
LE FRAISIER
I
Les fraisiers {Fragaria) (1) sont u n des g-enres les plus naturels
de la g ran d e famille des Rosacées. Leur caractère botanique
distinctif consiste en ce que le réceptacle des carpelles, dont
l'ensembie constitue le fruit (2), y devient ch a rn u et succulent,
les carpelles eux-mêmes re stan t secs et semblables à des graines,
c’est-à-dire passant à l’état d ’akènes. Au point de vue de l’h o r-
tioulture, c’est ce réceptacle lui-même qui est considéré comme
le fruit.
Tous les fraisiers s o n t herbacés et vivaces, et leu r tig e dépassé
(1) L'introduction des fraisiers d ans ie s jardins est tonte moderne; do moins aucun
document n e fait supposer qu’elle soit antérieure au d ix-septième siècle. On n e cultivait
encore sous LouisXIV que le fraisier d es bois et sa variété à fruits blancs. Quant aux
anciens, on p eut dire qu’ils ont à p e in e remarqué le s fraises, car on n e trouve d indications
certaines sur ces fruits que dans un petit nombre de passages de V irgile e t de
Pline Pour ce dernier écrivain, le mot f r a g n m s’appliquait également au fruit de
1-arbousier ( Arhutus Vnedo ) e t à celui du fraisier ; mais il le s distingue en donnant à
l ’un d’eux l ’cpilhètc de tm-estre, par opposition à l’autre, qui é tait produit par un
arbre. 11 n ’est pas douteux n on plus que ce ne soit bien la fraise que Virgile a eu e en
vue dans ce vers :
Qvü legitis flores e t liumi n a sceu tia frag ra .
(Bue. IV, vers 92.)
(î) C’est un fruit apocarpé, c'est-à-dire formé d’un certain nombre de carpelles qui
restent d istinc ts e t non poin t soudes le s uns aux autres, comme par exemple ceux
des fruits à pépins. On pent revoir dans notre M m m l d e l'amaleur des ja r d in s , tome I,
p. 303, ce que nou s avons d it de ces sortes de fruits.