose pour les éléphans de Ceilan ; mai. Strachan (7), au contraire , ainsi que
Perrault (8) et d'autres, se sont imaginé, que cette conformation dépendoit d'un caractère
spécifique.
Le. figures qni se trouvent dans BnlTon au tome X I ' . , et dan, les supplémens an tome
V r . , s'accordem avec les description, d'Aristote, d'Elicn et d'Oppien, tandis que celle
(i)Buiroii,tomBXf,page53.
(3) L'auteur eu a divetoppé les preuves daus un discours prononcé iFacadémle de dessin d'.Wterdara en i-8î
el traduit eu frsneoîa par D. B. (JuaUemère d'tsjonvat en . 791.
(-1) .-Kltanns , iTe , «¡1. yp-, wpTSY,-pag. soi.
(5) Cyneg., lib. i r , ,.ers. 335 ei 3ï6.
(6) J. C. Wotti, iïeise nodi Zeilan, pag. 106.
(7) Cité par StutLeley, issnj. i/« amiton^y u/a„ «««.1723.
(8) Mémoires déjà eiles, pag. 5o5.
D ' U N É L Î P H A N T M A L E . 3
donnée dans le tome III'. des supplémen. est conforme à l'avis des autres. La figure
pubfiée par Gesner(t), quoique très-mauvaise, présente l'avant-train pins élevé que
celui de derrière; colle de Johnston ( i ) ne décide pas la queMion, en présentant l'animal
de profil, difleremmem de ce qu'on voit en d'antres positions.
L'éléphant modelé par l'auteur défuM, en 1769, avoit la tête moin, élevée que le
mihen du dos. Le, extrémités antérieures étoiem de même longueur que les postérieures.
Le rajet de la description qu'il me reste à donner avoit les même, proper •tiens. Il re.s.embloit
par con.éqnem à la figure publiée par le comte de Buffon, au tome I I I ' . des
supplémen,. IMais le contraire avoit lieu dan. un éléphant des.iné par l'auteur à la
menagerie de Versailles, en ,777. La , S „ «voit p l „ , d'élévation que le dos, et le train
de devant excédoit celui do derrière en hauteur ; aussi l'éléphant modelé en 1769, dont
Il a été fait mention, ayam passé dans la ménagerie de Cassel, avoit changé de proportions
dan, re,space de dix années, de sorte qu'il ressembloit alors à celui de Versailles
Il est aisé d'en conclure que le changement des forme, doit être attribué à la différence
de l'âge. La même chose à lieu dans l'homme et dans nn grand nombre de mammifèresle
tronc et la tête sont proportionnellemem pins grands dan. le. enfan. que dans les
adultes ; les extrémités », développem plus t a r d , et n ' a r r i v em au terme d'accroissement
qae dans l'âge de puberté. Les carnassiers, comme tous les mammifères allaités dans
des tanmère. ou dans des réduits cachés, sont dans le même cas ; an lieu qne le plu,
grand nombre des herbivores, qui snivem le. parens.dès la naissance et n'ont point
d abr, fixe, ont à cette époque les extrémités trop longues pour la taille du corps. Pour
ces premiers, la mère est obligée de se coucher ponr les nourrir, au lieu que, dans ce,
derniers, la mère et le. petits doivem se tenir debout pendaM que les rlerniers tettent.
Le , r am de devant est naturellement plus élevé qne celui de derrière dan. ton. les
quadrupèdes chargé, d'une grosse t é t e , dans ceux qui portent des cornes, ot qui ont
d aifleurs le eou fort allongé. L'attache des ligamens et des muscles nécessaires â soulever
la tete ex.geoit pour eux de longues apophyse, sur les vertèbre, dn thorax oui constituent
le g a r ^ t ; ain.i l'éléphant, qni de tous le. qnadmpédea a la tête la p „ ^ an e
et dont le poid. augmente avec l ' â g e , à me»,rc qne les dent, s'allongent, avoit fe j Z
grand besom d'apophyses épinenses trè.-allongées, afin que le, ligamen et les mn,dê
eervieaux passent lasonteuir avee p l . s d'avamage. Sa colonne dorsale, exhaussée Î
gravite de la t e t e , et a le faire tomber dans la base des pieds de devant
d un elephant décharné pris avee les mâchoire, inférieures, sans y comprendre le,
de en e s , p c e au-delà de deux cents livres; qne le poid, de, défense; peut monter au
del de quatre cenjs livres; que celui de la trompe avee le. museles, t L t e s les par iês
molles et h q n . d . s , doit afler au-delà de cent cinquante livres. Un f a r i a u aussi énorme
changement, suivant la diversité de l'âge. Celui que l'auteur a disséqué, haut de quatre
(i) Conr. G«ncri, HUt. anirn.. Ion. I,pag. S,.
(5) inilou, ^ . J y i C ^ X X L T Z :